dimanche 22 février 2009

Version d'entraînement, 25 (Daína Chaviano)

En photo : Portada_La isla de los amores_ small par yolsalvatierra

La fiesta en casa del conde fue uno de los grandes sucesos de la ciudad. La fastuosidad de la vajilla y de los adornos, el ajuar de los asistentes, la magnificencia de los manjares – todos los elementos que contribuyen a dar realce a un evento semejante – habían sido cuidados hasta el último detalle. Y no era para menos. Dos representantes de la corte española serían homenajeados. La propia princesa de Borbón escribiría más tarde en su diario secreto : « La fiesta que en mi honor dieron los condes de Fernandina me impresionó vivamente por su elegancia, su distinción y su señorío, todo bastante más refinado que en la sociedad madrileña ». Y después recordaba cómo los había conocido cuando era niña, en casa de su madre, pues eran frecuentes invitados al palacio de Castilla. Impresión especial dejó en la princesa la hermosura de las criollas. « Había oído ponderar la belleza de las cubanas, su señorío, su elegancia y, sobre todo, su dulzura ; pero la realidad superó en mucho a lo que había imaginado ».
En medio de tanto lujo, quizás la infanta pasara por alto el brillo de los centenares de velas que iluminaban los salones y los corredores más apartados de la mansión. Pero Florencio observó su efecto antes de partir. Desde la calzada era posible percibir la vaharada multicolor de los vitrales. El portal custodiado por ciclópeas columnas se incendiaba de resplandores, como si la piedra hubiera adquirido una cualidad traslúcida… Y acaso la princesa tampoco reparara en las sidras y los tintos que habían contribuido a encender aún más las sonrosadas mejillas de las habaneras, que los consumían a granel.
Florencio había pasado dos días transportado toneles y cajas de velas. Ahora que en el cielo apenas quedaban algunas franjas violetas de luz solar, emprendió el regreso a su casa. Varios carruajes se cruzaron con el suyo mientras se alejaba, y transcurrió bastante rato antes que dejara de escuchar el sonido de la música. Las monedas le pesaban en el saquito que llevaba dentro de la camisa. Acarició el mango de su machete y azuzó al caballo.
Mientras memorizaba los accidentes del camino, iba pensando en lo que haría con aquel dinero. Hacía tiempo acariciaba una idea y creyó que, por fin, había llegado el momento ; vendería su local y compraría otro en un sitio mejor de la ciudad.
Las luces de los faroles callejeros le guiaron en el trayecto final hacia intramuros. Rodeado de un ambiente conocido, tras recorrer aquella calzada inhópita, comenzó a canturrear mientras se bajaba del carretón y forcejeaba con el cabello para hacerlo entrar al improvisado zaguán lateral de su tienda. Un chirrido inusual captó su atención. Reparó encontes en que la puerta del almacén estaba abierta.
— ¿ Cacha ? – llamó, pero no recibió respuesta.
Dejó el caballo con los arreos puestos y se acercó con sigilo, alzando el farol de su cattomato.
Caridad sintió el tropelaje del forcejeo y el ruido de un estante que se desplomaba. Bajó corriendo, vela en mano, sin acordarse de agarrar el machete que Florencio siempre dejaba bajo la cama. Cuando llegó, apenas dio cuenta del desorden que reinaba en la tienda porsque casi enseguida tropezó con un obstáculo que le cerraba el paso. Levantó la vela y se inclinó. El suelo estaba cubierto de cristales rotos, pero sus ojos sólo puedieron ver el charco oscuro que crecía bajo el agonizante cuerpo de Florencio.

Daína Chaviano, La isla de los amores infinitos

***

La traduction que je vous propose :

