jeudi 31 mars 2011

Entraînement test de juin, 20

90 minutes – dictionnaire autorisé

El hombre y su machete acababan de limpiar la quinta calle del bananal. Faltábanles aún dos calles; pero como en éstas abundaban las chircas y malvas silvestres, la tarea que tenían por delante era muy poca cosa. El hombre echó, en consecuencia, una mirada satisfecha a los arbustos rozados y cruzó el alambrado para tenderse un rato en la gramilla. Mas al bajar el alambre de púa y pasar el cuerpo, su pie izquierdo resbaló sobre un trozo de corteza desprendida del poste, a tiempo que el machete se le escapaba de la mano. Mientras caía, el hombre tuvo la impresión sumamente lejana de no ver el machete de plano en el suelo. Ya estaba tendido en la gramilla, acostado sobre el lado derecho, tal como él quería. La boca, que acababa de abrírsele en toda su extensión, acababa también de cerrarse. Estaba como hubiera deseado estar, las rodillas dobladas y la mano izquierda sobre el pecho. Sólo que tras el antebrazo, e inmediatamente por debajo del cinto, surgían de su camisa el puño y la mitad de la hoja del machete, pero el resto no se veía. El hombre intentó mover la cabeza en vano. Echó una mirada de reojo a la empuñadura del machete, húmeda aún del sudor de su mano. Apreció mentalmente la extensión y la trayectoria del machete dentro de su vientre, y adquirió fría, matemática e inexorable, la seguridad de que acababa de llegar al término de su existencia. La muerte. En el transcurso de la vida se piensa muchas veces en que un día, tras años, meses, semanas y días preparatorios, llegaremos a nuestro turno al umbral de la muerte. Es la ley fatal, aceptada y prevista; tanto, que solemos dejarnos llevar placenteramente por la imaginación a ese momento, supremo entre todos, en que lanzamos el último suspiro. Pero entre el instante actual y esa postrera expiración, ¡qué de sueños, trastornos, esperanzas y dramas presumimos en nuestra vida! ¡Qué nos reserva aún esta existencia llena de vigor, antes de su eliminación del escenario humano! Es éste el consuelo, el placer y la razón de nuestras divagaciones mortuorias: ¡Tan lejos está la muerte, y tan imprevisto lo que debemos vivir aún! ¿Aún...?

Horacio Quiroga, El hombre muerto

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Pauline nous propose sa traduction :

L’homme et sa machette venaient de nettoyer la cinquième allée de la bananeraie. Il leur restait encore deux rues; mais comme dans celles-ci foisonnaient les fuchsias et les mauves sauvages, la tâche qu’ils avaient devant eux était très peu de chose. L'homme jeta, en conséquence, un regard satisfait aux arbustes rasés et traversa la clôture en fil de fer pour s’allonger un moment sur la pelouse. Mais en descendant le barbelé et en passant son corps, son pied gauche glissa sur un bout d’écorce détachée du pilier, tout en échappant la machette de ses mains. Tandis qu’il tombait, l’homme eut l’impression extrêmement lointaine de ne pas voir la machette à plat sur le sol. Il était déjà étendu sur la pelouse, couché sur le côté droit, tel qu’il aimait. Sa bouche, qui venait de s’ouvrir dans toute son extension, venait aussi de se fermer. Il était comme il eût voulu être, les genoux pliés, et la main gauche sur la poitrine. Seulement, derrière son avant-bras et immédiatement sous sa taille, surgissaient de sa chemise le manche et la moitié de la lame de la machette, mais le reste ne se voyait pas. L’homme tenta de bouger la tête, en vain. Il jeta un regard de travers à la garde de la manchette, humide encore de la sueur de sa main. Il apprécia mentalement l’extension et la trajectoire de la machette à l’intérieur de son ventre, et trouva froide, mathématique et inexorable, la sécurité qui venait d’arriver au terme de son existence. La mort. Au fil de la vie, on pense très souvent qu’un jour, après des années, des mois, des semaines et des jours préparatoires, nous arriverons à notre tour au seuil de la mort. C’est la loi fatale, acceptée et prévue; tellement, que nous avons coutume de nous laisser porter agréablement par l'imagination de ce moment, suprême entre tous, où nous poussons notre derniers soupir. Mais entre l'instant actuel et cette ultime expiration, que de rêves, troubles , espoirs et drames prévoyons-nous dans notre vie! Que réserve-nous encore cette existence remplie de vigueur, avant son élimination de la scène humaine! C'est ça la consolation, le plaisir et la raison de nos divagations mortuaires: Si loin est la mort, et si imprévu ce que nous devons encore vivre! Encore...?

