mardi 24 novembre 2009

Exercice de version, 7

Una tarde, mi hermana Antonia me tomó de la mano para llevarme a la catedral. Antonia tenía muchos años más que yo. Era alta y pálida, con los ojos negros y la sonrisa un poco triste. Murió siendo yo niño. ¡Pero cómo recuerdo su voz y su sonrisa y el hielo de su mano cuando me llevaba por las tardes a la catedral!... Sobre todo, recuerdo sus ojos y la llama luminosa y trágica con que miraban a un estudiante que paseaba en el atrio, embozado en una capa azul. Aquel estudiante a mí me daba miedo. Era alto y cenceño, con cara de muerto y ojos de tigre, uns ojos terribles bajo e1 entrecejo fino y duro. Para que fuese mayor su semejanza con los muertos, al andar le crujían los huesos de la rodilla. Mi madre le odiaba, y por no verle, tenía cerradas las ventanas de nuestra casa, que dabann al Atrio de las Platerías. Aquella tarde recuerdo que paseaba, como todas las tardes, embozado en su capa azul. Nos alcanzó en la puerta de la catedral, y sacando por debajo del embozo su mano de esqueleto, tomó agua bendita y se la ofreció a mi hermana, que temblaba. Antonia le dirigió una mirada de súplica, y él murmuró con una sonrisa :
– ¡Estoy desesperado!

Valle-Inclán, Mi hermana Antonia

***

Marie nous propose sa traduction :

Un après-midi, ma soeur Antonio me prit par la main pour m'emmener à la cathédrale. Antonia avait plusieurs années de plus moi. Elle était grande et pâle, les yeux noirs et le sourire quelque peu triste. Elle mourut alors que j'étais encore un enfant. Mais, ô combien je me souviens de sa voix et de son sourire et de sa main glaciale lorsqu'elle m'emmenait à la cathédrale, les après-midis!... Je me souviens surtout de ses yeux et de la flamme lumineuse et tragique avec laquelle ils regardaient un étudiant qui se baladait dans la cour intérieure, enveloppé dans une cape bleue. Cet étudiant me faisait vraiment peur. Il était grand et maigre, le visage d'un mort et les yeux d'un tigre, des yeux terribles sous de fins sourcils durs. Pour que fût plus grande sa ressemblance avec les morts, lorsqu'il marchait, il avait les os des genoux qui craquaient. Ma mère le détestait, et pour ne pas le voir, elle gardait les fenêtres de notre maison, qui donnaient sur l'Atrium des Platerías, fermées. Cet après-midi-là, je me souviens qu'il se promenait, comme tous les après-midis, enveloppé dans sa cape bleue. Il nous rejoignit à la porte de la cathédrale, et sortant de dessous sa cape sa main de squelette, il prit de l'eau bénite et l'offrit à ma soeur qui tremblait. Antonia dirigea un regard de supplication vers lui et il murmura en souriant :
— Je suis désespéré !

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Sonita nous propose sa traduction :

Une après-midi, ma sœur Antonia me prit par la main pour m’emmener à la cathédrale. Antonia était bien plus âgée que moi. Elle était grande et pâle, avec les yeux noirs et un sourire triste. Elle est morte quand je n’étais encore qu’un enfant. Mais, comment je me souviens de sa voix et de son sourire et de ses mains froides quand elle m’emmenait les après-midis à la cathédrale !… Surtout, je me souviens de ses yeux et la flamme lumineuse et tragique avec laquelle ils regardaient un étudiant qui se promenait sur le portique, revêtu d’une cape bleue. Cet étudiant-là il me faisait peur. Il était grand et maigre, avec un visage de mort et des yeux de tigre, des yeux terribles sous la glabelle fine et dure. Pour que sa ressemblance avec les morts soit plus grande, les os de ses genoux craquaient quand il marchait. Ma mère le haïssait, et pour ne pas le voir, elle avait les fenêtres de notre maison qui donnaient sur l’Atrio de las Platerías fermées. Cette après-midi-là, je me souviens qu’il se promenait, comme toutes les après-midis, revêtu de sa cape bleue. Il nous rejoignit à la porte de la cathédrale, et sortant sa main squelettique de sous le déguisement, il prit de l’eau bénie et l’offrit à ma sœur, qui tremblait. Antonia lui adressa un regard de supplication, et il murmura avec un sourire :
– Je suis désespéré !

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