jeudi 30 septembre 2010

Entretien avec Vanessa de Pizzol (traductrice), réalisé par Alexis Poraszka

Vanessa DE PIZZOL est traductrice de l'italien et grec vers le français.

1) Qu'est-ce qui vous a amené à la traduction ?
La difficulté de trouver un travail en lien avec les langues en dehors de l’enseignement en collège, lycée, université m’a naturellement orientée vers la traduction. Traduction technique et littéraire, en sachant que la première permet davantage d’en vivre que la seconde (pour ce qui me concerne tout au moins)

2) Quelle a été votre première traduction ? Qu'en pensez-vous aujourd'hui ?
Ma première traduction littéraire a été une traduction pour le théâtre (dans le cadre du surtitrage de deux pièces représentées au TNP de Lyon). Les délais étant assez courts, il y a sans doute des répliques qu’il aurait fallu retravailler : fort heureusement cette traduction n’était pas destinée aux comédiens, ce qui rend l’exercice un peu différent. Je suis loin d’être satisfaite du résultat final, mais les commentaires des personnes ayant commandé ce travail ayant été assez positifs, j’estime tout de même avoir bien fait mon travail de traductrice.

3) Qu'est-ce qui détermine le choix des livres que vous traduisez ?
Jusqu’à présent, je n’ai fait aucune démarche personnelle auprès d’un éditeur pour proposer une traduction. Les œuvres traduites (théâtre, livret d’opéra, biographie) l’ont été suite à une demande soit directe de l’éditeur soit notamment par le biais de l’Institut Culturel Italien.

4) Comment s'organise votre travail ?
Jusqu’à présent, le travail de traduction littéraire dont j’ai eu la charge a toujours été soumis à de fortes contraintes de délais. Le dernier ouvrage conséquent que j’ai traduit m’a demandé un fort engagement (des journées et nuits entières consacrées à ce travail), il a donc fallu résister à la fatigue pour atteindre les objectifs.

5) Que faites-vous quand vous rencontrez une difficulté ?
J’essaie de la résoudre soit en faisant appel à d’autres collègues expérimentés, et en exploitant tous les dictionnaires en ligne spécialisés disponibles sur internet.

6) Combien de temps mettez-vous en général pour traduire un livre ?
Pour le moment, les délais que j’ai dû respecter n’ont pas excédé trois mois, mais je dois préciser que je n’ai pas traduit d’ouvrage trop dense (pas plus de 150 pages) et comme je l’ai dit précédemment, les délais étaient dans tous les cas imposés par les commanditaires.

7) Vous arrive-t-il d'avoir des échanges avec l'auteur du livre que vous traduisez ?
J’ai eu l’occasion d’être en rapport avec un auteur par téléphone, mais pour une traduction qui n’était pas à proprement parler littéraire (livre de recettes culinaires), et également avec l’auteur d’un livret d’opéra contemporain que j’ai rencontré en personne et qui m’a ainsi guidée dans la traduction d’un texte relativement difficile incluant des extraits de poésies et beaucoup de jeux avec la langue.

8) Quel est votre meilleur souvenir en tant que traductrice ? Quel livre avez-vous préféré traduire ?
Mon meilleur souvenir jusqu’à présent reste la traduction pour le théâtre, compte tenu de la tension dramatique développée au long du texte et de l’efficacité des répliques qu’il fallait rendre dans la traduction finale.

9) Avez-vous des conseils à donner aux futurs traducteurs ?
Le travail de traducteur reste sans aucun doute un travail solitaire, mais la chance aujourd’hui est de pouvoir profiter de listes de traducteurs qui échangent leurs impressions, donnent des conseils et peuvent répondre à des problèmes insolubles à première vue. Ceci pour le volet pratique du métier, par ailleurs il est important de briser l’isolement professionnel en adhérant aux associations et syndicats qui existent, notamment pour être bien au fait des droits et des devoirs de la profession. Négocier seul son contrat avec l’éditeur, quand on ne dispose que de très peu d’informations, est difficile et les conséquences peuvent être parfois dramatiques.

10) Traduire fait-il de vous un lecteur différent ?
Je pense que la traduction est une seconde lecture « à la loupe », qui permet d’examiner de près les ressorts de la fiction et surtout le travail sur la langue qui déclenche le plaisir de la lecture. Peut-être que la pratique de la traduction permet alors d’être un lecteur plus attentif, et plus sensible à tout le travail d’auteur qui est derrière une œuvre.

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