vendredi 22 juillet 2011

Version à rendre pour le 25 juillet

À la demande de Jean-Nicolas, étudiant bordelais préparant le CAPES 2011-2012, je mettrai des versions plus régulièrement afin que ceux qui le souhaitent puissent s'entraîner tout l'été. Il voulait un petit texte tous les jours et je lui propose pour l'heure tous les deux ou trois jours ; il sera toujours temps de passer à tous les jours si je m'aperçois que vous êtes nombreux à les rendre… sinon, ça ne sert à rien que des versions demeurent orphelines de traducteurs.
Travaillez bien !

Voici donc le Texte 1 :

SOY LA MUJER ANÓMALA

Él a veces se acerca a mí, sobre todo cuando estoy humillada fregando el piso, y me explica a medias algunas cosas. Él y ella andan rondando esta casa desde el Auto de Fe de 1649. Entran y salen. No depende de ellos. A veces hay fuerzas que no los dejan entrar. Otras veces, hay debilidades fácilmente vencibles. Mi madre parecía una vieja tiránica, grosera, frágil. No. Esto me lo dice él. Era muy fuerte. Su fe era auténtica. Era capaz de matar por su fe. Una cosa era la apariencia de su vida cristiana superficial y hasta grotesca, y otra la realidad profunda de su relación con Dios.
-Eras su hija. ¿Nunca te diste cuenta de algo tan claro?
Negué con la cabeza perpetuamente baja.
-Tu madre se disfrazaba detrás de su beatería y su intolerancia. Pero nosotros -Guadalupe y yo- no podíamos vencerla. Bajo la superficie tenía la voluntad de la fe. Era invencible por eso. Era sagaz. Se hacía acompañar de una bestia asociada al Demonio. Su gata Estrellita era un súcubo infernal que la protegía de nosotros.
-¿Mamá los conocía a ustedes?
-No. Nos sospechaba. Se pertrechaba con nuestras propias armas. Nos obligaba a escondernos, a espiarla, a fingir. La farsa de la Guadalupe la venció. Entendió que nosotros entendíamos y sólo esperábamos. Su fe era sobrenatural, mágica. Se defendía con las armas del Diablo.
-¿Y ustedes, tú y la gata...?
Me puso el pie sobre la mano. Aguanté el dolor. -La Lupe. ¿Son judíos, por eso los quemaron? -No. Nos quemaron para quitarnos nuestras riquezas.
-Por judíos. Por codicia. Sin razón.
-No. Tenían razón. Perseguidos, sólo teníamos un aliado. El Demonio.

Carlos Fuentes, Inquieta compañía

***

Annabelle nous propose sa traduction :

Je suis la femme anormale
Parfois il s'approche de moi, surtout quand je suis courbée, en train de laver le sol, et il m'explique des choses à demi-mot. Lui et elle rôdent dans cette maison depuis l'Autodafé de 1649. Il entrent et sortent. Cela ne dépend pas d'eux. Il y a parfois des forces qui ne les laissent pas entrer. D'autres fois, il y a des faiblesses facilement surmontables. Ma mère avait l'air d'une vieille tyrannique, grossière, fragile. Non. C'est lui qui me le dit. Elle était très forte. Sa foi était véritable. Elle était capable de tuer pour sa foi. Une chose était l'apparence de sa vie chrétienne superficielle, voire grotesque, la réalité profonde de sa relation avec Dieu en était une autre.
– Tu étais sa fille. Tu ne t'es jamais rendu compte de quelque chose d'aussi clair ?
Je niai de ma tête constamment baissée.
– Ta mère se cachait derrière sa bêtise et son intolérance. Mais nous – Guadalupe et moi – nous ne pouvions pas la vaincre. Sous la surface, elle avait la volonté de la foi. Elle était invincible à cause de cela. Elle était avisée. Elle se faisait accompagner par une bête associée au Démon. Sa chatte Estrellita était un succube infernal qui la protégeait de nous.
– Maman vous connaissait ?
– Non. Elle soupçonnait notre existence. Elle se munissait de nos propres armes. Elle nous obligeait à nous cacher, à l'épier, à feindre. La farce de Guadalupe triompha d'elle. Elle comprit que nous comprenions et que nous attendions seulement. Sa foi était surnaturelle, magique. Elle se défendait avec les armes du Diable.
– Et vous, toi et la chatte... ?
Il mit son pied sur ma main. J'étouffai la douleur. – Lupe. Vous êtes juifs, c'est pour ça qu'on vous a brûlés ? – Non, ils nous ont brûlés pour nous prendre nos richesses.
– Pour avoir été juifs. Par jalousie. Sans raison.
– Non. Ils avaient raison. Persécutés, nous avions un seul allié. Le Démon.

***

Jean-Nicolas nous propose sa traduction :

Je suis la femme anormale

Il s’approche parfois de moi, surtout quand je suis à genoux/quatre pattes en train de laver le sol, et il m’explique à moitié certaines choses. Elle et lui ne cessent de faire la ronde autour de cette maison depuis l’Acte de Foi de 1649. Ils entrent et sortent. Cela ne dépend pas d’eux. Souvent de fois, il y a des forces qui ne les laissent pas pénétrer. D’autres fois, des faiblesses qui sont facilement surmontables. Ma mère semblait être une vieille femme tyrannique, grossière, fragile. Non. C’est ce que lui m’en dit. Elle était très forte. Sa foi était authentique. Elle était capable de tuer pour sa foi. Une chose était l’apparence de sa vie de chrétienne superficielle et même/pour ne pas dire grotesque et une autre, la réalité profonde de sa relation avec Dieu.
-Tu étais sa fille. Tu ne t’es jamais rendue compte d’une chose si évidente?
Je niai avec ma tête sans cesse baissée.
-Ta mère se déguisait derrière sa bigoterie et son intolérance. Mais nous – Guadalupe et moi- ne pouvions la vaincre. Sous ses airs, elle s’obstinait dans sa foi. En cela, elle était invincible. Elle était sagace. Elle se faisait accompagner par une bête associée au Démon. Sa chatte, Petite Etoile, était un succube infernal qui la protégeait de nous.
-Maman vous connaissait ?
-Non. Elle nous soupçonnait. Elle se munissait de nos propres armes. Elle nous obligeait à nous cacher, à l’épier, à feindre. La farce de Guadalupe la gagna. Elle réalisa que nous comprenions et que nous ne faisions qu’attendre. Sa foi était surnaturelle, magique. Elle se défendait avec les armes du Diable.
-Et vous, toi et la chatte… ?
-Elle mit son pied sur ma main. Je supportai la douleur. –La Lupe.
Vous êtes juifs, c’est pour cela que l’on vous a mis au bûcher –Non. On nous a mis au bûcher pour nous déposséder de nos richesses.
-Pour être juifs. Pour avarice. Sans raison.
-Si. Vous aviez raison. Poursuivis, nous ne possédions qu’un seul allié. Le Démon.

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