dimanche 31 janvier 2010

« Premier atelier d’écriture animé par Stéphanie Benson », par Laëtitia Sw.

[en complément du post publié par Amélie le 22 janvier]

Nous l’attendions avec impatience... nous l’avons enfin vécu... et nous n’avons pas été déçus ! Mercredi 20 janvier, nous étions tous réunis (anglicistes et hispanistes) pour notre premier atelier d’écriture avec Stéphanie Benson. Nous en sommes ressortis fourbus (quelle activité intense !), mais heureux d’avoir réussi à mettre toute notre énergie créatrice à l’œuvre ! Ce n’est pas exagéré car les travaux recelaient vraiment, chacun dans un genre différent, de belles trouvailles.
Pour commencer, Stéphanie Benson nous a expliqué en quoi allaient consister précisément nos rendez-vous hebdomadaires. Objectif final : la fabrication d’un objet littéraire, soit l’écriture d’une nouvelle ! But visé à travers cette expérience : sonder les ressorts de son propre style d’écriture. En effet, la pratique de ce type d’ateliers, par la collecte de matériaux pour notre fiction courte et la réalisation d’exercices de rédaction progressifs, doit nous amener à « rendre visible » notre style. Ainsi, nous allons apprendre à cerner et à travailler notre écriture personnelle. Pour cela, nous nous poserons au fil des séances de nombreuses questions. Par exemple : Excellons-nous dans la construction de phrases plutôt longues ou courtes ? Recourons-nous spontanément aux métaphores ou privilégions-nous un langage brut ? Préférons-nous un style poétique ou un style réaliste ?
Mais ce n’est pas tout ! Il ne suffit pas de se lancer à corps perdu dans une rédaction effrénée pour mieux se connaître et extirper le meilleur de nos imaginations fébriles ! Il faut aussi se surveiller de près ! Ainsi, appréhender son style passe également par le repérage de ces inévitables « tics » littéraires qui nous collent à la peau. Nous devons donc faire en sorte de les repérer (car nous n’en sommes pas toujours conscients) pour s’en débarrasser (allez, ouste !), même si ceux-ci sont évolutifs (c’est qu’en plus d’avoir la vie dure, ils mutent en permanence pour nous embêter un peu plus...) Le travail n’est donc jamais gagné... Il sera toujours à refaire... « Cent fois sur le métier tu remettras l’ouvrage... » Tiens, ça me rappelle quelque chose... Ce n’est pas le principe même de la tâche du traducteur ?
Bon, après la théorie, passons à la pratique, car pas question ici de se perdre en conjectures ! Nous nous sommes mis dare-dare au boulot ! Crayon en main, feuille blanche sous les yeux (jamais évident de se lancer sans filet...) et méninges prêtes à être triturées !
Les consignes pour ce premier atelier étaient les suivantes... Première étape : nous devons entreprendre la description d’un quartier de ville. Les « contraintes » : notre écrit doit débuter par une comparaison, se nourrir de verbes d’état, être raconté à l’imparfait et au plus-que-parfait, tenir en une dizaine de lignes. Deuxième étape : nous devons ensuite passer à la narration en introduisant un personnage en mouvement. Nouvelles « contraintes » : privilégier cette fois les verbes d’action, basculer au passé simple, condenser de nouveau notre expression en une dizaine de lignes, ne pas hésiter à introduire des ruptures. Troisième et dernière étape : nous devons enfin terminer par un court dialogue entre notre personnage et une de ses rencontres.
C’est donc avec enthousiasme et application que nous nous sommes attelés à la tâche, et de ce dur labeur a émergé un ensemble de premières productions encourageantes...
Pour ne pas vous laisser sur votre faim (je vous entends dire : « hmmm... mais ça peut donner quoi un tel exercice ?), je vous propose de découvrir à la suite le texte que nous a fait partager Stéphanie Benson. Qu’il puisse vous guider vous aussi dans vos réflexions !
Merci beaucoup à elle d’avoir accepté que son travail soit publié sur le blog et bonne lecture à tous !

« Le quartier de l’horloge s’empilait à gauche du Centre Georges-Pompidou comme une ville de Lego imaginée par un enfant gentiment capricieux. C’était construit, certes : des immeubles d’habitation qui s’imbriquaient les uns dans les autres, des balcons qui ponctuaient la surface en cascades irrégulières, des locaux commerciaux qui entouraient chaleureusement des placettes et longeaient avec bienveillance des voies de circulation piétonne... Cependant, situé comme il l’était, jouxtant le cube compact et entuyauté du musée d’art moderne, il paraissait incongru. Sa construction datait pourtant de la même période, à quelques mois près. Comme quoi.
Youri Sauta par-dessus la grille qui ralentissait l’accès à la rue Saint-Lazare, posa son skate-board sur la surface lisse du macadam et, d’un coup de basket, se propulsa en avant, les deux pieds bien calés sur le revêtement anti-dérapant de la planche pour naviguer les creux et les bosses jusqu’à la rue Rambuteau. Au bord du trottoir, il ramena le pied droit en arrière et frappa un coup sec sur le skate qui sauta avec obéissance dans ses mains. Sans interrompre son élan, il traversa la rue en courant pour se retrouver côté pairs, devant le bureau de tabac. La planche sous le bras, il entra.
– Un paquet de Marlboro, s’il vous plaît, tonna-t-il de son plus beau baryton.
– Votre carte d’identité, répliqua le buraliste. »

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