samedi 13 février 2010

Exercice de version, 85

El amor es una enfermedad del hígado tan contagiosa como el suicidio, que es una de sus complicaciones mortales. Sin embargo, ambas han sido convenientemen­te dignificadas, elevadas a una categoría sentimental, acaso por la imposibilidad de la ciencia para elaborar una terapéutica apropiada. La languidez, la suspirante actitud de las doncellas medievales que derramaban su palidez por una, ventana con la misma seriedad con que una lavandera derrama un balde de agua, no era sino el resultado lógico de una alimentación pasada de proteínas.
Pero lo más peligroso de la enfermedad amorosa es lo que ella tiene de teatral. No sólo en su esencia, sino en sus elementos accidentales. Tan pronto como se presentan los primeros síntomas, el paciente se vuelve impaciente, elabora argu­mentos, monta su aparataje escenográfico con el más complicado sistema de bam­balinas suspirantes, de consuetas literarios (sic), de telones decorados a brochazos de lírica timidez; y empapela las paredes de su pensamiento con cartelones apara­tosos que anuncian una conmovedora obra ceñida a los cánones de un auténtico dramatismo de escuela, para después, a la hora de la función, salir con una panto­mima. De allí que las más grandes obras de la literatura universal, no tengan otro fin que encontrar la vulnerabilidad hepática del lector.
Con el amor, como con toda enfermedad contagiosa, sucede que quien la con­trae tiene indefectiblemente a quien cargarle la culpa. Aunque después venga el período del aislamiento, de la cuarentena sentimental, en que los dos enfermos, después de innumerables rodeos, logran encontrarse en el sitio espiritual donde su identificación sintomática comienza a acentuarse y su enfermedad a volverse crónica.

Gabriel García Márquez, « El amor es una enfermedad medieval »

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Amélie nous propose sa traduction :

L’amour est une maladie du foie aussi contagieuse que le suicide, qui en est d’ailleurs une des complications mortelles. Toutefois, toutes deux ont été ennoblies à juste titre, élevées au rang de catégorie sentimentale, peut-être à cause de l’incapacité de la science à mettre en place une thérapie appropriée. La langueur, l’attitude soupirante des demoiselles médiévales qui déversaient leur pâleur à la fenêtre, sérieuses comme une blanchisseuse déversant un seau d’eau, n’était que la conséquence logique d’une alimentation trop riche en protéines.
Or, c’est le caractère théâtral de la maladie amoureuse qui présente le plus de dangers. Non seulement dans son essence, mais aussi dans ses composantes secondaires. Dès que les premiers symptômes apparaissent, le patient devient impatient, il élabore des arguments, monte son décor scénique en utilisant un système extrêmement compliqué de frises galantes, de souffleurs littéraires (sic), de rideaux peinturlurés de timidité lyrique ; puis il tapisse les murs de sa pensée avec des affiches tape-à-l’œil annonçant une pièce émouvante, fidèle aux canons d’un authentique dramatisme d’école, pour finalement entrer sur scène avec un numéro de pantomime, au moment de la représentation. Il en ressort que les plus grandes œuvres de la littérature universelle n’auraient d’autre fin que celle de toucher la vulnérabilité hépatique du lecteur.
Il se trouve qu’en amour –comme dans toute autre maladie contagieuse–, celui qui l’attrape a forcément quelqu’un sur qui rejeter la faute. Même si s’ensuit la période d’isolement, celle de la quarantaine sentimentale, durant laquelle les deux malades, après d’innombrables détours, parviennent à se rencontrer dans le lieu spirituel où leur identification symptomatique commence à s’accentuer et leur maladie à devenir chronique.