La fête chez le comte fut l’un des événements majeurs de l’année. Le faste de la vaisselle et des décorations, les tenues du personnel, la magnificence des mets – autant d’éléments qui contribuent à donner du lustre à pareille manifestation – avaient été soignés jusque dans le moindre détail. Et cela se justifiait amplement, car on rendait hommage à rien moins que deux représentants de la cour d’Espagne. La princesse de Bourbon en personne devait ensuite écrire dans son journal secret : “La fête qu’on donnée en mon honneur le comte et la comtesse de Fernandina m’a vivement impressionnée par son élégance, sa distinction et sa distinction, tout était bien plus raffiné que dans la société madrilène”. Plus loin, elle rappelait qu’elle avait connu ses hôtes chez sa mère, alors qu’elle était encore enfant ; car ils étaient fréquemment invités au Palacio de Castilla. La splendeur des créoles laissa à la princesse une forte impression. “J’avais entendu vanter la beauté des Cubaines, leur distinction, leur élégance et, surtout, leur douceur ; mais la réalité dépasse de beaucoup ce que j’avais imaginé”.
Le luxe était tel que l’infante passa sous silence l’éclat de centaines de bougies disposées dans les salons, et jusque dans les couloirs les plus éloignés de la demeure. Florencio, lui, ne manqua pas d’observer leur effet avant de partir. Depuis la rue, en effet, il était possible d’apercevoir le souffle multicolore des vitraux. Le porche, gardé par des colonnes cyclopéennes, était incendié d’éclats lumineux, comme si la pierre avait acquis une qualité translucide… Peut-être la princesse ne remarqua-t-elle pas non plus les sidres et les vins rouges ; ils avaient pourtant contribué, eux aussi, à enflammer davantage les joues roses des havanaises, qui les consommaient à foison.
Florencio avait passé deux jours à transporter des tonneaux et des boîtes de bougies. À présent qu’il ne restait plus dans le ciel que quelques vagues franges violettes de lumière solaire, il prit le chemin du retour.
Tandis qu’il s’éloignait, il croisa plusieurs attelages et un bon moment s’écoula avant qu’il cesse d’entendre la musique. Les pièces pesaient dans le petit sac qu’il avait serré sous sa chemise. Il caressa le manche de sa machette et poussa son cheval.
Prenant soin d’éviter les trous qu’il y avait dans le chemin, il se demandait ce qu’il ferait de tout cet argent. Peut-être l’heure était-elle venue de concrétiser le projet qu’il caressait depuis quelque temps : vendre la boutique et en acheter une autre, mieux située.
Les réverbères de la ville le guidèrent sur le trajet final vers la partie intra-muros. Heureux de retrouver une ambiance familière, après avoir parcouru cette route inhospitalière, il se mit à fredonner tandis qu’il sautait au bas de sa charrette et bataillait pour faire pénétrer le cheval dans l’entrée latérale improvisée de sa boutique. Un grincement inhabituel attira son attention. La porte du magasin était ouverte.
« Cacha ? », appela-t-il, mais il ne reçut pas de réponse.
Sans déceler le cheval, il s’approcha prudemment, sa lanterne levée devant lui.
Caridad entendit le vacarme d’une bagarre et le bruit d’une étagère qui tombait par terre. Elle descendit en courant, une bougie à la main, sans penser à prendre la machette que Florencio laissait toujours sous leur lit. Quand elle arriva au rez-de-chaussée, c’est à peine si elle eut le temps de remarquer le désordre qui y régnait ; presque immédiatement, elle butta contre l’obstacle qui lui entravait le passage. Elle souleva la bougie et se pencha. Le sol était couvert de morceaux de verre brisés. Ses yeux ne virent rien d’autre que la flaque sombre qui grandissait sous le corps agonisant de Florencio.

***
Brigitte nous propose sa traduction :

La réception donnée chez le comte fut l’un des grands évènements de la ville. La somptuosité de la vaisselle et des ornements, les toilettes des hôtes, la splendeur des mets – tous ces éléments qui contribuent à donner de l’éclat à un tel évènement – avaient été étudiés jusqu’au moindre détail. Et ce n’était pas pour rien. Deux représentants de la cour d’Espagne étaient à l’honneur. La princesse de Bourbon en personne écrirait plus tard dans son journal intime : « La fête organisée par le Comte et la Comtesse de Fernandina en mon honneur m’a causée très vive impression par son élégance, son raffinement et sa distinction, en tous points plus raffinée que dans la haute société madrilène »-. Puis, elle rappelait comment elle les avait connus lorsqu’elle était enfant, chez sa mère, étant fréquemment invités au palais de Castille. La beauté des créoles fit forte impression sur la princesse « J’avais entendu vanter la beauté des cubaines, leur distinction, leur élégance et surtout leur douceur ; mais la réalité surpassa de beaucoup tout ce que j’avais pu imaginer ».
Au milieu de tant de luxe, peut-être l’infante passa-t-elle sous silence l’éclat des centaines de chandelles qui illuminaient les salons et les corridors les plus cachés de la demeure. Mais Florencio observa leur effet avant de partir. Depuis la chaussée, il était possible de distinguer le souffle multicolore des vitraux. Le portail gardé par des colonnes cyclopéennes s’éclairait de mille feux, comme si la pierre avait acquis de la transparence…Et il se peut que la princesse ne remarqua pas non plus les cidres et vins rouges que les havanaises consommaient à foison ce qui avait contribué à colorer un peu plus leurs joues rosées.
Florencio avait passé deux jours à transporter des tonneaux et des caisses de bougies. A présent qu’il ne restait plus dans le ciel que quelques franges violettes de lumière solaire, il entreprit de rentrer chez lui. Plusieurs attelages croisèrent le sien tandis qu’il s’éloignait, et il se passa un certain temps avant qu’il ne puisse plus entendre la musique. Les pièces pesaient dans le petit sac qu’il portait sous sa chemise. Il caressa le manche de sa machette et excita son cheval.
Pendant qu’il se remémorait les ornières du chemin, il songeait à ce qu’il ferait de cet argent. Depuis un certain temps déjà, il caressait un projet et il pensa, enfin, que l’heure était venue ; il vendrait son local et en achèterait un autre mieux situé dans la ville.
La lumière des lanternes de la rue le guidèrent sur la fin de son trajet en ville. Enveloppé d’une atmosphère familière, après avoir parcouru cette chaussée inhospitalière, il commença à chantonner pendant qu’il descendait de sa charrette et se démenait pour faire entrer son cheval sous le porche de fortune aménagé sur le côté de la boutique. Un grincement inhabituel attira son attention. Il remarqua alors que la porte du magasin était ouverte.
- Cacha ? – Son appel resta sans réponse.
Il laissa le cheval tout harnaché et s’approcha avec précaution, en levant la lanterne de son cattomato (?)
Caridad entendit le bruit de pas et une étagère qui s’écroulait. Elle descendit en courant, chandelle à la main, en oubliant de se saisir de la machette que Florencio laissait toujours sous le lit. Lorsqu’elle arriva, à peine eut-elle le temps de constater le désordre qui régnait dans la boutique car elle trébucha aussitôt sur un obstacle qui entravait son passage. Elle leva la chandelle puis se baissa. Le sol était jonché de bris de verre, mais ses yeux ne purent voir que la flaque sombre qui s’étendait sous le corps agonisant de Florencio.

