mercredi 7 janvier 2009

Devoirs de vacances (Noël), 18

En photo : pardo bazan par Nicomedes

À faire en 2h30, sans dictionnaire
(texte donné au CAPES en 1996)

Emilia Pardo Bazán, La madre naturaleza

Se me figura que esta tarde pensé en mil delirios y ofendí mortalmente con la imaginación a mi sobrina. ¿ Cómo ha de estar profanada, depravada, una niña que tiene aquel aire franco y sencillo y honesto a la vez, el aire y los ojos de su madre ? Sé sincero, Gabriel, contigo mismo — deteniéndose y mirando a las estrellas —. Lo que te sucedió, que te encelaste, porque estás interesado por la muchacha… Pues, amigo, eso no vale. ¿ A qué viniste aquí ? A salvarla, ¿ verdad ? Entonces, piensa en ella sobre todo. A un lado egoísmos ; si no te quiere, que no te quiera ; mírala como la debió haber mirado su padre. A pedirle mañana una entrevista, a hablarle como nadie le ha hablado nunca a la criatura infeliz. Lo que tú has estado pensando allí, al pie del castaño, es una monstruosidad ; pero con todo, bueno es prevenir hasta el que a otros se les ocurra la misma sospecha atroz. A ti, al hermano de su madre, corresponde de derecho el intervenir. Y caiga quien caiga, y así sea preciso prender fuego a los Pazos y llevarte a la muchacha en el arzón de la silla… Digo, no ; esto de raptos es niñería romántica… Pero es decir, que tengas ánimo y que no se te ponga por delante ni el Sursumcorda, ¡ qué diablos ! Y cuidadito cómo le hablas a la montañesa… No hay que abrirle los ojos ni lastimarla, que después de todo… reparo deberías tener en tocarla siquiera con el aliento… y morirte deberías de vergüenza por las cosas que se te han ocurrido. ¡ Pobre chiquilla ! — pausa — ¡ Qué noche tan hermosa ! ¿ Iré camino de los Pazos… o lo estaré desandando ? Porque allí suena la presa (prise d’eau ; digue ) el molino… De noche se oye muy bien… Parece sollozo de una persona inconsolable… Sí, hacia esa parte están los Pazos ; en llegando al molino ya los veo.

***

La traduction que je vous propose :

Je crois que cet après-midi j’ai pensé mille folies et que j’ai très gravement offensé ma nièce en imagination. Comment pourrait être profanée, pervertie, une jeune fille ayant cet air franc, simple et honnête à la fois, l’air et les yeux de sa mère ? Gabriel, sois sincère avec toi-même — il s’interrompt et regarde les étoiles. Ce qu’il t’est arrivé, le fait que tu aies éprouvé de la jalousie, c’est parce que cette jeune personne t’intéresse… Eh bien, mon ami, ça ne va pas. Qu’est-ce que tu es venu chercher ici ? La sauver, c’est bien cela ? Avant tout pense à elle. Laisse là ton égoïsme ; si elle ne t’aime pas, elle n’a qu’à ne pas t’aimer ; regarde-la avec l’œil que son père aurait posé sur elle. Demain, tu vas lui demander un entretien, pour lui parler comme personne ne lui a jamais parlé, à cette malheureuse enfant. Tout ce qui t’est passé par la tête, là-bas, au pied du châtaignier, n’est qu’une monstruosité ; mais malgré tout, il est bon d’éviter jusqu’à la possibilité que d’autres personnes aient le même doute atroce. C’est à toi, le frère de sa mère, qu’il revient le droit d’intervenir. Et advienne que pourra ! Même si pour cela il te faut mettre le feu aux Pazos et emmener la jeune fille sur l’arçon de ta selle… Que dis-je ? Non ! Ces histoires d’enlèvements ne sont que des enfantillages romantiques… En revanche, aie du courage, cela oui ! Que personne, pas même le Pape, ne se mette en travers de ton chemin, que diable ! Et fais bien attention à la manière dont tu vas t’adresser à la montagnarde… Il ne faut pas éveiller ses soupçons, ni la blesser, car après tout… et tu devrais prendre garde à ne pas l’effleurer, ne serait-ce qu’avec ton souffle… et tu devrais mourir de honte pour les pensées qui tu as eues. Pauvre enfant ! — il marque pause. La nuit est si belle ! Suis-je bien sur le chemin des Pazos ou est-ce que je leur tourne le dos ? Car là, on entend la chute d’eau du moulin… La nuit on l’entend très bien… On dirait les sanglots d’une personne inconsolable… Oui, c’est bien par là que se trouve les Pazos ; dès que j’arriverai au moulin, je les verrai.

