vendredi 7 novembre 2008

Mes premiers pas d'apprentie traductrice : Brigitte

Petit « pot-pourri à la diablesse », clin d’œil à ma façon.
Après cinq semaines de marathon versionesque et moultes devoirs de vacances, Tradobordo s’est converti en Tradoadicto…
Le démon de la traduction se serait-il emparé de moi ? Priez pour moi Saint Jérôme*
Encore un long chemin à parcourir, certes, mais quel régal…

Il n’avait pas neigé cet automne-là à Pessac, chose assez rare pour qu’on s’en souvienne.
Peut-être était-ce la folie qui m’avait poussée à traduire. Peut-être la folie. Mais moi, je disais que c’était la culture.
Et si je n’avais pas quitté mon appartement mal fichu et vieillot, si je n’étais pas rentrée dans cette Tour de Pessac pour aller en salle H 118, rien de tout cela ne serait probablement arrivé, personne n’aurait perdu la tête et les secrets de la traduction seraient restés sous clef usb ou dans le mini coffre à la pomme nacrée de Doña Carolina, accrochée à sa souris telle la capitaine au gouvernail de son navire. Belle image.
Et telle Roseta, je serais restée dans mon minaret, derrière ma maudite Reja… ou, comme Monsieur Grogó et Shola, j’aurais sans doute préféré rester affalée sur mon canapé …comme un sac (à patates ?)
Et je ne pouvais m’empêcher de me poser les questions que tout lecteur impatient se pose sans doute déjà : mais que faisait donc une pauvre diablesse comme moi sur le Pont Aérien euh… la route Sarlat Bordeaux, quelles raisons me conduisaient vers la capitale du royaume d’Aquitania et pourquoi je décris de manière aussi circonstanciée le plaisir auquel se soumettent quotidiennement les apprentis traducteurs…
A cela je répondrai que c’est précisément à Burdigalia que débuta l’une des aventures les plus motivantes, les plus stimulantes et, pour qui saura tirer profit de ce récit, l’une des plus édifiantes de ma (longue) vie. Mais prétendre que tout avait commencé en septembre serait faire outrage à la vérité, car les tout premiers évènements s’étaient produits il y a déjà bien des années, date à laquelle, par pur souci de la rigueur chronologique, je dois faire remonter le début de mes tribulations.
Un jour, le médecin avait dit sèchement à ma mère :
- Madame, votre enfant souffre d’une maladie très grave : la traductionnite.
Je me souvenais de ces mots en les confondant et en les mélangeant. Peut-être ne les avais-je jamais entendus, peut-être était-ce pure invention de mon cerveau, quand la fièvre de la traduction montait au cours de mes crises aiguës.
- Nous ferons en sorte que ses fonctions organiques se maintiennent par un système complexe d’auto nutrition : une version et un thème chaque week end et des devoirs de vacances à satiété, a todo correr, a todo saltar, a todo correr…
Et, depuis ce jour, je suis incapable de distinguer quels évènements font partie de mon délire et lesquels appartiennent à la réalité.
Alors, je saisis ma traduction longue entre mes bras, et je me mets à danser avec elle (…) elle se laisse guider à merveille. Aucun danger qu’elle me marche sur les pieds. Jamais elle ne ferait un faux pas. C’est la partenaire rêvée - pas comme le commandant Filippo qui, soit dit en passant, n’y voit goutte depuis sa récente opération de la cataracte -…
Et je sors sur la grande terrasse et passe ma traduction par-dessus les balconnières, avec la sensation savoureuse de jouer avec le feu, avec la sensation que si elle m’échappe, du haut de mon minaret,…de ma Tour de Cristal, ma vie va sérieusement se compliquer.
A plusieurs reprises je la tends au-dessus du vide pour revivre cette sensation, et à un moment, un coup de vent si fort et inattendu manque de me l’arracher des mains et de la projeter vers les arbres de l’Esplanade des Antilles…
Et je rentre avec cette satisfaction que provoque la montée d’adrénaline.

A suivre…

*Patron des Traducteurs (et des apprentis aussi !)

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