samedi 16 octobre 2010

Version pour le 16 octobre

Antes de salir de casa se había acicalado con esmero, resuelto a causar buena impresión en la que, sin duda, era madre de un futuro alumno. Al llegar a la puerta se arregló cuidadosamente la corbata, golpeando después la pesada aldaba de bronce que pendía en las fauces de una agresiva cabeza de león. Extrajo el reloj del bolsillo del chaleco y consultó la hora : siete menos un minuto. Aguardó, satisfecho, mientras escuchaba el sonido de unos pasos femeninos que se acercaban por un largo pasillo. Tras un rápido correr de cerrojos, el rostro agraciado de una doncella le sonrió bajo una cofia blanca. Mientras la joven se alejaba con su tarjeta de visita, entró don Jaime en un pequeño recibidor amueblado con elegancia. Las persianas estaban bajas y por las ventanas abiertas se oía el rumor de los carruajes que circulaban por la calle, dos pisos más abajo. Había testeros con plantas exóticas, un par de buenos cuadros en las paredes y sillones ricamente tapizados en terciopelo de seda carmesí. Pensó que se las iba a ver con un buen cliente, y ello le hizo sentirse optimista. No estaba de más, habida cuenta de los tiempos que corrían.
La doncella regresó al cabo de un momento para rogarle que pasara al salón tras hacerse cargo de sus guantes, bastón y chistera. La siguió por la penumbra del pasillo. La sala estaba vacía, así que cruzó las manos a la espalda e hizo un breve reconocimiento de la estancia. Deslizándose entre las cortinas semiabiertas, los últimos rayos del sol poniente agonizaban despacio sobre las discretas flores azul pálido que empapelaban las paredes. Los muebles eran de extraordinario buen gusto ; sobre un sofá inglés campeaba un óleo de firma, mostrando una escena dieciochesca : una joven vestida de encajes se columpiaba en un jardín, mirando expectante por encima del hombro, como si aguardase la inminente llegada de alguien muy deseado. Había un piano con la tapa del teclado abierta y unas partituras en el atril. Se acercó a echar un vistazo : Polonesa en fa sostenido menor. Federico Chopin. Sin duda, la poseedora del piano era una dama enérgica.


Arturo Pérez Reverte, El maestro de esgrima

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Perrine nous propose sa traduction :

Avant de sortir de chez lui, il s’était pomponné avec soin, résolu à faire bonne impression auprès de celle qui, certainement, était la mère d’un futur élève. Devant la porte, il ajusta sa cravate avec précaution, et frappa ensuite le heurtoir en bronze pendu au gosier d’une tête de lion agressive. Il sortit sa montre de la poche de son gilet et regarda l’heure : sept heures moins une. Il patienta, satisfait, tout en écoutant le bruit de pas féminins se rapprocher depuis un long couloir. Après un rapide mouvement de verrous, une bonne au visage charmant lui sourit sous une coiffe blanche. Tandis que la jeune femme s’éloignait avec sa carte de visite, don Jaime pénétra dans un petit vestibule meublé avec élégance. Les persiennes étaient abaissées et, à travers les fenêtres ouvertes, on entendait le bruit des charrettes qui circulaient dans la rue, deux étages plus bas. Il y avait des massifs de plantes exotiques, deux beaux tableaux aux murs et des fauteuils somptueusement recouverts de velours de soie grenat. Il réalisa qu’il allait faire affaire avec un bon client, et cela le rendit optimiste. Ce n’était pas de refus, étant donné les temps qui couraient.
La domestique réapparut au bout d’un certain temps, lui priant de se diriger vers le salon, une fois l’avoir débarrassé de ses gants, de sa canne et de son haut de forme. Il la suivit dans la pénombre du corridor. La pièce était vide, il croisa ainsi les mains derrière son dos et fit un bref examen du séjour. Se faufilant entre les rideaux semi-ouverts, les derniers rayons du soleil couchant mouraient lentement sur les quelques fleurs bleu pâle qui tapissaient les cloisons. Les meubles étaient d’un goût extraordinaire ; sur un canapé anglais reposait une peinture à huile de grande renommée, représentant une scène du dix-huitième siècle : une jeune fille en maillot de bain se balançait dans un jardin, observant, impatiente, par-dessus son épaule, comme si elle attendait l’arrivée imminente d’une personne très désirée. Un piano apparaissait, avec le couvercle des touches relevé et des partitions sur le pupitre. Il s’approcha pour y jeter un œil : Polonaise en fa soutenu mineur. Frédérique Chopin. A l’évidence, la propriétaire du piano était une dame pleine d’énergie.

