dimanche 16 janvier 2011

Entretien avec Emmanuelle Taillardas, Libraire (L'Orange Bleue à Orange), réalisé par Vanessa Canavesi

1) Comment êtes-vous devenue libraire ?
Par goût de l’aventure. Par choix. Si la question concerne la formation au métier, elle a été faite sur le tas. Après un bac + 5 en lettres, j’ai été prof pendant une année, puis j'ai travaillé dans l’édition en freelance avant d’intégrer les services éditoriaux de telerama.fr puis de skyrock.com où j’étais chef de projet. Et enfin de tout plaquer pour reprendre une petite librairie en Provence sans autre bagage que du bon sens et un amour incommensurable de la littérature, ce qui est bien peu…

2) Pouvez-vous me parler brièvement de votre librairie ? Sa situation géographique est-elle stratégique ?
Sûrement pas stratégique puisqu’elle est sise dans une ville FN et notoirement ennemie de la culture. C’est une librairie de résistance culturelle.

3) Comment choisissez-vous vos livres ? Opposez-vous vos choix personnels à ceux des représentants ?
J’écoute bien entendu les représ, mais je me laisse (et eux aussi) le dernier mot. Quand il n’y a pas de repré, je choisis sur les programmes qu’ils me font parvenir.

4) Comment trouver un équilibre économique entre les produits des grandes maisons d'éditions et ceux des petites structures ?
C’est un faux problème. Les petites maisons font souvent du dépôt et même si c’est du ferme, c’est avant tout la cavalerie et la surproduction des gros distributeurs (hachette/interforum) qui grèvent dangereusement les trésoreries des librairies indépendantes, avec notamment des remises au-dessous du seuil vital établi à 36%.

5) Être indépendant et publier de petites maisons d'éditions ou des auteurs inconnus vous permet-il de fidéliser votre clientèle ?
Ce qui fidélise la clientèle, aujourd’hui, c’est le service. La commande. L’assortiment, quand on est généraliste, ne peut jamais satisfaire tout le monde. Quant aux petites maisons, c’est pour se faire plaisir et se donner une crédibilité avec des textes qui intéressent surtout le libraire. Tout le monde lit les mêmes 5 livres qui sont chroniqués par les médias.

6) Quels sont vos rapports éventuels avec les éditeurs ?
Nuls avec ceux qui sont diffusés par les grosses machines (SODIS, Volumen, Union Distribution…) et personnels avec les petits auto-diffusés. Il est vrai qu’on peut créer des liens avec un éditeur diffusé si l’on a particulièrement aimé et soutenu l’un de ses livres, mais ça reste très marginal. L’éditeur ne veut pas avoir affaire avec le libraire. Il paie le diffuseur pour cela.

7) Rencontrez-vous parfois des auteurs et/ou des traducteurs ?
Oui, tous les mois, lors de nos soirées.

8) Quelle place occupe la littérature étrangère dans la librairie ? Pouvez-vous dégager une tendance à propos de la littérature hispanophone ?
La moitié du rayon « littérature ». Non.

9) Comment faites-vous « connaître » les livres que vous aimez auprès des clients ?
Je les conseille de vive voix ou bien j’accroche de petites notes manuscrites à la première de couverture.

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