samedi 13 novembre 2010

Exercice d'écriture (imaginez la suite…), par Auréba Sadouni

Crac…Badaboum!
— Bon sang! s’exclama l’inspecteur principal Dover.
Puis il glissa sa main libre dans sa poche pour en extraire un mouchoir tout froissé afin d’essuyer son front couvert de sueur. De la sueur froide… À l’autre bout de la ligne, Mademoiselle Dover, dont le tympan de l’oreille droite avait souffert du cri de stupeur de son interlocuteur et dont la curiosité était aussi accrue que de coutume, se mit à interroger son vieux père.
— Mais que s’est-il passé ? Pourquoi cries-tu comme ça ? C’était quoi, ce bruit ?
— Rien. Ne t’inquiète pas.
— Papa ! Fais attention à toi ! Et arrête de m’appeler quand tu es en service ! C’est trop dangereux !
— Mais non ! Je suis à la maison.
— Ben alors, c’était quoi, ce bruit ?
— Tu ne voulais pas dormir chez ta copine, au fait, ce soir ?
— Non, c’est demain. Mais pourquoi est-ce que tu me dis ça ? Je t’ai demandé ce que c’était, ce bruit, tu me réponds, oui ou non ?
— Eh bien, figure toi que j’ai failli y passer.
— Non ! Tu t’es remis au bricolage, c’est ça ?
— Non, mais par contre, je vais être obligé de m’y remettre, parce que là, ma chérie, c’est une catastrophe. Si tu voyais l’état du salon !
— Arrête d’être aussi mystérieux ! Dis-moi ce qu’il s’est passé ! J’ai le droit de savoir, quand même !
— Ton lit a traversé le plancher, ma puce, et pas la peine de te dire que ton piano…
— Quoi, mon piano ?
— Eh bien ton piano, il ne ressemble plus à rien. Tu vas devoir faire des économies pour en acheter un autre, parce que moi, je n’en ai pas les moyens.
— Mais comment oses-tu me dire ça ! C’est toi qui aurais dû agir à temps. Je te l’avais dit, que le plancher de la mezzanine craquait trop, qu’il allait lâcher. Il fallait s’y attendre !
— Ben oui ! Je sais ! J’aurais dû mettre des poutres Mais là, tu as bien vu comme j’étais débordé ! Tu n’as pas vu que j’avais énormément de travail, ces temps-ci ?
— Mais alors, comment je vais faire, moi ? Je n’ai plus de chambre !
— Ben arrête de chougner, estime toi plutôt heureuse que ton père soit sain et sauf !
— T’es marrant, toi ! Imagine si j’avais été dans ma chambre, à ce moment-là ! Je me serais cassé les jambes ! Tu t’en fous, non ?
— Dis, donc, toi, ne me parle pas sur ce ton ! Un peu de respect, je suis ton père ! …
Alors qu’au téléphone, père et fille se disputaient pour des raisons de mobilier, non loin de là, ou plutôt tout près, dans la maison d’en face, une scène macabre était en train de se dérouler, mais l’inspecteur, concentré comme il l’était sur sa conversation téléphonique, et perturbé par le désordre de son intérieur, mit bien du temps à réagir. Tout se passait pourtant devant ses yeux. Dure journée pour l’inspecteur Dover.

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