samedi 12 février 2011

Exercice d'écriture spécial, par Julie Sanchez

En photo : Patate
par menlow

[question aux apprentis : croyez-vous que là aussi, on va m'écrire en me demandant pourquoi j'ai utilisé cette photo de patates sans autorisation de l'auteur, pourtant dûment mentionné ;-)))))) ?]

Lors de la dernière séance d'atelier de traduction collective, des devoirs spéciaux ont été distribués, au gré de l'inspiration. Il s'agissait de rédiger 5 lignes sur tel ou tel sujet – en fonction de la teneur des débats et des éclats de génie des uns et des autres. Pour Julie, la feuille de route était la suivante : Ma main a une vie autonome. Vous allez voir que cela a grandement inspiré notre jeune apprentie traductrice, qui s'est laissée porter bien au-delà de la limite fixée. On ne le lui reprochera pas !

***

À Caroline : ton idée était très bonne et j’ai pris beaucoup de plaisir à écrire ce petit texte. En revanche, je suis dans le train et j’ai bien peur qu'une personne lisant par hasard le fruit de mes élucubrations ne me prenne pour une folle !

Je me présente :
Julie, apprentie traductrice. Qu’ai-je de si particulier ? me direz-vous. Eh bien, mes mains ont une vie autonome.
Ne riez pas, cela arrive.
Tout le monde pense que je suis une fille maladroite. Mon père se moque sans cesse de moi : « Tu as des patates à la place des mains, ma pauvre Julie ! ». Des patates tiendraient sûrement mieux en place que ces deux effrontées. Il suffit que je porte fermement quelque chose pour qu’elles décident de l’envoyer par terre.
Et ce, même avec de la nourriture ! Comment voulez-vous que je me tienne bien à table si ces deux petites pestes me jouent des tours ? Mes camarades de classe pourront en témoigner, mes mains me font parfois passer pour un petit goret en société…
Et que dire de tous les dessins dont elles maculent mes leçons ? Je dis mes leçons mais n’importe quel bout de papier en fait les frais. Des petits soleils, des étoiles, des hippocampes… Elles gribouillent, écrivent, raturent, font des pâtés, des arabesques, c’est selon. Tout y passe, sauf les tables. Ça non ! Je les ai dressées d’une main de fer pour qu’elles ne touchent pas aux tables.
Et mes traductions, que dire de mes traductions… Dès qu’elles aperçoivent un texte, elles sont incontrôlables. Elles barrent, soulignent, commentent mais elles sont si excitées que, dans la précipitation, elles font des fautes souvent honteuses.
Elles aiment toucher à tout. Les tissus, la peau, l’eau, le bois, la pierre... Elles peuvent difficilement se contrôler.
La cohabitation n’est pas toujours aisée, je dois toujours être sur le qui-vive. Mais sans elles et leur vie autonome, je ne serai pas moi. Et ça, il faut l’avouer, ce serait bien dommage.

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