vendredi 5 mars 2010

Exercice de version, 105

La última cena, nunca mejor dicho, que fue, creo, la segunda a la que yo asistí, había transcurrido de manera muy agradable, salvando la intervención ambulatoria. Se sirvió de una manera sobradamente formal para mi gusto. Eran los anfitriones los que nos servían a los tres o cuatro invitados, interrumpiendo por tanto los comentarios y el cachondeo. De otra parte, la mesa del comedor, y el comedor mismo, reducido por aparadores, vitrinas, grandes sillones y una complicada sillería, no daba para semejante despliegue de fuentes, cuberterías, argenterías, bajoplatos y salvamanteles, etc., etc., etc., pero fue, a pesar de todo, muy de agradecer. Salvo las especias, claro.
Luego, tomamos una copa trasladándonos apenas metro y medio. Alrededor de la chimenea, en un tresillo, que, ignoro por qué, habían forrado con unas fundas cuya etiqueta de «No lavar con agua caliente» y el porcentaje de fibra pedí que cortáramos con unas tijeras. Pusieron en la mesa cinco pares, obtenidos de algún cajón de sastre próximo. Ninguna nos sirvió. Alguien arrancó las etiquetas de un tirón bien administrado...
A pesar del calor incondicional, tomábamos nuestras bebidas largas, y las sudamos. Tres comensales fumaron unos porros. Aprovechando los viajes de Richard a la cocina, uno nos ofreció una raya de coca. Ricky fue el primero en aceptarla, y la esnifó con una rapidez y una habilidad insospechables, y mirando hacia el pasillo. Lo que me hizo caer en la cuenta de que la confianza de los dos gordos no era tan absoluta. Se habló de la época gloriosa de los ligues, tan furtivos como perseguidos, en el Madrid del 65 al 70. Ricky debía entonces de estar especializado en cines, porque, en una ausencia de Richard, enunció, por sectores, una larga retahila. Tan larga se me antojó que dudé de su veracidad, ratificada por algún otro asistente.

Antonio Gala, Los invitados al jardín

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Laëtitia Sw. nous propose sa traduction :

Le dernier dîner qui fut, je crois, le deuxième auquel j’assistai, s’était très agréablement déroulé, sauvant l’intervention ambulatoire. Il fut servi d’une manière trop formelle à mon goût. C’étaient les amphitryons eux-mêmes qui s’occupaient des trois ou quatre invités que nous étions ; c’est pourquoi, nous interrompions souvent rires et commentaires. D’autre part, la table de la salle à manger, sans parler de la salle à manger qui était encombrée de buffets, vitrines, grands fauteuils et sièges compliqués, offrait un déploiement de plats, couverts, argenterie, sous-plats et garde-nappes, etc., etc., etc. à nul autre pareil. Malgré tout, ce fut très plaisant. Sauf les épices, bien sûr.
Ensuite, nous nous déplaçâmes d’à peine un mètre et demi pour prendre un verre. Autour de la cheminée, sur un ensemble canapé-fauteuils qu’on avait habillé, j’ignore pourquoi, de housses dont l’étiquette mentionnait « Ne pas laver à l’eau chaude » ainsi que le pourcentage de fibre ; je demandai à ce qu’on la coupât avec des ciseaux. On mit sur la table cinq paires de, tirées d’un fouillis voisin. Aucune ne nous servit. Quelqu’un arracha les étiquettes d’un coup sec...
Malgré la chaleur extrême, nous buvions allègrement nos verres, que nous éliminâmes en suant. Trois convives fumèrent des cigares. À la faveur des allers retours de Richard à la cuisine, quelqu’un nous offrit un rail de coke. Ricky, qui fut le premier à l’accepter, le sniffa avec une rapidité et une habilité insoupçonnables, tout en regardant vers le couloir. Ce qui me fit me rendre compte que la confiance des deux gros n’était pas si inconditionnelle. On parla de l’époque glorieuse de nos flirts, éphémères ou sérieux, dans le Madrid des années 65 à 70. Ricky devait alors être un spécialiste des cinémas, parce que, profitant d’un moment où Richard n’était pas là, il en énonça, secteur par secteur, une kyrielle. La liste me parut si longue que je doutai de sa véracité, qui fut pourtant attestée par un autre invité.

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Morgane nous propose sa traduction :

Le dernier dîner, on ne pouvait pas mieux dire, fut, me semble t-il, le second auquel j’assistai, s’était déroulé de manière fort agréable, à l’exception de l’intervention de l’hôpital de jour. On servit de manière démesurément formelle à mon goût. C’était les commis de service qui nous servaient, nous, les trois ou quatre invités, interrompant par conséquent, commentaires et rigolades. D’autre part, la table du réfectoire, et le réfectoire lui-même, encombré de meubles, vitrines, grands fauteuils et un jeu de chaises compliqué ne donnait pas lieu à un tel déploiement de fontaines, couverts, argenteries, dessous de plats et ronds de serviettes, etc, etc, etc., mais ce fut, malgré tout, fort agréable. Sauf les épices, bien entendu. Ensuite, nous avons pris un verre en nous déplaçant à peine d’un mètre et demi. Autour de la cheminée, dans un salon, lequel, j’en ignore la raison, avait été couvert avec quelques housses dont l’étiquette « Ne pas laver à l’eau chaude » et la quantité de fibre, je demandai qu’on retirât avec une paire de ciseau. On mit sur la table cinq paires, obtenues d’un quelconque fourre-tout proche. Aucune ne nous servit. Quelqu’un arracha les étiquettes d’un trait bien administré… Malgré la chaleur insupportable, nous prenions nos grandes boissons, et transpirions. Trois hôtes fumèrent quelques joints. Profitant des voyages de Richard à la cuisine, l’un d’entre eux nous offrit une ligne de cocaïne. Ricky fut le premier à l’accepter, et la sniffa avec une vélocité et une habileté insoupçonnée, et, regardant vers le couloir. Ce qui me permit de me rendre compte que la confiance des deux gros n’était pas aussi absolue. On parla de l’époque glorieuse des liaisons, si furtives comme prohibées, dans le Madrid des années 65 à 70. Ricky devait alors être spécialiste en ciné, car, en l’absence de Richard, il énonça, par secteur, une longue kyrielle. Elle me sembla si longue que je doutai de sa véracité, ratifiée pour un autre assistant.

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