vendredi 17 avril 2009

Votre version de la semaine, Mendoza

En photo : cocina par teclafuelleboton

Oui, encore du Mendoza… mais on ne s'en lasse jamais, n'est-ce pas Brigitte ?

En la cocina

Siempre seguida por su fiel Matilde, María Rosa Savolta entró en la cocina. Un cocinero expresamente venido para lucir su arte y cinco reclutadas para ese día señalado se afanaban en sus quehaceres. Un sinfín de olores se mezclaban, el aire rezumaba grasa y reinaba un calor de averno. El cocinero, asistido por una doncella joven, bermeja y aturrullada, lanzaba órdenes y reniegos indiscriminadamente, que sólo interrumpía para dar largos tragos a una botella de vino blanco que descansaba en uno de los bordes del fogón. Una matrona voluminosa como un hipopótamo amasaba una pasta blanca con un rodillo. Pasó una cocinera llevando en milagroso equilibrio una columna oscilante de platos. El entrechocar de los cubiertos semejaba un torneo medieval o un abordaje. Nadie advirtió la presencia de la señora y, por ello, no se interrumpió el maremágnum. Debido al agobiador calor, las mujeres se habían arremangado y desabrochado sus trajes de faena. Una criada zafia y maciza que desplumaba pollos tenía el canal de sus gruesos senos forrado de plumón, como un nido ; otra mostraba unos pechos blancos de harina ; más allá, una jovencita sostenía contra su busto firme de campesina adolescente una espumadera repleta de fresca lechuga. El griterío era ensordecedor. Las fámulas se peleaban y zaherían, punteando sus frases cortas con hirientes risotadas y exclamaciones soeces. Y sobre aquella orgía, como un macho cabrío en un aquelarre, el cocinero, sudoroso, beodo y exultante, saltaba, bailaba, mandaba y blasfemaba.

Eduardo Mendoza, La verdad sobre el caso Salvolta, 1992.

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La traduction « officielle », La vérité sur l’affaire Savolta, réalisée par Jean-Marie Saint-Lu, piur les éditions Flammarion, 1986, p. 186-187 :

Toujours suivie de sa fidèle Matilde, María Rosa Savolta entra dans la cuisine. Un cuisinier venu expressément pour montrer son art et cinq femmes engagées pour ce jour-là s’affairaient. Une multitude d’odeurs s’entremêlaient, l’air était suintant de graisse et il régnait une chaleur d’enfer. Le cuisinier, assisté par une jeune fille écarlate et un peu perdue, lançait des ordres et des jurons, indifféremment, en ne s’interrompant que pour boire de longs coups au goulot d’une bouteille de vin blanc qu’il reposait sur un des bords du fourneau. Une matrone aussi volumineuse qu’un hippopotame pétrissait une pâte blanche avec un rouleau. Une cuisinière passa, portant dans un équilibre miraculeux une colonne oscillante d’assiettes. Le choc des couverts faisait penser à un tournoi médiéval ou à un abordage. Personne ne remarqua la présence de la maîtresse de maison, ce qui fit que le tohu-bohu ne cessa pas. À cause de la chaleur étouffante, les femmes avaient remonté leurs manches et dégrafé leurs blouses de travail. Une servante noiraude et massive qui plumait des poulets avait la raie des seins bourrée de plumes, comme un nid ; une autre montrait une poitrine blanche de farine ; plus loin, une jeune fille soutenait contre son buste ferme d’adolescente un panier rempli de laitue fraîche. Le bruit des voix était assourdissant. Les domestiques se disputaient et échangeaient des rosseries, en ponctuant leurs courtes phrases de rires stridents et d’exclamations grossières. Et au-dessus de cette orgie, tel un bouc au sabbat, le cuisinier, ruisselant de sueur, à demi ivre et exultant, sautait, dansait, donnait des ordres et blasphémait.

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Brigitte nous propose sa traduction :

Toujours suivie de sa fidèle Matilde, María Rosa Savolta entra dans la cuisine. Un cuisinier venu expressément pour exhiber son art et cinq recrues pour ce grand jour s’activaient à leurs tâches. Une infinité d’arômes se mêlaient, l’air était imprégné de graisse et il régnait une chaleur d’enfer. Le cuisinier, assisté d’une donzelle effarouchée, cramoisie et empotée, balançait ordres et jurons sans distinction, ne s’interrompant que pour s’enfiler de grandes rasades de vin blanc d’une bouteille posée sur l’un des bords du fourneau. Une matrone aussi volumineuse qu’un hippopotame pétrissait une pâte blanche avec un rouleau. Une cuisinière passa en portant avec un équilibre qui tenait du miracle une pile chancelante d’assiettes. Le bruit des couverts qui s’entrechoquaient ressemblait à un tournoi médiéval ou à un abordage. Personne ne remarqua la présence de la femme, raison pour laquelle le vacarme ne s’arrêta point. A cause de la chaleur accablante, les femmes avaient retroussé leurs manches et déboutonné leurs tenues de travail. Une domestique rustre et costaude qui déplumait des poulets avait le sillon de ses grosses mamelles rempli de duvet, comme un nid. Une autre exhibait des seins blancs de farine ; plus loin, une jouvencelle tenait contre son buste bien ferme de paysanne adolescente une écumoire pleine de laitue fraîche. Le brouhaha était assourdissant. Les domestiques se chamaillaient et se critiquaient, ponctuant leurs courtes phrases de petits ricanements venimeux et d’exclamations grossières. Et régnant en maître au beau milieu de cette orgie, tel le grand bouc dans son sabbat, le cuisinier boit-sans-soif transpirant et exultant, sautait, dansait, donnait des ordres et blasphémait.

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Odile nous propose sa traduction :

Toujours suivie par sa fidèle Mathilde, María Rosa Savolta entra dans la cuisine. Un cuisinier tout spécialement venu pour faire montre de son talent et cinq femmes, recrutées à l'occasion de cette journée si importante, besognaient à leurs tâches. Une multitude d'odeurs se mélangeaient, l'atmosphère suintait la graisse et il régnait une chaleur d'enfer.
Assisté d' une jeune fille rousse et empotée, le cuisiner lançait à tout le personnel, sans exception, des ordres et des injures, ne s'interrompant que pour avaler de longues gorgées d'une bouteille de vin blanc posée sur l'un des bords du fourneau. Une matrone, aussi volumineuse qu'un hippopotame, étalait une pâte blanche à l'aide d'un rouleau. Une cuisinière passa, portant dans un équilibre qui tenait du miracle, une oscillante pile d'assiettes. Le bruit des couverts entrechoqués évoquait un tounoi médieval ou un abordage. Personne n' ayant remarqué la présence de la maîtresse de maison, l'effervescence ne cessa pas. A cause de la chaleur étouffante, les femmes avaient relevé leurs manches et déboutonné leurs tenues de travail. Une domestique rustaude et robuste qui plumait des poulets avait le sillon de son énorme poitrine recouvert de duvet, comme un nid ; une autre laissait voir des seins blancs de farine ; plus loin, une jeune fille tenait contre son buste solide de paysanne adolescente une écumoire débordante de laitue fraîche. Le vacarme était assourdissant. Les bonnes se chamaillaient et médisaient, ponctuant leurs courtes phrases d'éclats de rire bruyants et d'exclamations grossières. Et au beau milieu de cette orgie, tel un bouc pendant un sabbat, le cuisinier tout en sueur, ivre, en pleine frénésie, sautait, dansait, ordonnait et blasphémait.

1 commentaire:

Brigitte a dit…

Tu sais bien que je ne vais pas résister à la tentation ...mais chaque chose en son temps !