jeudi 24 novembre 2011

Et on continue avec la problématique question des notes de bas de page

Avec les étudiants de Licence 3 de l'université de Poitiers, nous nous sommes trouvés hier devant le sempiternel problème de la traduction du mot « tertulia » – qui ne fait guère de difficulté quand on parle de « tertulia literaria » ou de « tertulia taurina », par exemple, mais devient terriblement complexe à rendre quand il s'agit de tout autre contexte, moins « balisé » ou « institutionnalisé ». Donc en cours : nous avons beaucoup cherché, beaucoup tourné et viré pour essayer de trouver une solution convenable dans notre phrase… Comme il convient de le faire dans ce genre de situation, nous avons fini par laisser de côté le texte en V.O. et nous sommes revenus à la "règle" (si tant est qu'on puisse parler de règle en traduction !) : que doit-on faire des "références culturelles" ou assimilées ? Quelqu'un a proposé de ne pas traduire. C'est évidemment tentant. Mais que dit le mot « tertulia » à un Français lambda ? Pas grand-chose, voire rien du tout ; or sur ce point, je suis catégorique : on ne crée pas de creux de sens dans sa traduction. Et là, nous étions presque vaincus et au bord du désespoir, quand la jeune et enthousiaste Lydie, parfois pleine de bon sens et de ressources, a proposé : « Pourquoi pas une note de bas de page ? » Oui, bonne question… et bonne idée. Car ce serait incontestablement le moyen de ne rien perdre de l'étendue du sens de ce terrible mot. Mais, tout de même, histoire que cela ne soit pas une simple béquille pour contourner le problème et s'en laver opportunément les mains, j'ai procédé au fameux petit sondage – que nous connaissons bien ici : « Qui dans la classe lit les notes de bas de page ? ». Silence un peu embarrassé. Puis des réponses timides : « Pas toujours », « De temps en temps », « Rarement », « Jamais »… Bref, si je résume : dans 10% ou 20% des cas seulement. Où l'on arrive donc au paradoxe maintes et maintes fois commenté : le traducteur proposerait une solution que lui-même sait d'avance inefficace et, pire, que lui-même ne concède pas aux autres traducteurs (puisqu'il ne lit pas ou peu les notes).
Pour ceux qui se demandent ce qu'a finalement été notre choix, je réponds en esquivant : pas de note, mais une traduction assez pauvre et peu satisfaisante… Et nous arrivons une fois de plus à la même conclusion : traduire est assumer une succession de victoires et d'échecs. Mais, ne nous inquiétons pas outre mesure, car nous nous rattraperons sur autre chose et les équilibres s'opèreront.

1 commentaire:

Odile a dit…

Vive les notes de bas de page ! soyez curieux et lisez-les !