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Chloé nous propose sa traduction :

L’amour est une maladie du foie aussi contagieuse que le suicide, qui est une de ses complications mortelles. Cependant, toutes deux ont été ennoblies, élevées au rang de catégorie sentimentale, peut-être à cause de l’incapacité de la science à trouver une thérapie adaptée. La langueur, l’attitude soupirante des demoiselles médiévales qui déversaient leur pâleur d’une fenêtre avec le même sérieux qu’une blanchisseuse déverse un sceau d’eau, n’était que la conséquence logique d’une alimentation trop riche en protéines.
Mais le plus dangereux dans la maladie amoureuse, c’est ce qu’elle a de théâtral. Non seulement dans son essence, mais aussi dans ses effets secondaires. Dès que les premiers symptômes font leur apparition, le patient devient impatient, il élabore des arguments, monte une mise en scène avec un système très complexe de frises romantiques, de souffleurs littéraires (sic), de rideaux décorés et peints de timidité lyrique ; puis il tapisse les murs de sa pensée d’affiches spectaculaires qui annoncent une pièce émouvante, fidèle aux canons d’un authentique dramatisme d’école, pour finalement, à l’heure de la représentation, faire son entrée avec un numéro de pantomime. Il semble donc que les plus grandes œuvres de la littérature universelle n’aient d’autre fin que celle de toucher la vulnérabilité hépatique du lecteur.
Il se trouve qu’avec l’amour, comme avec toute autre maladie contagieuse, celui qui l’attrape a toujours quelqu’un sur qui rejeter la faute. Même si s’ensuit la période d’isolement, celle de la quarantaine sentimentale, durant laquelle les deux malades, après d’innombrables détours, parviennent à se rencontrer dans le lieu spirituel où leur identification symptomatique commence à s’accentuer et leur maladie à devenir chronique.

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Laëtitia Sw. nous propose sa traduction :

L’amour est une maladie du foie aussi contagieuse que le suicide, qui est une de ses complications mortelles. Cependant, toutes les deux ont été avantageusement élevées au digne rang des sentiments, peut-être du fait de l’impossibilité de la science à élaborer une thérapeutique appropriée. La langueur, l’attitude soupirante des donzelles du Moyen Âge qui versaient leur pâleur par une fenêtre aussi sérieusement qu’une lavandière renverse un seau d’eau, n’étaient que le résultat logique d’une alimentation carencée en protéines.
Mais le plus dangereux de la maladie amoureuse vient de ce qu’elle a de théâtral. Non seulement dans son essence, mais aussi dans ses éléments accidentels. Dès l’apparition des premiers symptômes, le patient devient impatient, il élabore des scénarios, il recourt, pour monter sa machine scénographique, au système le plus compliqué de frises soupirantes, de souffleurs littéraires (sic), de rideaux décorés à grands coups de timidité lyrique ; et il tapisse les murs de sa pensée avec de grandes affiches voyantes qui annoncent une œuvre émouvante conforme aux canons d’un authentique dramatisme d’école, pour ensuite, à l’heure de la représentation, entrer en scène dans une pantomime. D’où il s’ensuit que les plus grandes œuvres de la littérature universelle n’ont d’autre fin que celle de toucher la vulnérabilité hépatique du lecteur.
Il en est de l’amour comme de toute maladie contagieuse : celui qui la contracte cherche indéfectiblement sur qui rejeter la faute. Même si, par la suite, survient la période d’isolement, de la quarantaine sentimentale, pendant laquelle les deux malades, après d’innombrables tergiversations, finissent par se rencontrer dans l’endroit spirituel où leur identification symptomatique commence à s’accentuer et leur maladie, à devenir chronique.

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Pascaline [la fan n°1 de García Márquez] nous propose sa traduction :

L'amour est une maladie du foie aussi contagieuse que le suicide, qui en est l'une de ses complications mortelles. Cependant, toutes deux ont été ennoblies, élevées au rang de catégorie sentimentale, sans doute face à l'impossibilité de la science d'élaborer une thérapie appropriée. La langueur (l'attitude soupirante des demoiselles médiévales qui déversent leur pâleur par une fenêtre avec le même sérieux qu'une blanchisseuse renverse un seau d'eau) n'est ni plus ni moins que le résultat logique d'une alimentation trop riche en protéines. Mais le plus dangereux de la maladie amoureuse résulte de son caractère théâtral. Pas seulement dans son essence, mais aussi dans ses composantes accidentelles. Dès que se présentent les premiers symptômes, le patient devient impatient, invente des arguments, monte toute une mise en scène avec le système le plus complexe de frises soupirantes, de clichés littéraires, de rideaux décorés à coups de pinceau d'une timidité lyrique ; et il tapisse les murs de sa pensée d'affiches pompeuses qui annoncent une émouvante œuvre fidèle aux canons d'un authentique dramatisme d'école, pour ensuite, au moment de la représentation, apparaître avec une pantomime. Cela explique que les plus grandes œuvres de la littérature universelle n'aient pas d'autre but que celui de toucher la vulnérabilité hépatique du lecteur. Avec l'amour, comme avec toute maladie contagieuse, il se trouve que quiconque la contracte a immanquablement quelqu'un sur qui rejeter la faute. Même si, plus tard, la période d'isolement arrive (celle de la quarantaine sentimentale), pendant laquelle les deux malades, après d'innombrables détours, réussissent à se retrouver dans le lieu spirituel où leur identification symptomatique commence à s'accentuer, et leur maladie à devenir chronique.

