jeudi 16 juillet 2009

Entretien avec François Gaudry (traducteur / Espagnol), par Émeline

En photo : François Gaudry
www.evene.fr

1. Comment êtes-vous venu à la traduction ?
Par envie de traduire un roman espagnol, El diario de Hamlet García, de Paulino Masip, que j’avais découvert tout à fait par hasard. Républicain exilé au Mexique, l’auteur était inconnu, et a peu écrit. Mais ce roman était une vision insolite, ou en tout cas inhabituelle du siège de Madrid pendant la guerre civile, vécu par un « professeur de métaphysique ambulant ». Rencontre de la langue espagnole et d’un roman singulier : « Ça a débuté comme ça », comme disait Céline.

2. Votre première traduction, qu’en pensez-vous aujourd’hui ?
Ce roman de Paulino Masip est ma première traduction. Quand il m’arrive de rouvrir le livre, je suis heureux d’en être le traducteur. Mais j’ai aussi un autre sentiment lorsque je rouvre les romans que j’ai traduits : ici et là des coquilles, des phrases que j’aurais pu tourner autrement, tel adjectif qui aurait pu être plus précis.

3. Comment voyez-vous le métier de traducteur aujourd’hui ?
J’en ai fait mon métier depuis vingt ans. Je ne conseille à personne d’en faire son activité principale. Car pour cela, il faut traduire vite et beaucoup. Ce n’est pas mission impossible. Mais il vaut mieux avoir du temps devant soi.

4. Quelle type de littérature traduisez-vous le plus ? (roman, poésie, théâtre…) Y voyez-vous d’importantes différences en tant que traducteur ?
Je ne traduis que des romans et des nouvelles. Dans lesquels on est confronté aux registres théâtraux et poétiques. C’est sans doute la traduction de la poésie qui est la plus problématique, parce que la perte y est la plus flagrante. La meilleure traduction de Lorca ou de Jean de la Croix n’égalera jamais l’original. Pour le roman, on peut y arriver.

5. Quels rapports entretenez-vous avec les éditeurs ?
Souvent très bons, parfois conflictuels, mais c’est rare. Jusqu’à présent je suis plutôt bien tombé.
6. Quels rapports éventuels entretenez-vous avec les auteurs que vous traduisez ?
Ça se limite à des demandes de précisions, des éclaircissements. Mais j’évite le plus possible d‘avoir recours à l’auteur. J’ai le culte de l’œuvre, pas celui de la personne.

7. Quel est votre meilleur souvenir, en tant que traducteur ?
Le jour où j’ai ouvert le paquet contenant les dix exemplaires du Journal d’Hamlet Garcia, tout frais sortis de l’imprimerie.

8. Y a-t-il un texte en particulier que vous aimeriez traduire ou que vous auriez aimé traduire?
Je pourrais citer beaucoup d’auteur que j’aurais aimé traduire : Borges, Cortazar, Carpentier, etc. Mais si l’espagnol était ma langue maternelle, j’aimerais beaucoup traduire Proust en espagnol.
9. Le traducteur est-il pour vous un auteur ou un passeur ?
Passeur, il l’est dans la mesure où une bonne partie de la littérature étrangère publiée en France est due à des traducteurs qui ont conseillé des éditeurs. Mais il est aussi un auteur dans la mesure où il introduit des œuvres d’autres langues dans le corpus de la littérature française.
10. Traduire a-t-il fait de vous un lecteur différent ? Et si oui, quel lecteur ?
Hélas, oui. Quand on a beaucoup traduit, on finit par trébucher sur toutes les imperfections de ce qu’on lit.

11. Question « subsidiaire » : Quel conseil pourriez-vous donner à un apprenti traducteur ou une apprentie traductrice ?
Lire sans relâche les grands auteurs de la littérature française, Flaubert, Stendhal, Proust, Céline, Genet, Giono, etc.

En complément l'interview de François Gaudry donné au moment de la sortie de Des nouvelles du Mexique, aux éditions Métailié :
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