vendredi 19 mars 2010

Votre version de la semaine : le sujet du CAPES externe de cette année (tombé hier, jeudi 18 mars)

Achispada como iba, con todos los sentidos embotados por el acohol y los reflejos considerablemente mermados, conducir a lo largo de la sinuosa y angosta carretera que llevaba a Sant Blai d'Escons fue una auténtica pesadilla. Estaba convencida de que iba a pegarme un tortazo en cualquier curva y que o bien me moriría, tras desangrarme lentamente entre el amasijo de hierros retorcidos y desgañitarme en vano pidiendo socorro durante toda la noche, o bien me quedaría inválida para el resto de mi vida. ¿Cabía mayor sarcasmo que el de morir en un lugar al que había ido huyendo de una contrariedad doméstica que en aquellos momentos la distancia tornaba ridícula? ¿No habría exagerado las molestias que me ocasionaban las obras?
Para acabar de arreglarlo todo, a mitad del camino empezo a caer una llovizna que en algunos momentos parecía aguanieve y hacía la pista muy resbaladiza. El pánico me agarrotaba las manos y, cuando, al salir de una curva, un conejo de monte cruzó de improviso la carretera a dos metros escasos de las ruedas del coche, di un brusco frenazo que me hizo perder el control. El coche resbaló, dio no sé si una o dos vueltas sobre su proprio eje a toda velocidad y, cuando yo ya pensaba que me estrellaba sin remedio contra alguno de los árboles que flanqueaban la carretera, se detuvo milagrosamente indemne, pero en el carril contrario y mirando a Bellvei, como si pretendiera regresar al lugar del que veníamos. Se me ocurrió que quizá se tratase de una señal con la que los hados pretendían advertirme de que algún desastre me aguardaba en Sant Blai o en el camino hacia allí. Y admito que, presa de un oscuro temor supersticioso, durante unos instantes estuve a punto de emprender el regreso a Bellvei e ingeniármelas como pudiera para pasar allí la noche.

Mercedes Abad, El vecino de abajo (2007)

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Laëtitia nous propose sa traduction :

Ivre comme je l’étais, tous les sens engourdis par l’alcool et les reflexes considérablement diminués, conduire le long de la sinueuse et étroite route qui menait à Sant Blai d’Escons fut un vrai cauchemar. J’étais convaincue que j’allais me prendre une gamelle dans un virage et que, soit j’en mourrais, après m’être lentement vidée de mon sang dans l’amas de taule froissée et m’être égosillée en vain à crier à l’aide toute la nuit, soit j’en sortirais invalide pour le reste de ma vie. Existait-il plus grande ironie que celle de mourir là où j’avais accouru pour fuir une contrariété domestique que la distance faisait paraître dérisoire en ce moment ? N’aurais-je pas exagéré la gêne que m’occasionnaient les travaux ?
Par-dessus le marché, au milieu du trajet, il commença à tomber une bruine qui avait parfois l’air d’être de la neige fondue et qui rendait la chaussée très glissante. La panique me crispait les mains et, quand, en sortant d’un virage, un lapin de garenne traversa la route à l’improviste à deux mètres à peine des roues de la voiture, je freinai d’un coup sec ce qui me fit perdre le contrôle du véhicule. La voiture dérapa, je ne sais si elle fit un tour ou deux sur son propre axe à toute vitesse et, quand je pensais déjà que j’allais à coup sûr m’écraser contre un des arbres qui flanquaient la route, elle s’arrêta miraculeusement indemne, mais sur la voie de circulation inverse et face à Bellevei, comme si elle était décidée à retourner à l’endroit d’où nous venions. Il m’est venu à l’esprit qu’il s’agissait peut-être d’un signe par lequel le destin voulait me prévenir qu’une catastrophe m’attendait à Sant Blai ou sur le chemin dans sa direction. Et j’admets que, en proie à une sombre crainte superstitieuse, pendant quelques instants je fus sur le point d’entreprendre le voyage retour à Bellevei et de m’arranger comme je pourrais pour y passer la nuit.

