dimanche 8 mai 2011

Entretien avec Michelle Giudicelli (traductrice du portugais), réalisé par Caroline Lepage

1 – Comment êtes-vous venue à la traduction ?
Un peu par hasard. L'expérience me tentait, et j'ai appris qu'A.M. Métailiécherchait quelqu'un pour traduire un ouvrage de Jorge de Sena. J'ai été évaluée et acceptée sur un essai.

2 – Votre première traduction, qu’en pensez-vous aujourd’hui ?
Je l'ai déjà corrigée, car il y avait quelques formules qui ne me plaisaient pas trop… et aussi beaucoup de coquilles. Malheureusement, c'est la seule de mes traductions ayant connu un republication qui ait pu bénéficier de corrections.

3 – Comment voyez-vous aujourd’hui le métier de traducteur ?
Ce n'est pour moi qu'un violon d'Ingres. Je plains les traducteurs à plein temps, car ils ne peuvent pas avoir le temps de peaufiner leur travail s'ils veulent en vivre.

4 – Exercez-vous ce métier à plein temps ?
Non.

5 – Quels sont les principaux outils que vous utilisez lorsque vous traduisez un texte ?
Tous les dictionnaires bilingues et unilingues (dans les deux langues) dont je peux disposer, ainsi que des dictionnaires plus spécialisés (argot, locutions, etc.) selon les textes, des encyclopédies, des livres d'histoire, "le Bon usage", de Grevisse, "Pièges et difficultés de la langue française", de Girodet… et demandes spécifiques aux auteurs ou à des amis portugais.

6 – Lorsque vous rencontrez une difficulté et que vous êtes bloquée, comment procédez-vous ?
Dans un premier temps je la saute pour rester sur ma lancée dans mon premier jet, où je jette sur l'écran tout ce qui me passe par la tête. Puis je cherche tous azimuts et compare les solutions trouvées pour choisir in fine celle qui me paraît le plus conforme à la logique du texte dans son contexte.

7 – Vous traduisez des textes de nature différente… Cela constitue-t-il pour chacun des enjeux spécifiques ?
Bien entendu. On ne traduit pas de la même façon un sonnet et un texte historique, Eça de Queiroz et Lobo Antunes, par exemple.

8 – Se traduit-il beaucoup de littérature portugaise et brésilienne en France ?
Il s'en est traduit beaucoup pendant un certain temps, au point qu'on a pu parler de mode. Malheureusement, ce n'est plus le cas. Il y a pourtant encore beaucoup d'auteurs et de grands ouvrages à découvrir.

9 – Quels rapports entretenez-vous avec les éditeurs ?
Ils sont généralement bons.

10 – Quels rapports éventuels entretenez-vous avec les auteurs sur lesquels vous travaillez ?
Ils sont excellents. J'estime que c'est une chance de pouvoir travailler avec des auteurs vivants (on se pose tant de questions insolubles pour ceux qui sont disparus !), et j'aime beaucoup travailler avec eux.

11 – Quel est votre meilleur souvenir de traducteur ? Et le moins bon ?
Je suis incapable de répondre à la première question. Pour la deuxième, c'est chaque fois que j'ai pu constater des erreurs dans mes traductions, sans pouvoir les corriger.

12 – Le traducteur est-il pour vous un auteur ou un passeur ?
Ce n'est évidement qu'un passeur, même s'il a sa propre façon d'écrire, y compris lorsqu'il s'efforce d'être transparent et de reproduire dans sa langue celle du véritable auteur.

13 – Traduire a-t-il fait de vous un lecteur différent ? Le cas échéant, quel lecteur ?
Non, sauf quand je lis de mauvaises traductions… que j 'ai envie d'améliorer, même quand je n'ai pas le texte original sous les yeux, et cela dans toutes les langues.

14 – Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un(e) apprenti(e) traducteur(trice)?
De faire beaucoup d'exercices d'écriture, dans tous les domaines, de lire des textes de toutes sortes et de toutes époques, d'être très humble devant le texte à traduire, en s'efforçant, après en avoir fait l'analyse littéraire, d'être aussi fidèle que possible à la lettre et à l'esprit de l'auteur. Il faut, selon moi, s'approprier le texte, le repenser dans sa langue avant de le restituer.

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