mardi 31 janvier 2012

Agrégation interne 2012 – version (la proposition de traduction de Laëtitia)


Je remercie vivement Laëtitia Sworzil de nous proposer sa traduction pour la version de l'agrégation interne de cette année !
(Je répète une fois de plus que nul ne doit en déduire quoi que ce soit pour le corrigé à venir du jury).


Anonadado y con una expresión de angustia similar a la del Cristo que presidía el santuario, Anthony Whitelands ganó la calle dando tumbos y tropezando con el flujo incesante de feligreses. Fuera arreciaba la nevada y al dejar el atrio le envolvió un remolino de gruesos copos cuya profusión y blancura parecía sumir el resto del mundo en una impenetrable oscuridad. Este fenómeno le pareció adecuado a su ánimo, en el que se libraba una violenta batalla. Tan pronto su voluntad se sometía a la desconcertante petición de Paquita como se rebelaba contra aquella cruel imposición. Ciertamente, la intrepidez con que ella se le había ofrecido tácitamente pero sin reservas avivaba sus deseos, pero el precio se le antojaba excesivo. ¿Había de renunciar al reconocimiento mundial precisamente cuando lo tenía al alcance de la mano? ¡Y para colmo, sin darle ninguna explicación, apelando únicamente a su debilidad! ¡Imposible!
El frío y la nieve le despejaron la mente, al menos para comprender que no podía seguir bajo la tormenta, hablando a solas como un demente. Todavía fuera de sí, entró en una taberna cercana, se sentó en un taburete y pidió un vaso de vino que le hiciera entrar en calor. El tabernero le preguntó si quería comer algo.
— Mi suegra hace unos callos..., ¿cómo le diría? Así, entre usted y yo, muchas cosas buenas de esa bruja no se pueden decir, pero ¿cocinar? ¡Como Dios! Los callos están que resucitan a un muerto, y usted, si no se ofende, parece que acaba de ver uno.
— No anda desencaminado —dijo Anthony, encantado de que la charla del tabernero le distrajera de su desazón—. A ver esos callos. Y póngame también una ración de jamón, unos calamares a la romana y otro vasito de vino.
Al concluir el almuerzo se sentía mejor. No había tomado ninguna decisión, pero la duda había dejado de atormentarle. La tormenta amainaba, el viento se había calmado y las calles estaban cubiertas de nieve que crujía bajo los pasos vacilantes del inglés.

Eduardo MENDOZA, Riña de gatos. Madrid 1936, 2010.

Accablé, avec une expression d’angoisse semblable à celle du Christ présidant le sanctuaire, Anthony Whitelands gagna la rue cahin-caha, trébuchant sous le flot incessant des paroissiens. Dehors, la neige recommençait à tomber et sur le parvis, il fut enveloppé par un tourbillon de gros flocons dont la profusion et la blancheur semblaient plonger le reste du monde dans une obscurité impénétrable. Ce phénomène lui parut en adéquation avec son état d’esprit, ce dernier étant en proie à une violente bataille. Sa volonté se soumettait à la demande déconcertante de Paquita pour aussitôt se rebeller contre cette cruelle imposition. L’audace avec laquelle elle lui avait fait part de son offre tacite mais sans réserves attisait certainement ses désirs, mais il en trouvait le prix excessif. Devait-il renoncer à la reconnaissance mondiale au moment précis où il la tenait à portée de main ? Qui plus est, sans qu’elle ne lui fournît aucune explication, en misant uniquement sur sa faiblesse ! Impossible !
Le froid et la neige lui éclaircirent les pensées, du moins suffisamment pour comprendre qu’il ne pouvait pas, sous cette tempête, continuer à parler tout seul comme un fou. Toujours hors de lui, il entra dans un café proche, s’assit sur un tabouret et commanda un verre de vin susceptible de lui communiquer un peu de chaleur. Le patron lui demanda s’il voulait manger quelque chose.
Ma belle-sœur fait de ces tripes..., comment vous dire ? Sachez, de vous à moi, qu’on ne peut pas dire grand-chose de bon à propos de cette sorcière, mais quand il s’agit de cuisiner… C’est comme Dieu ! Les tripes, ça vous ressuscite un mort, et il semblerait, ne le prenez pas mal, que vous venez d’en voir un.
Vous n’avez pas tort – répondit Anthony, enchanté que sa discussion avec le patron le détournât de sa contrariété. Voyons voir ces tripes. Et rajoutez-moi une ration de jambon, des calamars à la romaine et un autre petit verre de vin.
À la fin du déjeuner, il se sentait mieux. Il n’avait pris aucune décision, mais il avait cessé d’être tiraillé par le doute. La tempête se calmait, le vent était tombé et la neige qui recouvrait les rues crissait sous les pas hésitants de l’Anglais.