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Julie nous propose sa traduction :

Avant de sortir de chez lui, il s’était pomponné avec soin, résolu à faire bonne impression à celle qui, vraisemblablement, était la mère d’un futur élève. En arrivant devant la porte, il arrangea sa cravate avec précaution, frappant ensuite le lourd heurtoir de bronze, qui pendait entre les mâchoires d’une tête de lion agressive. Il sortit sa montre de la poche de son gilet et consulta l’heure : dix-huit heures et cinquante neuf minutes. Il patienta, satisfait, tout en entendant le bruit de pas féminins qui s’avançaient dans un long couloir. Après un rapide tour de verrou, sous une coiffe blanche, le visage ravissant d’une domestique lui sourit. Alors que la jeune fille s’éloignait avec sa carte de visite, don Jaime pénétra dans un petit vestibule meublé avec élégance. Les persiennes étaient abaissées et par les fenêtres ouvertes, on entendait la rumeur des coches qui circulaient dans la rue, deux étages plus bas. Il y avait des pots de plantes exotiques, deux jolis tableaux sur les murs et des fauteuils richement tapissés de velours de soie cramoisie. Il songea qu’il allait avoir affaire à un bon client, et ceci le rendit optimiste. Ce n’était pas de trop, compte tenu des temps qui couraient.
Au bout d’un moment, la domestique revint pour lui prier d’entrer dans le salon après l’avoir débarrassé de ses gants, de sa canne, ainsi que de son chapeau haut de forme. Il la suivit dans la pénombre du corridor. La pièce était vide : il croisa donc les mains derrière son dos et il procéda à une brève reconnaissance des lieux. Comme ils se glissaient entre les rideaux entrouverts, les derniers rayons du soleil couchant mouraient doucement sur les discrètes fleurs bleu pâle qui couvraient les murs. Les meubles étaient d’un bon goût extraordinaire ; sur un canapé anglais ressortait une peinture à l’huile, qui représentait une scène du dix-huitième : une jeune femme vêtue de dentelle chaloupait dans un jardin, en regardant de façon expectante par-dessus son épaule, comme si elle attendait l’arrivée imminente de quelqu’un qu’elle estimait beaucoup. Un piano avec le couvercle du clavier ouvert et des partitions sur le pupitre se trouvait là. Il s’approcha pour jeter un coup d’œil : Polonaise en fa dièse mineur. Frédéric Chopin. Sans doute la propriétaire du piano était-elle une dame énergique.

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Alexis nous propose sa traduction :

Avant de sortir de la maison il s’était pouponné avec soin, résolu à faire bonne impression sur celle qui, sans doute, était la mère d’un futur élève. Quand il arriva à la porte, il arrangea soigneusement sa cravate, et frappa ensuite le lourd marteau de bronze qui pendait au gosier d’une agressive tête de lion. Il sortit la montre de la poche du gilet et consulta l’heure : sept heures moins une. Il attendit, satisfait, tout en écoutant le son de pas féminins qui s’approchaient dans un long couloir. Après un rapide tour de verrou, le beau visage d’une demoiselle lui sourit sous une coiffe blanche. Alors que la jeune femme s’éloignait avec sa carte de visite, don Jaime entra dans une petite entrée meublée avec élégance. Les persiennes étaient baissées et on entendait par les fenêtres ouvertes le bruit des diligences qui circulaient dans la rue, deux étages plus bas. Il y avait des façades avec des plantes exotiques, quelques beaux tableaux sur les murs et des fauteuils royalement tapissés de velours de soie cramoisi. Il pensa qu’il avait affaire à un bon client. Et cela le fit se sentir optimiste. Ce n’était pas de trop, compte tenu des temps qui couraient.
La demoiselle revient quelques instants plus tard et le pria de passer au salon après l’avoir allégé de ses gants, sa canne et son chapeau. Il la suivit dans la pénombre du couloir. La salle était vide, il croisa alors les bras dans son dos et fit une rapide observation des lieux. Se faufilant entre les rideaux mi-ouverts, les derniers rayons du soleil couchant agonisaient lentement sur les discrètes fleurs bleu pâle qui tapissaient les murs. Les meubles étaient d’un bon goût impressionnant ; au dessus d’un fauteuil club campait une toile de maître, montrant une scène du dix-huitième : une jeune femme vêtue de dentelle se balançait dans un jardin, regardant avec attention par-dessus son épaule, comme si elle attendait l’arrivée imminente d’une personne désirée. Il y avait un piano avec le couvercle du clavier ouvert et des partitions sur le pupitre. Il s’approcha pour jeter un œil : Polonaise en fa mineur. Frédéric Chopin. Sans doute, le piano appartenait-il à une dame énergique.