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Léa nous propose sa traduction :

L’homme et sa machette achevaient de nettoyer la cinquième rue de la bananeraie. Il leur manquait encore deux rues ; mais comme dans celles-ci abondaient les arbustes et mauves sauvages, la tâche qu’ils devaient accomplir n’était pas grand chose. En conséquent, l’homme jeta un regard satisfait aux arbustes frôlés et traversa la clôture pour s’étendre un moment sur la pelouse. En abaissant davantage le barbelé et en passant son corps, son pied gauche glissa sur un morceau d’écorce détaché du poteau, tandis que la machette lui échappait de la main. Alors qu’il tombait, l’homme eut l’impression extrêmement lointaine de ne pas voir la machette clairement sur le sol. Il était déjà étendu sur la pelouse, couché sur le côté droit, tel qu’il le voulait. La bouche, qui venait de s’ouvrir dans toute son étendue venait aussi de se fermer. Il était comme il avait souhaité être, les genoux pliés et la main gauche sur le torse. Seulement derrière l’avant-bras, et immédiatement en-dessous de la ceinture, surgissaient de sa chemise le poignet et la moitié de la lame de la machette, mais le reste ne se voyait pas. L’homme essayait de bouger la tête en vain. Il jeta encore un regard du coin de l’œil à la poignée de la machette, encore humide de la sueur de sa main. Il apprécia mentalement l’étendue et la trajectoire de la machette à l’intérieur de son ventre, et il parvient de façon froide, mathématique et inexorable, à la certitude qu’il venait d’arriver à la fin de son existence. La mort. Dans le courant de la vie on pense de nombreuses fois qu’un jour, des années après, des mois, des semaines et des jours préparatoires, nous arriverons à notre tour au seuil de la mort. C’est la loi fatale, acceptée et prévue ; si bien, que nous avons coutume de nous laisser porter agréablement par l’imagination à ce moment, suprême entre tous, où nous lançons le dernier soupir. Mais entre l’instant actuel et cette dernière expiration, que de rêves, de bouleversements, d’espoirs et de drames dont nous présumons dans notre vie ! Que nous réserve encore cette existence pleine de vigueur, avant son élimination de la scène humaine ! C’est cela la consolation, le plaisir et la raison de nos divagations mortuaires : la mort est si loin, et ce que nous devons encore vivre est si imprévu ! Encore… ?

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Benoît nous propose sa traduction :

L'homme et sa machette venaient de finir de nettoyer la cinquième rue de la bananeraie. Il leur restait encore deux rues ; mais comme dans celle-ci, on trouvait en abondance des euphorbes et des mauves des bois, la tâche qu'ils devaient encore accomplir n'était pas grand chose. L'homme jeta donc un regard satisfait aux arbustes désherbés et enjamba le grillage pour s'allonger un instant sur la pelouse.
Mais au moment d'abaisser le barbelé et de passer son corps par dessus, son pied gauche glissa sur un bout d'écorce détaché du poteau, en même temps que la machette lui échappait des mains. Tandis qu'il tombait, l'homme eut la très vague impression de ne pas voir la machette dans sa totalité sur le sol.
Il était désormais étendu sur la pelouse, couché sur le flanc droit, comme il l'avait voulu. Sa bouche, qui venait de s'ouvrir aussi grand que possible, venait également de se fermer. Il était tel qu'il aurait désirer être, les genoux pliés et la main gauche sur la poitrine, excepté que derrière son avant-bras et directement en dessous de son ceinturon apparaissait au travers de sa chemise le manche et la moitié de la lame de la machette, mais le reste ne se voyait pas. L'homme essaya de bouger la tête en vain. Il regarda du coin de l'œil la poignée de la machette, encore moite de la sueur de sa main. Il apprécia mentalement la place et la trajectoire de la machette dans son ventre, et eut la froide, la mathématique et l' inexorable certitude que sa vie arrivait à son terme. La mort. Au cours de la vie, on pense souvent au jour où, après des mois, des semaines et des jours de préparation, nous arriverons à notre tour sur le seuil de la mort. C'est la loi fatale, acceptée et prévue ; à tel point que nous avons l'habitude de nous laisser porter agréablement par l'imagination, à ce moment, suprême entre tous, quand nous rendons notre dernier soupir. Mais entre le moment présent et cette dernière expiration, qu'advient-il des rêves, des tourments, des espoirs et des drames que nous présumons dans notre vie! Que nous réserve encore cette vie pleine de vigueur, avant son élimination du décor humain! Voilà la consolation, le plaisir et la raison de nos divagations morbides : si loin est la mort, et si imprévu, ce qu'il nous reste à vivre encore! Encore... ?

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