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Julie D. nous propose sa traduction :

L'amour est une maladie de foie aussi contagieuse que le suicide qui est une de ses complications mortelles. Cependant, toutes deux ont été opportunément ennoblies, élevées à un rang sentimental, peut être en raison de l'impossibilité de la science à élaborer une thérapie appropriée. La langueur, l'attitude soupirante des demoiselles médiévales qui déversent leur pâleur par une fenêtre avec le même sérieux qu'une lavandière déverse une bassine d'eau, n'était rien d'autre que le résultat logique d'une alimentation pauvre en protéines.
Mais, le plus dangereux de la maladie d'amour est ce qu'elle a de théâtral. Non seulement dans son essence mais aussi dans ses éléments imprévisibles. Aussitôt que se présentent les premiers symptômes, le patient devient impatient, il élabore des scénarios, monte son attirail scénographique avec le système le plus compliqué de bandes de décor soupirantes, de souffleurs littéaires (sic), de rideaux décorés à coups de pinceau d'une timidité lyrique, et il tapisse les murs de sa pensée de grandes affiches pompeuses annonçant une oeuvre émouvante, fidèle aux canons d'un authentique dramatisme d'école, pour ensuite, à l'heure de la représentation, sortir avec une pantomime. De là, le fait que les plus grandes oeuvres de la littérature universelle n'aient d'autre fin que celle de toucher la vulnérabilité hépatique du lecteur.
Il se passe avec l'amour, comme avec n'importe quelle autre maladie contagieuse que celui qui l'attrappe a infailliblement quelqu'un sur qui rejeter la faute. Même si vient ensuite le temps de l'isolement, de la quarantaine sentimentale, pendant laquelle les deux malades, après d'innombrables détours, arrivent à se retrouver à l'endroit spirituel où leur identification symptomatique commence à devenir chronique.

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Morgane nous propose sa traduction :

L’amour est une maladie du foie aussi contagieuse que le suicide, qui est l’une des complications mortelles. Cependant, toutes deux ont été convenablement dignifiées, élevées à une catégorie sentimentale, peut-être à cause de l’impossibilité de la science de l’élever pour élaborer une thérapie appropriée. La fragilité, l’attitude amoureuse des demoiselles médiévales qui répandent leur pâleur à travers une fenêtre avec le même sérieux qu’une blanchisseuse répand un seau d’eau, n’était autre que le résultat logique d’une alimentation manquant de protéine. Mais le plus dangereux de la maladie amoureuse est ce qu’elle a de théâtral. Non seulement dans son essence, mais encore dans ses éléments fortuits. Aussitôt que se présentent les premiers symptômes, le patient devient impatient, élabore des arguments, monte son appareil scénographique avec le système le plus compliqué de frises soupirantes, de souffleur littéraires (sic), rideaux décorés à coup de pinceau d’une timidité lyrique ; et tapisse les murs de sa pensée avec des cartons spectaculaires qui annoncent une émouvante œuvre réduite aux canons d’un authentique dramatisme d’école, pour ensuite n’ avoir d’autres fins que de trouver la vulnérabilité hépatique du lecteur. Avec l’amour, comme avec toute maladie contagieuse, il arrive que celui qui l’attrape ait indéfectiblement quelqu’un sur qui rejeter la faute. Bien qu’après vienne la période de l’éloignement, de la quarantaine sentimentale, dans laquelle les deux malades, après d’innombrables rodéos, arrivent à se retrouver dans le lieu spirituel où leur identification symptomatique commence à s’accentuer et leur maladie à devenir chronique.

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