***

Odile nous propose sa traduction :

La réception chez le comte fut un des grands évènements de la ville. Le faste de la vaisselle et des décorations, les tenues du personnel de maison, la magnificence des mets -tous les éléments qui contribuent à donner de éclat à une telle soirée- avaient été soignés jusque dans le moindre détail. Et c'était amplement justifié car deux représentants de la cour d'Espagne y avaient été honorés. La princesse de Bourbon elle-même écrirait plus tard sans son journal intime : « La fête que les comtes de Fernandina ont donnée en mon honneur m'a vivement impressionnée par son élégance, son raffinement et sa distinction, tout y étant bien plus raffiné que dans la société madrilène ». Plus loin, elle évoquait comment elle avait connu ses hôtes, lorsqu'elle était enfant, chez sa mère, car ils étaient souvent ses invités dans son palais de Castille. La beauté des créoles lui laissa une forte impression. « J'avais entendu vanter la beauté des Cubaines, leur distinction, leur élégance et surtout, leur douceur; mais la réalité dépasse de beaucoup ce que j'avais imaginé ».
Parmi de tant de luxe, peut-être l'infante omit-elle de décrire l'éclat des centaines de bougies qui illuminaient les salons et les galeries les plus éloignées de la villa. Mais Florencio, lui, observa leur effet avant de partir. Depuis la chaussée il était possible d'apercevoir le halo multicolore des vitraux. Le porche, gardé par des colonnes cyclopéennes, brillait de mille feux, comme si la pierre avait acquis une qualité translucide..... et peut-être la princesse ne remarqua-t-elle pas non plus les cidres et les vins rouges qui avaient contribué, eux aussi, à colorer davantage encore les joues roses des havanaises qui en faisaient grande consommation. .
Florencio avait passé deux jours à transporter des tonneaux et des caisses de bougies. Maintenant qu'il ne restait plus dans le ciel que quelques franges violettes de lumière solaire, il prit la direction du retour vers chez lui. Plusieurs attelages croisèrent le sien tandis qu'il s'éloignait et il s'écoula un bon laps de temps avant qu'il ne cesse d'entendre le son de la musique. Les pièces pesaient dans le petit sac qu'il portait dans sa chemise. Il caressa le manche de sa machette et fouetta son cheval.
Tandis qu'il se remémorait les obstacles du parcours, il pensait à ce qu'il ferait de cet argent. Cela faisait longtemps qu'il avait un projet et il pensa que le moment était enfin arrivé; il vendrait son local et en achéterait un autre, mieux situé dans la ville.
Les reverbères des rues le guidèrent dans le trajet final vers les murs de la ville. Arrivé dans son environnement familier, après avoir parcouru cette route inhospitalière, il se mit à fredonner tandis qu'il descendait de sa charrette et bataillait avec le cheval pour le faire entrer dans l'abri de fortune contigu à sa boutique. Un grincement inhabituel attira alors son attention. Il remarqua que la porte de la boutique était ouverte.
- Cacha? - appela-t-il mais il ne reçut aucune réponse.
Il laissa le cheval tout harnaché et s'appprocha prudemment, la lanterne à la main. Caridad entendit le bruit de la bagarre et le fracas d'une étagère qui s' écroulait. Elle descendit en courant, la bougie à la main, oubliant de prendre la machette que Florencio laissait toujours sous le lit. Lorsqu'elle arriva en bas, elle remarqua à peine le désordre qui régnait dans le magasin car presque aussitôt elle rencontra un obstacle qui lui barrait le passage. Elle leva la bougie et se pencha. Le sol était jonché de verre brisé, mais ses yeux ne virent rien d'autre que la sombre flaque de sang qui grandissait sous le corps agonisant de Florencio.

Aucun commentaire: