mercredi 30 décembre 2009

Exercice de version, 40

LA SALVAJA es una niña, es una muchacha, es una mujer. No tiene familia, no tiene memoria, no tiene edad. La salvaja no forma parte de esta genealogía o de aquella historia. Su futuro, si existe, se conjuga en infinitivo. A la salvaja no le corresponde identidad alguna ni sabe lo que es la fidelidad. Todo en ella se desborda. Si algo la sustenta es su egoísmo inocente, su fervor por la batalla, su sensualidad alegre. Sólo su propio deseo es capaz de agotarla, sólo su deseo la destroza y la reconstruye. La salvaja es un río y es luz, es azul y es transparente, está en constante movimiento para ser siempre la misma y se dezplaza tan rápidamente que creemos que está quieta. La salvaja rompe con todo porque es ingobernable. La salvaja, sobre todo, es feliz. Para ella felicidad y vida son una y la misma cosa. Y éstos son sus poemas. Por supuesto, los poemas de una salvaja no son piedras preciosas. Sus poemas son sencillamente piedras que ruedan por el fondo de un río de cauce siempre cambiante, son el murmullo de esas piedras transhumantes por su vereda de agua.

Carmen Boullosa, La salvaja

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La traduction que je vous propose :

La sauvage est une enfant, une jeune fille, une femme. Elle n'a pas de famille, pas de mémoire, pas d'âge. La sauvage ne fait partie ni de cette généalogie ni de cette histoire. Son futur, oui, il existe, sur le mode infinitif. La sauvage n'a pas d'identité à elle, pas plus qu'elle ne sait ce qu'est le bonheur. Tout chez elle est excessif. S'il y a une denrée qui la nourrit, c'est son égoïsme innocent, sa passion pour la bataille, sa sensualité joyeuse. Il n'y a guère que son propre désir qui puisse l'épuiser ; seul son désir la détruit et la reconstruit. La sauvage est un fleuve et est lumière, elle est bleue et transparente, elle est constamment en mouvement pour demeurer toujours identique et elle se déplace si rapidement que nous, nous croyons qu'elle est immobile. La sauvage rompt avec tout parce qu'elle est ingouvernable. La sauvage, surtout, est heureuse. De son point de vue, bonheur et vide sont une seule et même chose. Voilà ses poèmes. Évidemment, les poèmes d'une sauvage ne sont pas des pierres précieuses. Ses poèmes sont simplement des pierres qui roulent au fond d'une rivière dont le lit est perpétuellement changeant, ils sont le murmure de ses pierres transhumantes sur son sentier d'eau.

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Amélie nous propose sa traduction :

La sauvage est une enfant, une jeune fille, une femme. Elle n’a pas de famille, pas de mémoire, pas d’âge. La sauvage ne fait ni partie de cette généalogie, ni de cette histoire. Son futur, s’il existe, se conjugue à l’infinitif. La sauvage n’a pas d’identité à elle et ne sait pas ce que fidélité signifie. Tout en elle déborde. Si quelque chose la nourrit, c’est son égoïsme innocent, sa ferveur guerrière, sa sensualité joyeuse. Seul son propre désir a la capacité de l’épuiser, seul son désir la détruit avant de la reconstruire. La sauvage est à la fois fleuve et lumière, à la fois bleue et transparente, elle est constamment en mouvement pour rester toujours la même et elle se déplace si rapidement que nous la croyons immobile. La sauvage rompt avec tout parce qu’elle est incontrôlable. La sauvage, par-dessus tout, est heureuse. Pour elle, le bonheur et la vie sont une seule et même chose. Et voilà ses poèmes. Évidemment, les poèmes d’une sauvage ne sont pas des pierres précieuses. Ses poèmes sont tout simplement des pierres qui roulent au fond d’un fleuve au lit perpétuellement changeant, ce sont le murmure de ces pierres transhumantes sur leur sentier d’eau.

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