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Jacqueline nous propose sa traduction :

Je crois que ce soir, je me suis perdu dans mes délires et que j’ai mortellement offensé en pensée ma nièce. Comment une fillette qui a un tel air à la fois franc, simple et honnête, l’air et les yeux de sa mère, pourrait-elle être profanée, dépravée ? Sois sincère avec toi-même, Gabriel, -il s’arrête et regarde les étoiles-. Ce qui t’est arrivé, c’est que tu es devenu jaloux, parce que la petite t’intéresse… Eh bien, mon ami, cela ne va pas. Pourquoi es-tu venu ici ? Pour la sauver, vraiment ? Alors, pense à elle surtout. Mets de côté tes égoïsmes ; si elle ne t’aime pas, eh bien, qu’elle ne t’aime pas ; regarde la comme son père a dû la regarder. Demande-lui demain un entretien, parle-lui comme personne n’a jamais parlé à cette malheureuse créature. Ce que tu as pensé là, au pied du châtaignier, c’est une monstruosité ; mais malgré tout, mieux vaut prendre les devants avant que les autres n’aient eux aussi l’idée de cet atroce soupçon. C’est à toi, le frère de sa mère, que revient le droit d’intervenir. Et arrivera ce qui arrivera, tu vas devoir mettre le feu aux Pasos et emporter la petite sur l’arçon du cheval… Je dis, non ; cette idée de rapt est une niaiserie romantique…Mais soyons clair, il va te falloir du courage et ne pas t’abriter derrière des faux-semblants, que diable ! Et fais bien attention à la façon dont tu parles à cette montagnarde… Il ne faut pas éveiller ses soupçons ni la plaindre, car après tout… Fais attention à ne pas même l'effleurer de ton souffle… et tu devrais mourir de honte pour les choses auxquelles tu as pensé. Pauvre gamine! – un silence- Quelle belle nuit ! Je vais aller vers los Pazos… ou bien vais-je rebrousser chemin ? Parce que là on entend le bruit de la prise d’eau du moulin… La nuit on l’entend très bien… On dirait le sanglot de quelqu’un d’inconsolable… Oui, par là se trouvent los Pazos ; sitôt arrivé au moulin, je les vois bien.

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Bien qu'ayant encore des doutes sur certains points, Barbara nous propose sa traduction :

Je me doute que, cette après-midi, j' ai conçu mille délires et que j' ai offensé mortellement ma nièce en imagination. Comment doit-être profanée, dépravée, une enfant qui a cet air franc, simple et honnête à la fois, la grâce et les yeux de sa mère? Sois sincère avec toi-même, Gabriel ─s' arrêtant et regardant vers les étoiles ─. Ce qui t' est arrivé, c' est que tu es devenu jaloux, parce que tu es intéressé par la jeune fille...Eh bien , mon ami, cela n' est guère convenable. Pourquoi es-tu venu ici? Pour la sauver, n' est-ce pas? Alors, soucis-toi d' elle par-dessus tout. Mets de côté ton égoïsme ; si elle ne t' aime pas, qu'elle ne t' aime pas ; regarde-la comme son père avait dû la regarder. Demain, demande-lui un entretien, parle-lui comme personne n' a jamais parlé à cette pauvre fillette. Ce que toi, tu étais en train de songer là-bas, au pied du châtaignier, c' est une monstruosité ; mais malgré tout, il est bon d' empêcher jusqu'au fait que d' autres puissent imaginer le même soupçon atroce. C' est à toi, le frère de sa mère, à qui revient de droit d' intervenir. Et qu'importe si des têtes tombent, et qu'il en soit ainsi s'il est nécessaire de mettre le feu aux Pasos et d' emmener avec toi la jeune fille sur l'arçon de ta selle...Que dis-je? non ; ces histoires d' enlèvement sont des enfantillages romantiques... Mais, c' est dire si tu dois faire preuve de courage et que le Sursum corda ne se mette pas au travers de ta route, que diable! Et fais bien attention à ta façon de parler à la montagnarde... Il ne faut ni lui ouvrir les yeux, ni la blesser, car après tout... tu devrais prendre garde de ne la toucher ne serait-ce qu'avec ton souffle... et tu devrais mourir de honte pour les choses qui t' ont traversées l'esprit. Pauvre petite ! ─ il s' interrompt ─ Quelle belle nuit ! Suivrais-je le chemin des Pazos ...ou bien serais-je en train de le rebrousser? Parce que, là-bas, la digue murmure, le moulin... La nuit, on l'entend fort bien...Cela ressemble au sanglot d' une personne inconsolable... Oui, les Prados se trouvent vers ce côté ; une fois arrivé au moulin, je les verrai bien.

