jeudi 20 novembre 2008

Atelier de traduction de littérature enfantine avec Marta Lacomba, séance du 18 novembre

En photo : Caroline se permet une illustration… en espérant que cela correspondra à l'idée que vous vous faites de Shola


Shola et les sangliers

Un jour monsieur Grogo rentra à la maison l’air très préoccupé. Il s’assit dans le fauteuil en rotin et soupira profondément. Il était dans un état lamentable, déplorable, intolérable et insupportable.
— Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Pourquoi t’es-tu écroulé si lourdement dans le fauteuil ? C’est vrai que tu t’es écroulé comme un sac de patates ! lui dit Shola, la petite chienne. Parce que bien sûr monsieur Grogo ne s’asseyait pas comme ça d’habitude. D’habitude, monsieur Grogo s’asseyait comme il faut, calmement et élégamment.
— Écoute Shola, je vais te dire deux choses, répliqua monsieur Grogo un peu énervé. Premièrement je ne me suis pas écroulé dans le fauteuil et encore moins comme un sac de patates. Pour ta gouverne Shola, sache que je me suis laissé tomber parce que mon corps se sentait très las et ne demandait qu’une chose, se laisser tomber.
— Je suis absolument éblouie par ta façon de parler. Tu parles comme un livre, lui dit Shola pour détendre l’atmosphère.
— Et deuxièmement, poursuivit monsieur Grogo, sans faire attention au compliment de Shola, tu dois savoir que j’ai laissé tomber mon corps sur ce siège si inconfortable pour la simple raison que tu as décidé d’occuper le fauteuil le plus confortable du salon. Sors-toi de là et tu verras avec quelle légèreté je suis capable de m’asseoir. Qu’en dis-tu ? Ai-je répondu à ta question ?
— Non tu n’y as pas répondu, dit Shola sans bouger d’un pouce. Comme l’avait fait remarquer monsieur Grogo, elle était affalée de tout son long dans le fauteuil le plus confortable du salon.
— Tu ne m’as pas encore raconté ce qu’il t’arrive.
Cette fois il n’y eut pas de réponse, parce qu’au lieu de répondre, monsieur Grogo attrapa le journal et se plongea dans la lecture d’un article long et difficile. Il avait l’air vraiment préoccupé et assez fâché. Mais au bout d’un moment, quand il eut fini l’article et se mit à préparer le dîner, il oublia sa colère et avoua à Shola toute la vérité : ce qui lui arrivait, pourquoi il était dans un état aussi lamentable, déplorable, intolérable et insupportable.
— Je dois aller chasser le sanglier, on m’a invité ! dit-il en poussant de longs soupirs pendant qu’il jetait dans la poêle les pommes de terres coupée et épluchées.
— Chasser le sanglier ! dit Shola en descendant de son fauteuil et en s’approchant de la cuisine. Elle aimait beaucoup l’odeur des frites et encore plus leur goût.
— Chasser le sanglier, en effet ! confirma monsieur Grogo. Et moi, je n’aime pas du tout la chasse ni les sangliers.
Cette fois, Shola décida de se taire parce qu’elle ne voulait pas distraire monsieur Grogo. Faire de bonnes frites n’est pas chose facile et le cuisinier doit rester concentré. Quand les frites et le reste du dîner furent enfin sur la table, Shola revint au sujet qui la préoccupait. Elle s’était postée stratégiquement sous la table.

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