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Stéphanie nous propose sa traduction :

Avant de quitter son domicile, il s'était longuement préparé, résolu à faire bonne impression à celle qui était sans doute la mère d'un de ses futurs élèves. Il ajusta soigneusement sa cravate lorsqu'il se trouva devant la porte à laquelle il frappa à l'aide du lourd heurtoir de bronze enserré dans la gueule d'une tête de lion agressive. Il sortit sa montre de la poche de sa veste et la consulta : sept heures moins une minute. Il attendit, satisfait, alors qu'il entendait des bruits de pas féminins qui se rapprochaient à travers un long couloir. Après un rapide mouvement de verrous, le ravissant visage d'une domestique lui sourit sous une coiffe blanche. Tandis que la jeune fille s'éloignait avec sa carte de visite, don Jaime entra dans un vestibule élégamment meublé. Les volets étaient clos et par les fenêtres ouvertes, on entendait le bruit des voitures qui circulaient dans la rue, deux étages plus bas. Il y avait des parois couvertes de plantes exotiques, quelques jolis tableaux sur les murs et des fauteuils merveilleusement habillés d'un velours de soie grenat. Il pensa qu'il allait avoir affaire à un bon client, et il se sentit optimiste. Ce ne serait pas de trop, par les temps qui couraient.
La domestique réapparut au bout d'un moment pour le prier de passer au salon une fois qu'elle se fut occupée de ses gants, de sa canne et de son haut de forme. Il la suivit dans la pénombre du couloir. La pièce était vide, il opéra donc à une brève reconnaissance des lieux, les mains croisées dans le dos. S'infiltrant, entre les rideaux à demi-tirés, les derniers rayons du soleil couchant agonisaient lentement sur les discrètes fleurs bleu pâle qui tapissaient les murs. Les meubles étaient d'un extraordinaire bon goût ; sur un canapé anglais trônait une peinture à l'huile signée, représentant une scène du dix-huitième : une jeune femme vêtue de dentelles faisait de la balançoire dans un jardin, scrutant au-dessus de son épaule, comme si elle attendait l'arrivée imminente d'un être désiré. Un piano au couvercle relevé siégeait là, des partitions sur le pupitre. Il s'approcha pour jeter un coup d'œil : Polonaise en fa dièse mineur. Frédéric Chopin. Cela ne faisait aucun doute, la propriétaire du piano était une femme énergique.

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Auréba nous propose sa traduction :

Avant de sortir de chez lui, il avait pris soin de se faire beau, décidé à faire bonne impression auprès de celle qui était sans doute la mère d’un futur élève. En arrivant à la porte, il arrangea soigneusement sa cravate, en frappant ensuite à la porte avec le lourd heurtoir en bronze qui pendait dans la gueule d’une agressive tête de lion. Il sortit sa montre de la poche de son gilet et regarda quelle heure il était : sept heure moins une minute. Il attendit, satisfait, pendant qu’il écoutait le bruit de quelques pas féminins qui s’approchaient à travers un long couloir.
Après une rapide ouverture de verrous, le ravissant visage d’une demoiselle lui sourit sous une coiffe blanche. Pendant que la jeune-femme s’éloignait avec sa carte de visite, don Jaime entra dans une petite antichambre meublée avec élégance.
Les persiennes étaient baissées et à travers les fenêtres ouvertes, on entendait le bruit des voitures qui circulaient dans la rue, deux étages plus bas. Il y avait des murs avec des plantes exotiques, quelque beaux tableaux sur les murs et des chaises richement recouvertes de velours en soie cramoisie. Il pensa qu’il allait avoir affaire à un bon client, et cela le fit se sentir optimiste. Ce n’était pas de trop, compte tenu des temps qui courraient.
La demoiselle revint au bout d’un moment pour lui prier d’entrer dans le salon après s’être occupée de ses gants, sa canne et son haut-de-forme. Il la suivit à travers la pénombre du couloir. La salle était vide, alors il croisa ses mains derrière son dos et fit rapidement une reconnaissance des lieux. Se glissant entre les rideaux à moitié ouverts, les derniers rayons du soleil couchant agonisaient lentement sur les discrètes fleurs bleu pâle qui tapissaient les murs. Les meubles étaient de très bon goût ; au-dessus d’un canapé anglais, trônait une peinture à l’huile signée par un grand peintre, montrant une scène du dix-huitième : une jeune-femme vêtue de dentelles se balançait dans un jardin, en regardant, aux aguets, au dessus-de l’épaule de l’homme, comme si elle attendait l’arrivée imminente de quelqu’un qu’elle affectionnait beaucoup. Il y avait un piano avec le couvercle du clavier ouvert et quelques partitions sur le pupitre. Il s’approcha pour jeter un coup d’œil : Polonaise en fa dièse mineur. Frédéric Chopin. Sans doute le possesseur du piano était-il une dame énergique.

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Olivier nous propose sa traduction :

Avant de quitter la maison, il s'était pomponné avec soin, résolu à causer une bonne impression à celle qui, sans doute, était la mère d'un futur élève.
Arrivé devant la porte, il arrangea méticuleusement sa cravate, et frappa ensuite le lourd heurtoir de bronze suspendu à la gueule d'une agressive tête de lion. Il sortit de la poche de son veston sa montre et regarda l'heure : sept heures moins une minute. Satisfait, il attendit pendant que le bruit de pas féminins s'approchant dans un long couloir se faisaient entendre. Après que la porte se fut rapidement déclose, le charmant visage d'une demoiselle orné d'une coiffe blanche lui sourit. Alors que la jeune femme s'éloignait, munie de la carte de visite, don Jaime entra dans un petit vestibule meublé avec élégance. Les persiennes avaient été baissées, et par les fenêtres ouvertes, on entendait le brouhaha des coches circulant dans la rue, deux étages plus bas. Des pots de fleurs abritant des plantes exotiques, deux beaux cadres accrochés au mur et des fauteuils richement habillés de velours de soie couleur carmin occupaient l'espace. Il pensa avoir affaire à un bon client et il s'en réjouit. Cela ne ferait pas de mal en ces temps qui couraient.
Au bout d'un certain moment, la demoiselle revint, et après l'avoir débarrassé de ses gants, de sa canne et de son chapeau haut de forme, elle le pria de passer au salon. Il la suivit dans l'obscurité du couloir. La salle était vide, il croisa les mains derrière le dos et fit une brève inspection de la pièce. Les derniers rayons du soleil se glissaient entre les rideaux à moitié fermés et venaient agoniser lentement sur les discrètes fleurs bleu ciel qui revêtaient les murs. Les meubles étaient d'un bon goût extraordinaire. Au dessus d'un sofa anglais, une peinture à l'huile signée, représentant une scène du XVIIIème siècle, resplendissait : une jeune fille habillée de dentelle faisait de la balançoire dans un jardin, observant avec expectation par dessus son épaule, comme si elle attendait l'arrivée imminente d'une personne vivement désirée. Un piano était là, le couvercle du clavier ouvert, des partitions sur le pupitre. Il s'approcha pour y jeter un coup d'œil : Polonaise en fa dièse mineur. Frédéric Chopin. La propriétaire du piano était, sans aucun doute, une femme énergique

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Florian nous propose sa traduction :