8 commentaires:

Elena a dit…

Merci Laëtitia ! C'est très gentil de ta part...

Patricia a dit…

Bonjour, juste une petite remarque, ce n'est pas belle-soeur, mais belle-mère

Tradabordo a dit…

Patricia…
Merci ! En effet… Là, je crois que nous avons un petit lapsus de notre chère Laëtitia ;-))))))
Et toi, est-ce que tu nous proposes ta traduction ? Il va de soi que plus nous aurons de propositions, plus ce sera intéressant… et il va aussi de soi que tu ne seras jugée par personne sur Tradabordo.

Patricia a dit…

J'ai fait trop de petites fautes, enfin, j'espère... et biensûr qu'il s'agit d'un lapsus, je voulais même la remercier dans mon commentaire pour sa trad, et j'ai envoyé le message trop rapidement, alors MERCI !
Patricia

Laetitia Sw. a dit…

Bien vu Patricia ! Au temps pour moi... Ta remarque à peine lue, le mot "cuñada" m'est venu comme par enchantement à l'idée... Ça me rappelle des souvenirs : le genre d'erreurs qui sautent aux yeux une fois passé le seuil de la salle d'examen...

Tradabordo a dit…

Patricia,

Je comprends que le sujet soit sensible ;-)
Mais, si tu n'es pas là que circonstantiellement (pour les propositions de traduction du thème et de la version du concours), que cela ne t'empêche pas de participer à nos activités de traduction. C'est un bon entraînement, un agréable et loisir… et nous, nous sommes toujours d'être contents d'accueillir de nouveau amis.

Patricia a dit…

Merci beaucoup,
j'avais découvert le site il y a quelques temps, comment est-ce que ça fonctionne ? J'aime bien faire des traductions, mais encore faut-il trouver le temps, surtout avec des enfants en bas âge 4 ans et presque neuf mois... mais si je peux, ça me dit bien...
Laetitia, m'en parle pas, les mots reviennent dès qu'on quitte la salle...

Tradabordo a dit…

Patricia,

Je me réjouis que tu formules le vœu de participer à nos activités – pour ce faire, rien de plus simple :

1) Tu t'inscris (Cf colonne de droite – là où il y a les petites photos de tout le monde).
2) Tu prends les textes que je publie (soit tu les trouves à l'écran soit, s'ils ont disparu parce qu'il y a eu de nouvelles publications dans l'intervalle, dans la colonne de gauche, sur une page spéciale – en ce moment, elle est intitulée : version L2 / LTMI). Tu remarqueras qu'il y a une date de remise. Ce jour-là, au plus tard, tu m'envoies ta proposition par mail :
lepage.unipoitiers@gmail.com
Le lendemain, je publie l'ensemble des traductions que j'ai reçues et généralement – c'est-à-dire sauf pendant les périodes où je n'ai pas le temps / examens, etc. – j'en « corrige » une… – sachant et j'insiste bien là-dessus qu'il ne s'agit pas d'un rapport prof / étudiant… ou CNED / client. Çe ne semble pas clair pour tout le monde ! Nous sommes entre amis de la traduction… à l'aise, avec nos qualités et le reste. Tous dans une démarche d'apprentissage et d'échange.

Bienvenue parmi nous !

Caroline