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Une autre proposition de traduction :

Il me semble que cet après-midi j’ai pensé à mille choses délirantes et j’ai vexé avec l’imagination ma nièce. Comment peut-on profaner, dépraver, une fille qui a cet air franc, simple, et honnête à la fois., qui ressemble à sa mère et qui a ses yeux ? Soit sincère, Gabriel, avec toi même.- en s’arrêtant et regardant les étoiles-. Ce qui t’es arrivé, le fait que tu sois devenu jaloux, parce que tu es intéressé par la jeune fille…Et ben ça, mon ami, c’est pas acceptable. Qu’est-ce que tu es venu faire ici ? La sauver, pas vrai ? Alors pense à elle surtout. Mets de côté ton égoïsme. Si elle ne t’aime pas, qu’il en soit ainsi. Regarde-la comme aurait du la regarder son père. Il faut lui demander un entretien demain, lui parler comme jamais personne n’a parlé à cette malheureuse créature. Ce à quoi tu as pensé, là-bas, au pied du châtaigner, et bien c’est une monstruosité ; mais, malgré tout , il est bon de prévenir, jusqu’à ce que se réveille chez d’autres cet atroce soupçon. A toi, le frère de sa mère, il te correspond de droit d’intervenir. Quoi qu’il arrive. Et même s’il faut mettre le feux à los Pazos et emmener la jeune fille sur l’arçon de la chaise…Attend, non ; cette histoire d’enlèvement c’est des enfantillages romantiques… Ce que je veux dire, c’est que tu dois être motivé, et que le Sursumcorde n’ait pas l’idée de croiser ton chemin, allons bon ! Et fais bien attention à la manière dont tu parles à la montagnarde… Il ne faut pas lui ouvrir les yeux, ni la blesser, parce qu’après tout…tu devrais être embarrassé en la touchant ne serait-ce qu’avec ton souffle…et tu devrais mourir de honte pour les choses qui te sont passées par la tête. Pauvre gamine ! –pause- Quelle nuit magnifique ! Je suis sur le chemin qui mène à los Pazos… ou je m’en éloigne ? Parce que là-bas j’entends la digue, le moulin…La nuit on entend tout très bien… On dirait le sanglot d’une personne inconsolable… Oui, los Pazos se trouvent de ce côté, à mesure que j’approche du moulin je les vois.

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Odile nous propose sa traduction :

Il me semble que cette après-midi, je me suis perdu dans mille délires et que j'ai offensé mortellement, par la pensée, ma nièce. Comment pourrait-elle être salie, dépravée, cette enfant qui a l'air franc et sincère, honnête également, qui a l'air et les yeux de sa mère? Sois sincère avec toi-même Gabriel, -il s'arrête et regarde les étoiles- . Ce qui se passe, c'est que tu es jaloux, parce que tu es amoureux de la petite....Eh bien, mon ami, ceci n'est pas du jeu. Pourquoi es-tu venu ici? Pour la sauver, n'est-ce pas? Alors, pense à elle avant tout. Oublie ton égoïsme; si elle ne veut pas de toi, eh bien qu'il en soit ainsi; regarde la comme son père avait dû la regarder. Demain, je demande à la voir et je lui parle comme jamais personne n'a dû parler à cette malheureuse créature. Ce que tu as imaginé là-bas, au pied du châtaigner, est une monstruosité; malgré tout, il est bon de prendre les devants avant que d'autres n'aient le même doute atroce. C'est à toi, le frère de sa mère, que revient le droit d'intervenir. Et peu importe qui est le responsable et qu'il soit alors nécessaire de mettre le feu aux Pazos et d'enlever la petite sur la selle de ton cheval. Mais que dis-je, non; ces histoires de rapts sont de romantiques enfantillages....Enfin, c'est à dire qu'il faut que j'aie du courage et que, rien, ni personne au monde ne m'empêche d'agir, que diable! Et attention à la façon dont tu vas parler à la montagnarde.... Elle ne doit rien soupçonner, ni être blessée car après tout.....tu devrais avoir honte de l'approcher, ne serait-ce qu'avec le souffle de ton haleine....et tu devrais mourir de honte pour les choses que tu as imaginées. Pauvre enfant! -silence- Quelle nuit magnifique! Je suis bien sur la route des Pazos ou je suis en sens contraire? Car là-bas on entend la retenue d'eau, le moulin....La nuit, on l'entend très bien....On dirait les pleurs de quelqu'un d'inconsolable....Oui, les Pazos sont bien par ici; dès que j'arriverai au moulin, je les verrai.

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