Avant de sortir de chez lui, il s'était âpreté avec application, résolu à faire bonne impression devant celle qui, sans doute, était la mère d'un futur élève. En arrivant à la porte, il ajusta soigneusement sa cravate, puis il tapa le lourd heurtoir en bronze accroché dans la gueule d'une agressive tête de lion. Il retira sa montre de la poche de son gilet et regarda l'heure: sept heure moins une minute. Il attendit là, satisfait, alors qu'il entendait le bruit des pas féminins, à travers un long couloir, qui se rapprochait. Après un rapide tour de verrous, le visage ravissant d'une demoiselle, sous une coiffe blanche, lui sourit. Tandis que la jeune femme s'éloignait avec sa carte de visite, don Jaime entra dans un petit vestibule meublé avec élégance. Les persiennes étaient baissées et les fenêtres ouvertes, ce qui permettait d'entendre le son des voitures qui circulaient dans la rue, deux étages plus bas. Il y avait des pots contenant des plantes exotiques, quelques jolies cadres sur les murs et des fauteuils recouverts de velour de soie rouge carmin. Il présuma qu'il allait tomber sur un bon client, et ceci l'emplit d'optimisme. Compte tenu des temps qui couraient, cela n'était pas de trop.
La demoiselle revint au bout d'un moment pour le prier de rejoindre le salon après s'être débarrassé de ses gants, de sa canne et de son chapeau. Il la suivit dans la pénombre du couloir. La salle était vide, de ce fait, il croisa les mains derrière son dos et la passa brièvement en revue. En se faufilant entre les rideaux entrouverts, les derniers rayons du soleil couchant agonisaient lentement sur les modestes fleurs bleues pâles qui tapissaient les murs. L'ameublement était d'un goût fort remarquable; sur un sofa anglais ressortait une peinture signée qui représentait une scène du dix-huitième siècle: une jeune femme habillée de dentelles se balançait dans un jardin tout en observant, dans l'expectative, au-dessus de son épaule, comme si elle attendait la venue imminente d'un être très cher. Il y avait un piano avec le couvercle du clavier relevé et quelques partitions sur le pupitre. Il s'en approcha pour jeter un coup d'œil: La Polonaise en fa dièse mineur. Frédéric Chopin. La propriétaire du piano était, sans doute, une dame énergique.

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Laurie nous propose sa traduction :

Avant de sortir de chez lui il avait pris le soin de se faire beau, décidé à faire bonne impression à celle qui était sûrement la mère d’un de ses futurs élèves. En arrivant devant la porte, il réajusta minutieusement sa cravate puis toqua avec le gros heurtoir en bronze qui sortait des mâchoires d’un lion féroce. Il sortit sa montre de la poche de son gilet et consulta l’heure : sept heures moins une. Satisfait, il l’a rangea en entendant les bruits de pas d’une femme qui se rapprochaient dans le long couloir. Après le bruit sec du verrou, une jeune fille au visage gracieux lui sourit sous sa coiffe blanche. Tandis que la jeune fille s’éloignait avec sa carte de visite, don Jaime entra dans une antichambre décorée avec finesse. Les volets étaient fermés et les fenêtres ouvertes laissaient entrer le bruit des voitures qui circulaient dans la rue deux étages plus bas. Il y avait des guéridons avec des plantes exotiques, quelques beaux tableaux aux murs et des fauteuils richement tapissés de velours cramoisi. Il pensa qu’il allait les voir avec un bon client, et cela le rendit optimiste. Il n’était pas de trop, surtout par les temps qui courent.
Au bout d’un moment, la jeune fille revint pour le prier de passer au salon après l’avoir débarrassé de ses gants, de sa canne et de son haut de forme. Il la suivit dans un sombre couloir. La pièce était vide, il croisa les bras dans son dos et fit un rapide état des lieux. En passant entre les rideaux entrouverts, les derniers rayons du soleil couchant venaient mourir lentement sur les petites fleurs bleu pâle qui recouvraient les murs. Le mobilier était de très bon goût; au-dessus d’un sofa de style anglais trônait une peinture de maître du XVIIIème siècle représentant une scène d’époque: une jeune femme vêtue d’une robe en dentelles faisait de la balançoire dans un jardin, en regardant par-dessus son épaule, comme si elle attendait l’arrivée imminente de l’être aimé. Il y avait un piano dont le couvercle du clavier était ouvert et quelques partitions sur le pupitre. Il s’approcha pour jeter un coup d’œil : Polonaise en fa dièse mineur. Frédéric Chopin. La propriétaire du piano était sans aucun doute une dame énergique.

