jeudi 10 décembre 2009

Exercice de version, 23

El avestruz

A grito pelado, como un tubo de órgano profano, el cuello del avestruz proclama a los cuatro vientos la desnudez radical de la carne ataviada. (Carente de espíritu a más no poder, emprende luego con todo su cuerpo una serie de variaciones procaces sobre el tema del pudor y la desvergüenza.)
Más que pollo, polluelo gigantesco entre pañales. El mejor ejemplo sin duda para la falda más corta y el escote más bajo. Aunque siempre está a medio vestir, el avestruz prodiga sus harapos a toda gala superflua, y ha pasado de moda sólo en apariencia. Si sus plumas "ya no se llevan", las damas elegantes visten de buena gana su inopia con virtudes y perifollos de avestruz: el ave que se engalana pero que siempre deja la íntima fealdad al descubierto. Llegado el caso, si no esconden la cabeza, cierran por lo menos los ojos "a lo que venga". Con sin igual desparpajo lucen su liviandad de criterio y engullen cuanto se les ofrece a la vista, entregando el consumo al azar de una buena conciencia digestiva.
Destartalado, sensual y arrogante, el avestruz representa el mejor fracaso del garbo, moviéndose siempre con descaro, en una apetitosa danza macabra. No puede extrañarnos entonces que los expertos jueces del Santo Oficio idearan el pasatiempo o vejamen de emplumar mujeres indecentes para sacarlas desnudas a la plaza.

Juan José Arreola, Bestiario

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Sabrina nous propose sa traduction :

L'autruche

À tue-tête, tel un tube d'orgue profane, le cou de l'autruche crie sur les toits la nudité absolue de sa chair pomponnée.( Manquant d'esprit en plus de ne pas pouvoir en disposer, elle entreprend ensuite avec son corps une série de variations insolentes sur le thème de la pudeur et de l'effronterie.)
Plus qu'un poulet, c'est un poussin géant portant des couches. Sans doute le meilleur exemple pour la jupe courte et le décolleté le plus plongeant. Bien qu'elle soit toujours à moitié nue, l'autruche prodigue ses haillons à n'importe quelle tenue de fête inutile, et n'est qu'en apparence démodée. Si ses plumes « ne se portent plus », les dames élégantes habillent avec plaisir leur indigence avec les vertus et les fanfreluches des autruches: l'oiseau qui s'apprête avec soin mais qui laisse toujours sa laideur intime au vu et au su de tous. Au moment opportun, si elles ne cachent pas leur tête, elles ferment au moins les yeux « face à ce qui se présentera ». Sans la moindre gêne elles exhibent leur faible discernement et elles engloutissent tout ce qui s'offre à leur regard, remettant la consommation au hasard d'une bonne conscience digestive.
Disproportionnée, sensuelle et arrogante, l'autruche incarne le meilleur de l'échec de la grâce, se dandinant toujours avec insolence, sur une savoureuse danse macabre. On ne peut donc pas s'étonner que les juges avertis du Saint-Office aient imaginé comme passe-temps ou brimade d'emplumer des femmes indécentes pour les exposer nues sur la place publique.

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Odile nous propose sa traduction :

À cor et à cri, comme un tuyau d'orgue profane, le cou de l'autruche proclame aux quatre vents la nudité radicale de la chair accoutrée. (Manquant d'esprit à n'en plus pouvoir, elle se lance ensuite avec tout son corps dans une série de variations insolentes sur le thème de la pudeur et du dévergondage). Plus qu'un poulet, c'est un poussin enveloppé dans ses langes. Sans doute le meilleur exemple pour jupe la plus courte et le décolleté le plus profond. Bien que toujours à demi-vêtue, l'autruche prodigue ses hardes à tout apparat inutile et n'est plus à la mode, en apparence seulement. Si ses plumes « ne se portent plus », les élégantes habillent volontiers leur indigence des qualités et des fanfreluches de l'autruche: l'oiseau qui se pare d'atours mais laisse toujours sa laideur intime à découvert. Le moment venu, si elles ne se voilent pas la face, elles ferment du moins les yeux devant « ce qui se présentera ». Avec un aplomb sans pareil, elles exhibent leur cervelle d'oiseau et avalent toutes choses qui s'offrent à leur regard, s'en remettant pour leur compréhension au hasard d'une bonne conscience digestive.
Disproportionnée, sensuelle et arrogante, l'autruche incarne l'échec suprême de la grâce, marchant toujours avec provocation, en une attirante danse macabre. On ne peut donc s'étonner que les très experts juges du Saint Office, aient imaginé comme passe-temps ou comme vexation d'emplumer les femmes indécentes pour les exposer nues en place publique.

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Sonita nous propose sa traduction :

L’autruche
À cri-gorge, tel un tube d’orgue profane, le cou de l’autruche proclama aux quatre vents la nudité radicale de la viande ornée. (Courte d’esprit à n’en plus pouvoir, commence ensuite avec tout son corps une série de variations insolentes sur le thème de la pudeur et de l’effronterie.)
Plus que poulet, poussin gigantesque en couches. Le meilleur exemple sans doute pour la jupe la plus courte et le décolleté le plus ouvert. Bien qu’elle soit toujours à moitié habillée, l’autruche prodige ses haillons à tout va de manière superflue, et il a passé de mode seulement en apparence. Si ses plumes « ne se portent plus », les dames élégantes s’habillent de bon gré leur indigence avec les vertus et les fanfreluches de l’autruche : l’oiseau qui se décore mais qui laisse toujours l’intime mocheté à découvert. Pouvant arriver que si elles ne cachent pas leur tête, elles ferment pour le moins les yeux « à ce qui advienne ». Sans pareil sans-gêne exposent leur légèreté de critère et avalent tout ce qui leur passe devant, laissant la consommation au hasard d’une bonne conscience digestive.
Délabrée, sensuelle et arrogante, l’autruche représente le meilleur échec de l’élégance, se bougeant toujours avec effronterie, dans une appétissante danse macabre. Cela ne peut donc pas nous étonner que les experts juges du Sainte Office conçurent le passetemps ou la vexation de mettre des plumes sur les femmes indécentes pour les amener toutes nues sur la place.

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