dimanche 19 décembre 2010

Entretien avec Fernando Tabernero Estévez et Laurent Béreau de la librairie Contraportada, Bordeaux

1) Comment êtes-vous devenus libraires ?
Les deux associés (Fernando Tabernero Estévez et Laurent Béreau) viennent à la fois du monde de l’éducation (E/LE : Espagnol Langue Etrangère) et du monde de l’édition, en Espagne. Nous n’avons pas reçu de formation théorique particulière aux métiers du livre en général, ni au métier de libraire en particulier.
Dans notre ancien emploi, nous étions appelés à voyager très souvent dans le monde entier. C’est un métier passionnant mais aussi physiquement épuisant. Lors de nombreux voyages, nous avons eu l’occasion de visiter des librairies espagnoles et de rencontrer les libraires (en Pologne, en Suisse, au Canada, etc.). L’idée pour nous est devenue « évidente » suite à plusieurs de ces rencontres…

2) Comment est née cette librairie?
Elle est née tout d’abord d’un vieux rêve commun aux deus associés, le typique « rêve d’enfant » : certain veulent être plus tard pompier, médecin, infirmière, etc. Nous nous voulions être… libraire !!!
L’idée de la librairie Contraportada est née de l’idée d’offrir et diffuser toute la richesse de la culture en espagnol, dans un espace non seulement de vente mais aussi d’échange et de rencontre autour de la langue espagnole.

3) Nous n'avions plus de librairie espagnole à Bordeaux. Est-ce pour cela que vous avez décidé de vous implanter ici ? Y a t-il d'autres raisons ?
Nous avions décidé d’ouvrir une librairie spécialisée dans la langue espagnole (secteur que nous connaissions mieux que d’autres littératures, langues, etc.). Dès lors, pour nous installer, nous devions quitter l’Espagne et «éviter» les pays hispanophones… Après avoir pensé à Lisbonne (Portugal) nous nous sommes décantés pour la France. Pour différents motifs (pécuniaires, de faisabilité, mais aussi de motivation…), nous avons écarté Paris.
Après une étude de marché, nous nous sommes orientés, notamment, vers les Académies de l’Education Nationale qui comptaient le plus d’ «apprenants» d’espagnol.
Finalement nous avons du choisir entre Toulouse et Bordeaux.
Là, le tissu économique local et les caractéristiques spécifiques du secteur des librairies, le fait qu’effectivement Bordeaux avait eu pendant 40 ans une librairie espagnole et que beaucoup de gens se sentaient «orphelins» depuis sa fermeture en 2005/2006, ont fait la différence. Le choix définitif a donc été Bordeaux

4) Quel type d'ouvrages proposez-vous aux lecteurs ? Avez-vous ciblé un type en particulier ?
Contraportada propose d’une part, les ouvrages de tous les auteurs espagnols et latino-américains.
Romans, nouvelles et essais récemment publiés
Les classiques de la littérature espagnole
Bandes dessinées
Histoire, culture, politique
Livres pour enfants
Etc.
Certains titres sont aussi proposés en français, mais toujours d’auteurs hispanophones.
Nous présentons également les méthodes et matériels pédagogiques complémentaires les plus actuels pour l’enseignement de l’espagnol (E/LE).
Enfin, nous offrons un éventail de guides touristiques sur les pays d’Amérique Latine et l’Espagne, de DVD en VO, dictionnaires, revues littéraires et magazines culturels en langue espagnole.

Trois grands groupes de clients :
Personnes d’origine espagnole ; espagnols et latino-américains.
Professeurs et étudiants d’espagnol (université, Sections Internationales, etc.) à titre individuels ;
Etablissements d’enseignement (lycées, collèges, écoles, facultés), associations et/ou institution culturelles ayant un lien avec la langue, son enseignement et la diffusion de sa culture.

5) Comment travaillez-vous avec les éditeurs ?
Nous travaillons principalement avec des éditeurs espagnols ou latino-américains, soit directement avec eux (quand le volume de commandes est suffisant pour qu’ils nous ouvrent un compte), soit à travers de distributeurs (espagnols, mexicain, etc.).
Pour les titres en français, nous passons par les principaux distributeurs/diffuseurs (Sodis, UD, Interforum, etc.).

6) Quels sont vos rapports avec eux ?
Ce sont principalement des rapports fournisseurs/clients, qui sont bons dans l’ensemble. Certains éditeurs espagnols ont su faire un effort particulier pour nous aider dans notre lancement (au niveau des remises accordées, des délais de paiement…).

7) Plus généralement, comment travaillez-vous?
Nous sommes deux associés à part égale. Nous avons le statut de travailleurs non salariés (TNS) et n’avons pas de personnel. Cela veut dire que nous faisons tout nous-mêmes.

8) Comment choisissez-vous les livres que vous vendez?
À partir de plusieurs critères :
commerciaux : auteurs les plus vendus, best-sellers, modes, etc.
les classiques de la littérature, les lectures obligatoires de la fac, des établissements scolaires, pour la préparation des concours, etc.
des critères personnels (goûts et coup de cœurs personnels), d’éthique, etc.

9) Quel genre de lecteurs êtes-vous ?
De grands lecteurs en quantité et, autant que faire se peut, en qualité !!! Nous sommes, en plus, assez complémentaires, chacun avec ses goûts : l’un très orienté vers la poésie, l’autre plus vers l’histoire, la politique, les biographies… Dans les deux cas, nous « faisons nos devoirs de libraire » en lisant notamment les nouvelles publications, (romans, essais, etc.), pour pouvoir en parler à nos clients et les conseiller le mieux possible.

10) Pour vous, qu'est-ce qu'un traducteur ?
Un professionnel ayant reçu une formation linguistique mais aussi une formation technique particulière à ce métier.

11) Travaillant dans un milieu bilingue, avez-vous déjà été tenté par la traduction ?
Non, pour les raisons évoquées ci-dessus. Être bilingue est une (bonne) chose, être un professionnel de la traduction ou de l’interprétariat en est une autre…

12) Si vous deviez nous conseiller trois livres, quels seraient-ils ?
Très dur…. Disons :
- Don Quichotte ¡ por supuesto !
- n’importe quel titre de F. Garcia Lorca ou Miguel Hernandez
- un recueil de poésies d’Alejandra Pizarnik…

13) Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à des apprentis traducteurs (qui peuvent ensuite se diriger vers les métiers du livre) ?
Travailler dur non seulement les compétences linguistiques, mais aussi les techniques de traduction.
Être curieux de tous les types de publication, romans, poésie, etc.
Être curieux !!!!

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