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Vanessa nous propose sa traduction :

Avant de sortir de chez lui, il s'était apprêté avec soin, résolu à donner une bonne impression à celle qui, sans doute, était la mère d'un futur élève. Parvenu au pas de la porte, il s'appliqua à arranger sa cravate, avant de frapper le lourd heurtoir en bronze suspendu au gosier d'une agressive gueule de lion. Il sortit sa montre de gousset, et consulta l'heure : sept heures moins une. Il attendit, satisfait, écoutant le son de pas féminins qui se rapprochaient le long d'un couloir. Après un rapide tour de verrou, le visage ravissant d'une employée de maison lui sourit sous une coiffe blanche. Alors que la jeune femme s'éloignait avec sa carte de visite, don Jaime s'engagea dans une petite antichambre meublée avec élégance. Les persiennes étaient rabattues, et, par les fenêtres ouvertes, on entendait monter la rumeur des voitures circulant dans la rue, deux étages plus bas. La pièce contenait des plantes exotiques, deux ou trois beaux tableaux sur les murs, et des fauteuils richement tapissés de velours de soie cramoisie. Il imagina qu'il allait traiter avec un bon client, et cela le rendit optimiste. Ce n'était pas de trop, par les temps qui couraient.
La domestique revint au bout d'un moment et l'invita à passer au salon, après s'être chargée de ses gants, de sa canne et de son haut-de-forme. Il la suivit dans la pénombre du corridor. Il n'y avait personne dans la salle, aussi procéda-t-il, les mains jointes derrière le dos, à un bref examen de la pièce. Se glissant entre les rideaux mi-clos, les derniers rayons du soleil déclinaient lentement sur les discrètes fleurs bleu pâle des tapisseries. Les meubles étaient d'un bon goût hors du commun ; sur un canapé anglais campait une toile de maître, exposant une scène du dix-huitième siècle : une jeune fille vêtue de dentelles, assise à la balançoire d'un jardin, regardait avec espoir par-dessus son épaule, comme si elle s'attendait à la venue imminente d'une personne très désirée. Un piano au clavier découvert occupait également la pièce, et quelques partitions étaient restées sur le pupitre. Il s'approcha pour jeter un coup d'œil : Polonaise en fa dièse mineur, Frédéric Chopin. Sans nul doute, la propriétaire du piano était une dame énergique.

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Sonita nous propose sa traduction :

Avant de sortir de la maison il s’était pomponné avec soin, bien déterminé à faire bonne impression sur celle qui, sans doute, était la mère d’un futur élève. En arrivant sur le pas de la porte il ajusta soigneusement sa cravate, frappant ensuite sur le lourd marteau en bronze qui pendait du gosier d’une agressive tête de lion. Il sortit la montre de la poche du gilet et consulta l’heure : sept heures moins une minute.
Il attendit, satisfait, tandis qu’il écoutait le bruit de pas féminins qui s’approchaient du long couloir. Après avoir rapidement déverrouillé la porte, le visage ravissant d’une bonne lui sourit sous une coiffe blanche. Tandis que la jeune femme s’éloignait avec sa carte de visite, don Jaime entra dans un petit boudoir meublé avec élégance. Les persiennes étaient baissées et à travers les fenêtres ouvertes on écoutait le bruit des carrosses qui circulaient dans la rue, deux étages plus bas. Il y avait une façade avec des plantes exotiques, quelques bons tableaux sur les murs et des fauteuils richement recouverts en velours de soie cramoisi. Il pensa qu’il allait avoir affaire à un bon client, et cela le fit sentir optimiste. Ce n’était jamais de trop, étant donné les temps qui couraient.
La bonne revint au bout d’un moment et lui pria de passer dans le séjour après s’être chargée de ses gants, sa canne et de son chapeau haut de forme. Il la suivit dans la pénombre du couloir. La salle était vide, donc il croisa les mains derrière le dos et jeta un œil rapide à la pièce. Glissant entre les rideaux entrouverts, les derniers rayons du coucher de soleil agonisaient lentement sur les discrètes fleurs bleu pâle qui tapissaient les murs. Les meubles étaient d’un extraordinaire bon goût ; au-dessus d’un canapé anglais apparaissait une peinture à l’huile authentique, qui montrait une scène du dix-huitième siècle : une jeune femme vêtue de dentelles se balançait dans un jardin, regardant avec espoir par dessus l’épaule comme si elle attendait l’arrivée imminente de quelqu’un très attendu. Il y avait un piano avec le couvercle des touches ouvert et quelques partitions sur le pupitre. Il s’en approcha pour jeter un œil : Polonaise en fa dièse mineur. Frédéric Chopin. Sans aucun doute, la propriétaire du piano était une dame très décidée.

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