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Coralie nous propose sa traduction :

Enivrée comme je l’étais, tous mes sens engourdis par l’alcool et mes réflexes considérablement diminués, conduire sur la route sinueuse et étroite qui menait à Sant Blai d’Escons fut un véritable cauchemar. J’étais convaincue que j’allais me casser la figure dans un virage et que, soit je mourrais, après m’être lentement vidée de mon sang au milieu du ramassis de ferrailles tordues, et vainement égosillée en appelant à l’aide toute la nuit, soit je serais invalide pour le restant de ma vie. Existait-il un plus grand sarcasme que celui de mourir dans un lieu que j’avais peu à peu fuit à cause d’une contrariété domestique que dans ces moments-là la distance rendait ridicule ? N’aurais-je pas exagéré les troubles que m’occasionnaient les travaux ?
Pour couronner le tout, à mi-chemin, une bruine commença à tomber, ressemblant par moments à de la neige fondue et rendant la chaussée très glissante. La panique me crispait les mains et, quand, à la sortie d’un virage, un lapin de garenne traversa à l’improviste la route à deux mètres à peine des roues de la voiture, je donnai un brusque coup de frein qui me fit perdre le contrôle. La voiture glissa, je ne sais si elle fit un ou deux tours sur son propre axe à toute vitesse et, alors que je pensais déjà que j’allais forcément m’écraser contre un des arbres qui bordaient la route, elle s’arrêta comme par miracle, indemne, mais sur la voie inverse et regardant Bellvei, comme si elle prétendait retourner de là où nous venions. Il me vint à l’esprit qu’il s’agissait peut être d’un signe grâce auquel le destin voulait m’avertir qu’un désastre m’attendait à Sant Blai ou sur son chemin. Et j’admis que, prisonnière d’une crainte superstitieuse et obscure, durant quelques instants je fus sur le point d’amorcer le retour à Bellvei et m’arranger comme je pouvais pour passer la nuit là-bas.

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Chloé nous propose sa traduction :

Eméchée comme je l’étais, tous mes sens engourdis par l’alcool et mes réflexes considérablement amoindris, conduire le long de la route sinueuse et étroite qui menait à Sant Blai d’Escons fut un véritable cauchemar. J’étais convaincue que j’allais me planter à n’importe quel virage et que, soit j’en mourrais, après m’être lentement vidée de mon sang sous l’amas de tôle froissée et m’être époumonée en vain à crier à l’aide toute la nuit, soit j’en resterais invalide à vie. Y avait-il plus ironique que mourir à l’endroit même où j’étais arrivée en fuyant une contrariété domestique rendue à présent dérisoire par la distance? N’aurais-je pas exagéré la gêne que je ressentais à cause des travaux ?
Pour couronner le tout, à mi-chemin, une bruine qui ressemblait parfois à de la neige fondue commença à tomber, ce qui rendait la chaussée glissante. Mes mains étaient crispées par la panique, quand, au détour d’un virage, un lapin de garenne traversa soudainement la route à deux mètres à peine des roues de la voiture : je freinai d’un coup sec, ce qui me fit perdre le contrôle. La voiture dérapa, je ne sais pas si ce fut un ou deux tours qu’elle fit sur elle-même à toute vitesse et, alors que je pensais fatalement m’écraser contre un des arbres qui bordaient la route, elle s’immobilisa miraculeusement, indemne, mais sur la voie opposée, regardant Bellvei, comme si elle tentait de repartir à l’endroit d’où on venait. Je pensai qu’il s’agissait peut-être là d’un signe du destin voulant me prévenir qu’un désastre m’attendait à Sant Blai, ou sur le chemin y menant. Et j’admets que, en proie à une crainte superstitieuse incompréhensible, durant un court instant je fus sur le point d’entreprendre le trajet du retour vers Bellvei et de m’arranger comme je pourrais pour y passer la nuit.

