samedi 16 janvier 2010

Le 2000e post tradabordien

En photo : Vive le roi graffiti, par His and Hers Parigi

Eh bien oui, d'ici quelques jours, nous en serons au 2000ème post…, depuis septembre 2008. Et comme j'aime les bilans, en particulier les bilans chiffrés, voici deux autres chiffres, tout aussi impressionnants :

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À l'occasion du 1000ème, j'avais demandé à une « promo Anne Dacier », Jacqueline, de nous écrire un petit texte de circonstance ; exercice auquel elle s'était spontanément pliée, comme à presque tout le reste… (n'est-ce pas ?), nous livrant les quelques lignes que je reproduis à la suite – avant de publier le deuxième, celui que je lui ai "commandé" pour le 2000ème… J'en profite pour lui rappeler qu'un rituel étant un rituel, elle sera de corvée de 3000ème, si la cohabitation tradabordienne perdure jusque-là (ce dont je ne doute pas !).
Merci, chère Jacqueline de ta bonne volonté et de ta belle plume…

Pour le 1000ème :

Un jour, la grand-mère dit à ses petits : je vais vous raconter une histoire, l’histoire du…

POST-ROI

… et c’est ainsi qu’elle commença :

Dans un lointain pays dont je veux bien me rappeler le nom, tout en « o » et en « a » je crois, et qui invitait au voyage, vivaient une traduction longue et un post-roi. Lui était fou et gai, rien ne le limitait, elle digne et compassée entre ses guillemets, lui mettait le holà ! Il prit les choses en ligne, et du soir au matin autour d’elle virevolta ; il débuta très fort, traçant des volutes de Reja autour de sa belle… elle bailla.
— Fort bien, dit-il. Essayons autre chose. Il offrit un sonnet tout de lys et de rose aux reflets mordorés : la belle le dédaigna. Alors il pensa la séduire en la faisant rire, essaya cent jeux subtils, la couvrit de mots et de billets sans cesser un seul jour… La belle résista :
— Vous bloguez, dit-elle. J’ai cent pages à mon cou, toutes plus belles que vous ;
je dois les bichonner, leur parler, les amadouer, cela me prend du temps, voyez-vous : je n’ai que faire de vos frivolités.
— Il essaya encore, donna l’artillerie, offrit sans trêve les douze incontournables
à ses petits matins et pour les soirées fraîches, il cousit des recettes et les mit en quatrains. En vain. Alors il sonna le clairon : qu’en pensez-vous ? Qu’en pensez-vous ? Oui ? Non ? Les deux à la fois ? Je n’y comprends rien, je ne sais plus, que faire en cette circonstance ?
— Rien, mon cher, amusez-vous tout seul. Moi, j’ai mes rimes à faire et mon titre
à trouver.
Il devint fou et grave, chercha des référents dans les contrées lointaines, par-delà les océans, remua ciel et terre pour la belle enfant. L’histoire dura des mois, sept, je crois. Peine perdue. La belle s’en alla, on ne la revit pas. Le post-roi désolé s’arracha une virgule de chagrin et puis frappa du point. Il fit tant et si bien qu’il éclata … en mille confettis tout d’or et de diamants, mille it-post qui tombèrent en pluie drue .
L’éditeur au long cou dressa si tôt l’oreille, ajusta ses lorgnons, s’approcha du navire et sous les confettis entasc’est alors qu’il vit des trésors en feuillets : une infante en chaussons, l’amour dans la prison, un avion en piqué, des petits plats(a) à
Rio, un aimé (Eme) à Séville, un conseil pour la route : « Es aconsejable no bañarse dos veces en la misma agua… » Plus de doute : il se frotta les mains, emporta son butin. Les post s’envolèrent, un resta bien au chaud sous la couverture lue de sa traduction longue.
Je fus ce post -là, traduction me voilà, car nous ne faisons qu’un, lui et moi, moi et lui, sur l’étagère rose de votre librairie.

Voyez-vous, mes enfants, la morale de cette histoire, si morale il y a, c’est qu’il n’y avait pas un post-roi mais mille post-roi. Chacun avait sa part, chacun son importance : les versions de Brigitte, les jeux de Nathalie, les fiches de Kaki, les billets du dimanche, les thèmes du lundi, les recettes de Blandine, et des jumelles Laure les chants et les danses, Laetitia la plus jeune fermait la marche de son abécédaire. Oui, la troupe était fière et la moisson jolie. C’était en … ne me le demandez pas, je ne veux pas m’en souvenir, c’était hier et c’est aujourd’hui.

Pour le 2000ème :

L’empereur des posts

Le 1000ème post a dit, Ciel, je suis doublé, que faire ? Vous adapter, mon cher, lui répond l’autre sans pitié. Considérer que tout va très vite désormais : on zappe, on esèmesss, six mois sont écoulés, qu’en avez-vous donc fait ? 6 mois !!! Je suis toujours dans mon lointain pays, je ramasse mes confetti tout d’or et de diamants, un à un, patiemment, pour m’en faire un manteau et me tenir au chaud.
Écoutez, ce n’est plus de saison, nous avançons, nous avançons. Le post-roi est mort, vive le post-roi, se rengorgea « l’itou » d’un air très important. Tout doux mon bon ami. Traduisez-moi cela, je vous prie : Quem não arrisca não petisca. Que me chantez-vous là, quel est ce charabia, s’inquiète le double-it en se grattant la tête. C’est tout simple pourtant, qu’avez-vous donc appris des deux mille it qui vous ont précédé : il faut oser, mon cher, pour se retrouver sur l’étagère rose des rêves du passé. Allons, traduisez donc.
Mais balbutie l’autre aux abois, je n’y comprends fève. C’est bien, tirons les rois, j’offre la galette, la bobinette cherra. L’élu prend sa part, y découvre un bout de parchemin roussi, le tire et lit : « Qui ne risque rien n’a rien ». Et voilà mon souhait, mon viatique, mon élixir de guerre et mon bâton de paix, restez fidèle à l’esprit, les mots viendront d’eux-mêmes. Osez croire à l’étoile, la vôtre et votre voix, suivez-la. Voilà mon doux ami, ce qu’en six mois, je fis. Les mots vont et viennent. Je les oublie. Je réfléchis.
Moi, je suis pressé, je suis pressé, dit l’autre en se levant, à moi, les soirées trop courtes pour ma traduction longue et l’immersion prochaine dans ma maison d’édition. Je traque le mot juste, vous comprenez, je n’ai pas de temps pour vos élucubrations.
Je l’ai traqué aussi, puis l’ai apprivoisé. Laissez-moi donc rêver. Le 2000ème post prit la pose et dit : « C’est moi, l’empereur des post. »
AH OUI? fit le 2001ème, se léchant les babines et découvrant ses crocs…

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