jeudi 30 septembre 2010

Entretien avec Céline Leroy (traductrice), réalisé par Stéphanie Maze

Comment êtes-vous venu à la traduction ?
De manière extrêmement banale. C’était ma matière de prédilection à l’université, celle qui m’amusait le plus.

Votre première traduction, qu’en pensez-vous aujourd’hui ?
Les exemplaires justificatifs qui me restent (ceux que je n’ai pas réussi à refourguer à des âmes charitables) sont cachés tout au fond d’un meuble de rangement. Je n’ai pas ouvert le livre depuis sa parution, mais je crois que je serais horrifiée.

Comment voyez-vous le métier de traducteur aujourd’hui ?
Je n’ai pas vraiment d’avis sur la question puisque je n’exerce ce métier à plein temps que depuis cinq ou six ans, mais il me semble qu’il s’est beaucoup professionnalisé, ce qui est sans doute une bonne chose. Autant pour les traducteurs que pour les éditeurs.

Quel type de littérature traduisez-vous le plus (roman, poésie, théâtre…) ? Y voyez-vous d’importantes différences en tant que traducteur ?
Je traduis surtout des romans, mais j’ai tâté de la poésie, de la bande dessinée et pendant deux ou trois ans, j’ai consacré un grand nombre de mes heures de veille à me demander comment traduire toutes sortes de noms d’oiseaux (littéralement, j’entends) pour des documentaires plus ou moins animaliers destinés au petit écran.
Dans les documentaires, la traduction s’apparente surtout à de l’adaptation et nécessite quelques recherches lexicales. Il y a un message à faire passer, une histoire à raconter, le tout doit être clair, convaincant et pourquoi pas, intéressant (si ce n’est captivant). On est dans l’efficacité plus que dans le style. Et bien sûr, traduire un script demande moins d’endurance que pour un roman.

Quels rapports entretenez-vous avec les éditeurs ?
J’ai la chance de n’avoir affaire qu’à des gens très professionnels, qu’ils soient éditeurs/éditrices, assistantes, relecteurs(rices) ou correcteurs(rices). J’évite de travailler avec les rares personnes pour qui le dialogue sur un texte est à sens unique.

Quels rapports éventuels entretenez-vous avec les auteurs que vous traduisez ?
Il peut arriver que les rapports soient houleux. Il y a ceux qui pensent maîtriser le français, ceux qui ne comprennent pas qu’on puisse avoir besoin de leur poser une question… C’est la vie, comme disent les anglophones en français dans le texte.

Quel est votre meilleur souvenir en tant que traducteur ?
La traduction des textes de Leonard Michaels.

Y a-t-il un auteur en particulier que vous aimeriez traduire ou que vous auriez aimé traduire ?
Dans le domaine anglo-saxon, j’aurais adoré aborder Faulkner et Brautigan en tant que traductrice. Et si j’étais polyglotte : Vladimir Tasic, Ricardo Piglia, Odon von Horvath, Fernando Pessoa, Etgar Keret, Akira Yoshimura…

Le traducteur est-il pour vous un auteur ou un passeur ?
Les deux quand le travail est bien fait.

Traduire a-t-il fait de vous un lecteur différent ? Et si oui, quel lecteur ?
Oui, bien sûr, le regard est aiguisé, les textes sont plus « transparents ».
Aujourd’hui, je n’essaye plus d’aller jusqu’au bout d’un livre mal traduit. Pourquoi se faire du mal ?
D’un autre côté, je ne me prive pas de piquer des idées dans les textes bien rendus.

Question « subsidiaire ». Quel conseil pourriez-vous donner à un apprenti traducteur ou une apprentie traductrice ?
Au bout de six ans, je me sens encore très souvent « apprentie ». On en reparle dans vingt ans ?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Très intéressant.
Etant moi-même traducteur, je souhaiterais contacter Céline LEROY.
Pourriez-vous m'indiquer la démarche à effecteur? Avec mes remerciements

Tradabordo a dit…

Bonjour,

J'essaie de contacter l'étudiante qui avait fait l'entretien, mais depuis le temps (2010, quand même !), je ne suis pas certaine de réussir.
Sinon, le plus simple, dans ces cas-là, est d'essayer de la contacter via les éditeurs pour lesquels elle a travaillé. Il font généralement suivre les courriers, etc.

Caroline Lepage