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Amélie nous propose sa traduction :

Éméchée comme je l’étais, tous mes sens engourdis par l’alcool et mes réflexes considérablement diminués, conduire sur la route étroite et sinueuse qui menait à Sant Blai d’Escons fut un véritable cauchemar. J’étais convaincue que j’allais être victime d’un accident dans un virage et que, soit j’en mourrais, après m’être lentement vidée de mon sang au milieu de l’amas de tôle froissée et m’être égosillée en vain à force d’appeler au secours toute la nuit, soit j’en resterais invalide à vie. Y avait-t-il plus ironique que mourir à l’endroit même où j’étais arrivée en fuyant une contrariété domestique que la distance rendait à présent dérisoire? N’aurais-je pas exagéré la gêne que j’éprouvais à cause des travaux ?
Pour couronner le tout, à mi-chemin, une bruine commença à tomber ; parfois semblable à de la neige fondue, cela rendait la chaussée très glissante. Mes mains étaient crispées par la panique quand, au détour d’un virage, un lapin de garenne traversa la route sans crier gare à deux mètres à peine des roues de ma voiture : je freinai brusquement, ce qui me fit perdre le contrôle. La voiture dérapa, fit un tour ou deux –je ne sais pas– sur elle-même à une vitesse folle et, alors que je me voyais déjà m’écraser à coup sûr contre un des arbres qui bordaient la route, elle s’arrêta miraculeusement, indemne, mais sur la voie opposée, dans la direction de Bellevei, comme si elle essayait de retourner à l’endroit d’où nous venions. Je me dis qu’il s’agissait peut-être d’un signe envoyé par le destin pour tenter de me prévenir qu’une catastrophe m’attendait à Sant Blai ou sur le chemin. Et j’admets que, en proie à une crainte superstitieuse obscure, pendant un court instant je fus sur le point d’entreprendre le trajet du retour vers Bellvei et de me débrouiller comme je pourrais pour y passer la nuit.

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Laëtitia Sw. nous propose sa traduction :

Éméchée comme je l’étais, les sens tous émoussés par l’alcool et les réflexes considérablement amoindris, conduire le long de la route sinueuse et étroite qui menait à Sant Blai d’Escons fut un véritable cauchemar. J’étais convaincue que j’allais partir dans le décor au premier virage et que, soit je mourrais, après m’être lentement vidée de mon sang dans l’amas de tôles froissées et m’être en vain égosillée à appeler au secours pendant toute la nuit, soit je resterais handicapée pour le restant de mes jours. Mourir dans un lieu que j’avais fui pour une contrariété domestique dont je mesurais à ce moment-là la distance ridicule ne relevait-il pas du plus grand sarcasme ? Est-ce que je n’aurais pas exagéré la gêne occasionnée par les travaux ?
Pour couronner le tout, il se mit à tomber, à mi-chemin, une pluie fine qui, à certains moments, semblait être de la neige fondue et rendait la chaussée très glissante. La panique m’engourdissait les mains et quand, à la sortie d’un virage, un lapin de garenne traversa tout à coup la route à deux mètres à peine devant les roues de la voiture, je donnai un brusque coup de frein qui me fit perdre le contrôle du véhicule. La voiture dérapa, fit à toute vitesse un ou deux tête-à-queue, je ne sais pas, et, alors que je pensais déjà que j’allais irrémédiablement m’écraser contre un des arbres bordant la route, elle s’immobilisa, miraculeusement indemne, sauf qu’elle était sur l’autre voie et en sens inverse, regardant vers Bellvei, comme si elle cherchait à retourner à l’endroit d’où nous venions. J’eus l’idée qu’il s’agissait peut-être d’un signe du destin en vue de m’avertir d’un désastre qui m’attendait à Sant Blai ou sur son chemin. Et j’admets que, prisonnière d’une obscure peur superstitieuse, je fus, durant quelques instants, sur le point d’entreprendre le retour à Bellvei et de m’arranger comme je pourrais pour y passer la nuit.

