vendredi 19 novembre 2010

Exercice d'écriture : « Mystère », par Julie Sanchez

En photo : Colombe
par simonluqa80

Oui, Julie aura beaucoup travaillé, cette semaine ;-)

***

Il était une fois, il y a fort longtemps, tout en haut d’une montagne enneigée, un petit village dont plus personne ne se rappelle le nom.
Ce village avait l’air tout à fait ordinaire. Il comptait peu d’habitants et ceux-ci étaient toujours d’humeur joyeuse. Les rares voyageurs qui faisaient escale en ce lieu alpestre étaient chaleureusement accueillis : le boulanger leur préparait ses fameux petits pains à la cannelle et les femmes confectionnaient de délicieuses tartes aux pommes.
Mais un jour, un étranger peu avenant arriva. Il n’adressa la parole à personne, sauf à l’aubergiste à qui il demanda une chambre. Il ne dîna même pas et alla se coucher immédiatement. Les habitants se dirent qu’il devait être exténué car l’accès au village était périlleux. Le lendemain matin, le boulanger lui apporta des petits pains directement à l’auberge. Mais l’étranger maugréa et n’y jeta pas un regard. Le boulanger s’empressa de raconter cet épisode à ses voisins et chacun se fit son opinion. L’homme rentra le soir à l’auberge et n’en sortit pas avant le lendemain matin.
Ceci dura plusieurs semaines. L’homme sortait le matin et rentrait la nuit. Les femmes se rassuraient en disant : « Au moins, il ne rode pas devant chez nous ! Et il ne fait de tort à personne. Laissons le tranquille… ».
Toutefois, leurs maris n’étaient pas du même avis. Ils se gardèrent pourtant de le dire jusqu’à ce qu’un beau jour, chaque habitant trouve une lettre cachetée sur le pas de sa porte.
Les lettres ne comportaient aucun nom. Il n’y avait aucun moyen de savoir d’où elles provenaient. En les ouvrant, tous furent surpris de ne rien lire : une figure était simplement dessinée au crayon. Une sorte d’animal inquiétant, comme un loup, entouré de volutes.
Tout les villageois restèrent perplexes. À la nuit tombée, certains ne purent dormir sur leurs deux oreilles car ce dessin les avait inquiétés. Qui était à l’origine de ce courrier mystérieux ? Les hommes pensaient à leur hôte.
Deux jours plus tard, le curieux postier passa à nouveau sans que personne ne pût le voir. Sur le palier de chaque maison se trouvait une seconde lettre. Cachetée elle aussi et contenant un dessin qui fit beaucoup réfléchir les pauvres gens. Cette fois, on pouvait deviner un cheval à l’orée d’un bois.
Celui qu’on appelait l’idiot du village, car lui-même ne savait plus comment il se nommait, avait été désigné pour passer la nuit sous le porche et surveiller les environs.
Mais cette nuit-là, le postier ne passa pas.
L’idiot passa une semaine entière dehors, et il ne vit rien. Les villageois décidèrent donc de laisser cette histoire de côté. L’un d’eux fit néanmoins remarquer que le voyageur arrivé quelques temps auparavant n’avait pas reparu depuis plusieurs jours. Les femmes et les enfants commencèrent à s’affoler et les hommes durent rassurer tout ce petit monde.
Un matin, tous tombèrent sur une troisième lettre mais celle-ci était blanche. Blanche oui, mais un tout petit oiseau, un pigeon ou une colombe, était esquissé dans un coin.
Tous les habitants du paisible village se rassemblèrent et se creusèrent la tête pour comprendre ces messages codés. Le voyageur n’avait toujours pas refait surface et l’aubergiste assurait qu’il n’avait pas récupéré la clé de la chambre.
Le charpentier, un homme rustre et sans manières, décida de faire irruption, la nuit venue, dans la chambre de l’inconnu.
Les hommes s’armèrent de patience et lorsque le soleil se fût couché, ils se dirigèrent vers l’auberge. En guise de salut, on leur ordonna de ne pas faire de bruit. L’aubergiste frappa mais personne ne répondit… Il força alors la porte et…

L’étranger n’était pas là.
Sur le mur, un dessin. Un dessin magnifique qui était tâché par de la cire rouge.
Les hommes, époustouflés par tant de beauté et de délicatesse furent comme obnubilés par les traits fins du visage qu’on avait représenté. Ils décidèrent de rentrer chez eux, à demi rassurés et en ayant, pensaient-ils, résolu le mystère des enveloppes : l’étranger devait tout simplement être un artiste qui préférait vivre reclus. Ses œuvres ne pouvaient faire de mal à personne.
Ce qu’ils ignoraient cependant, c’est que cette chambre n’était pas la sienne…

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