dimanche 31 octobre 2010

Version de CAPES, 40

El Espectro, 1
Todas las noches, en el Grand Splendid de Santa Fe, Enid y yo asistimos a los estrenos cinematográficos. Ni borrascas ni noches de hielo nos han impedido introducirnos, a las diez en punto, en la tibia penumbra del teatro. Allí, desde uno u otro palco, seguimos las historias del film con un mutismo y un interés tales, que podrían llamar sobre nosotros la atención, de ser otras las circunstancias en que actuamos.
Desde uno u otro palco, he dicho; pues su ubicación nos es indiferente. Y aunque la misma localidad llegue a faltarnos alguna noche, por estar el Splendid en pleno, nos instalamos, mudos y atentos siempre a la representación, en un palco cualquiera ya ocupado. No estorbamos, creo; o, por lo menos, de un modo sensible. Desde el fondo del palco, o entre la chica del antepecho y el novio adherido a su nuca, Enid y yo, aparte del mundo que nos rodea, somos todo ojos hacia la pantalla. Y si en verdad alguno, con escalofríos de inquietud cuyo origen no alcanza a comprender, vuelve a veces la cabeza para ver lo que no puede, o siente un soplo helado que no se explica en la cálida atmósfera, nuestra presencia de intrusos no es nunca notada; pues preciso es advertir ahora que Enid y yo estamos muertos.

Horacio Quiroga

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Vanessa nous propose sa traduction :

Toutes les nuits, au Grand Splendid de Santa Fe, Enid et moi assistons aux premières cinématographiques. Ni les tempêtes, ni les nuits glaciales ne nous ont jamais empêchés de nous introduire, à dix heures pile, dans la pénombre tiède du théâtre. Là, depuis une loge, ou depuis une autre, nous suivons les histoires du film avec un mutisme et un intérêt tels, qu'ils pourraient attirer l'attention sur nous, tellement les circonstances dans lesquelles nous agissons sont particulières.
Depuis une loge ou depuis une autre, je disais ; car son emplacement nous est indifférent. Que la même place vienne à nous manquer un soir, lorsque le Splendid est plein, nous nous installons toutefois, toujours muets et attentifs à la représentation, dans n'importe quelle loge déjà occupée. Nous ne dérangeons pas, je crois ; ou du moins, de manière subtile. Depuis le fond de la loge, ou entre la fille de la balustrade et le fiancé pendu à son cou, Enid et moi, hors du monde qui nous entoure, nous n'avons d'yeux que pour l'écran. Et si en vérité quelqu'un, secoué par des frissons d'inquiétude dont il ne parvient pas à comprendre l'origine, tourne parfois la tête pour voir ce qu'il ne peut pas voir, ou qu'il sent un souffle glacé qu'il ne s'explique pas dans cette atmosphère chaude, notre présence d'intrus n'est jamais remarquée ; tout compte fait, il faut signaler maintenant qu'Enid et moi sommes morts.

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Mélissa nous propose sa traduction :

Le Spectre, 1
Toutes les nuits, dans le Grand Splendid de Santa Fe, Enid et moi assistions aux avant-premières cinématographiques. Ni les tempêtes, ni les nuits gelées nous ont empêché d’entrer, à dix heures pile, dans la pénombre tiède du théâtre. Ici, depuis l’une ou l’autre des loges, nous suivions les histoires du film avec un mutisme et un intérêt tels, qu’ils pourraient attirer l’attention sur nous, que les circonstances dans lesquelles nous jouions soient différentes. Depuis l’une ou l’autre des loges, ai-je dit ; car l’endroit nous est indifférent. Et même si le même endroit en arriverait à nous manquer certaines nuits, pour être le Splendid tout entier, nous nous installions, muets et toujours attentifs à la représentation, dans n’importe quelle loge déjà occupée. Nous ne gênions pas je crois ; ou, du moins, de manière très faible. Depuis le fond de la loge, ou entre la fille du parapet et le mari collé à sa nuque, Enid et moi, en dehors du monde qui nous entoure, nous avons les yeux rivés sur l’écran. Et si en vrai quelqu’un, avec des frissons d’inquiétude dont l’origine n’arrive pas à être comprise, il tourne la tête parfois pour voir ce qu’il ne peut voir, ou il sent un souffle glacé qui ne s’explique pas par l’atmosphère chaude, notre présence d’intrus n’est jamais remarquée ; car il faut prévenir désormais que Enid et moi, nous sommes morts.

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Jean-Nicolas nous propose sa traduction :

Tous les soirs, au Grand Splendide de Santa Fe, Enid et moi assistions aux sorties cinéma. Les tempêtes et le verglas ne nous ont jamais empêché de prendre place dans la tiède pénombre du théâtre à dix heures sonnantes. Là bas, depuis une loge ou une autre, nous ne perdions pas une miette des scènes du film. Nous faisions preuve d’un mutisme et d’un intérêt tels qu’ils pourraient porter l’attention sur nous puisque les circonstances dans lesquelles nous agissions étaient toutes autres.
Depuis n’importe quelle loge, ai-je déjà dit, car le placement nous est égal. Et même si notre place habituelle était prise le temps d’une soirée, le Splendide faisant salle comble ; nous nous installions sans mot dire et toujours attentif à la représentation en direct d’une loge déjà occupée. Nous ne gênions pas, je pense ou, du moins, que très légèrement. Au fond de la loge ou entre la fille se trouvant sur le rebord avec son copain collé à sa nuque , Enid et moi, mis à part le monde qui nous entoure, avons les yeux rivés sur l’écran. Et si, en réalité, en proie à des frissons d’inquiétude dont l’origine reste inconnue, il tourne parfois la tête pour voir ce qu’il ne peut pas ou ressent un souffle glacial inexplicable dans cette atmosphère bouillante, notre présence en tant qu’intrus n’est jamais remarquée car il est indispensable de noter qu’à ce moment, Enid et moi sommes morts.

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Aurélie nous propose sa traduction :

Le Spectre, 1 :

Tous les soirs, au Grand Splendide de Santa Fe, Enid et moi assistions aux avant-premières des films. Ni les tempêtes ni les nuits de gel ne nous ont empêchés de nous introduire, sur les coups de dix heures, dans la tiède pénombre du théâtre. Là-bas, de n’importe quelle loge, nous suivons les histoires du film avec un mutisme et un intérêt tels, qu’ils pourraient nous faire remarquer puisque les circonstances dans lesquelles nous agissions étaient toutes autres.
De n’importe quelle loge, ai-je dit : car son emplacement nous est indifférent. Et même si cette dite place venait à être occupée un soir, parce que le Splendide a fait le plein, nous nous installions, toujours muets et attentifs à la représentation dans n’importe quelle loge déjà occupée. Nous ne gênions pas, je crois ; ou, du moins, pas de manière sensible. Au fond de la loge, ou entre la fille de l’accoudoir et son fiancé accroché à son cou, Enid et moi, mis à part le monde qui nous entoure, nous sommes rivés sur l’écran. Et si en vérité quelqu’un, pris de tremblements d’inquiétude dont il ne parvient pas à comprendre l’origine, tourne la tête parfois pour voir ce qu’il ne peut pas voir ou qu’il sent un souffle glacial qui ne s’explique pas dans l’atmosphère étouffante, notre présence en tant qu’intrus n’est jamais remarquée ; car il est nécessaire de préciser qu’à cet instant Enid et moi sommes morts.

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