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Émeline nous propose sa traduction :

Éméchée comme je l’étais, les sens engourdis et les réflexes considérablement diminués par l’alcool, conduire le long de l’étroite et sinueuse route qui menait à Sant Blai d’Escons fut un authentique cauchemar. J’étais convaincue que j’allais me foutre en l’air dans n’importe quel virage et que soit je mourrais, après m’être lentement vidée de mon sang au beau milieu de l’enchevêtrement de tôle froissée et après avoir hurlé au secours en vain pendant toute la nuit, soit je resterais invalide pour le reste de ma vie. Existait-il une ironie plus grande que de mourir dans un endroit où l’on était venu pour échapper à une contrariété domestique que la distance rendait ridicule en des moments pareils ? N’aurais-je pas exagéré la gêne que m’occasionnaient ces travaux ? Pour couronner le tout, à mi-chemin une fine pluie se mit à tomber, qui ressemblait parfois à de la neige fondue et qui rendait la chaussée très glissante. La panique me crispait les mains sur le volant, et, quand, en sortant d’un virage, un lapin de garenne traversa soudain la route à à peine deux mètres des roues de la voiture, je donnai un brusque coup de frein qui me fit perdre le contrôle. La voiture dérapa, tourna une ou deux fois sur elle-même à toute vitesse, et, alors que je pensais que j’allais inévitablement me fracasser contre une des arbres bordant la route, la voiture s’arrêta miraculeusement, indemne, mais sur la voie contraire, regardant vers Bellvei, comme si elle voulait retourner là d’où nous venions. Je crus qu’il s’agissait peut-être d’un signe du destin qui cherchait à me protéger d’un désastre qui m’attendait à Sant Blai ou sur le chemin. Et j’admets que, en proie à une sombre crainte superstitieuse, pendant quelques instants je fus sur le point de repartir à Bellvei et me débrouiller pour passer la nuit là-bas.

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Sonita nous propose sa traduction :

Éméchée comme j’étais, avec tous les sens engourdis par l’alcool et les réflexes considérablement réduits, conduire le long de la sinueuse et étroite route qui menait à Sant Blai d'Escons fut un véritable cauchemar. J’étais convaincue que j’allais me casser la figure dans un quelconque virage et que, ou bien je mourrais, après m’être lentement vidée de mon sang parmi le ramassis de fers déformés et m’époumoner en vain en train de crier au secours toute la nuit, ou alors je serais sur une chaise roulante le restant de mes jours. Y-avait-il un comble plus grand que celui de mourir là où j’avais fui à cause d’une contrariété domestique qu’à cet instant-là la distance rendait ridicule ? N’avais-je pas exagéré les ennuis que me causaient les travaux ?
Par-dessus le marché, à la moitié du chemin, une bruine commença à tomber et qui à certains moments paraissait de la neige fondue et rendait la route très glissante. La panique me serrait les mains très fort et, quand, en sortant d’un virage, un lapin de montagne traversa à l’improviste la route à seulement deux mètres des roues de la voiture, je freinai si brusquement que j’en perdis le contrôle. La voiture glissa, fit un ou deux tours sur elle-même à toute vitesse, et, quand je pensai que j’allai m’écraser de toute façon contre l’un des arbres qui flanquaient la route, elle s’arrêta net indemne, mais sur la voie en sens contraire en direction de Bellvei, comme si elle avait l’intention de revenir là d’où nous venions. Il me vint à l’esprit que peut-être il s’agissait d’un signe avec lequel le destin prétendaient m’avertir qu’une quelconque catastrophe m’attendait à Sant Blai ou en chemin vers là-bas. Et j’admets que, prise d’une obscure peur superstitieuse, pendant quelques instants je fus sur le point d’entreprendre le retour à Bellvei et trouver une manière d’y passer la nuit.

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