samedi 21 avril 2012

Version à rendre pour le 20 avril

Fue una tarde de junio cuando su madre decidió enseñarle a contar. Lo acomodó en su regazo y con la misma voz indiferente con la cual narraba historias de ángeles y bestias le reveló el secreto de las matemáticas, susurrando cada cifra como si se tratase de una estación más en el vía crucis,  o un salmo inserto en sus plegarias. Detrás de los cristales, la arboleda se estremecía con la primera tormenta del verano; su violento martilleo les recordaba la presencia de Dios y el tamaño de su misericordia. Ese día, Frank obtuvo un remedio contra las tempestades y aprendió,  además,  que los números son mejores que las personas. A diferencia de los seres humanos -pensaba en la repentina cólera de su padre o en la distante soberbia de su madre-, uno siempre puede confiar en ellos: no se alteran ni mudan su ánimo,  no engañan ni traicionan,  no te golpean por ser frágil., Pasaron varios años antes de que descubriera, durante un ataque de fiebre,  que la aritmética oculta sus propios trastornos y manías, y que no forma, como creyó en un principio, una comunidad tenue e inconmovible. Entre delirios -el médico había bañado su cuerpo desnudo con trozos de hielo-, el pequeño Frank observó por primera vez sus pasiones secretas. Al igual que los hombres que conocía hasta entonces,  los números luchaban entre sí con una ferocidad que no admitía capitulaciones. Luego comprobó la variedad de sus conductas: se amaban entre paréntesis,  fornicaban al multiplicarse, se aniquilaban en las sustracciones, construían palacios con los sólidos pitagóricos, danzaban de un extremo a otro de la vasta geometría euclidiana,  inventaban utopías en el cálculo diferencial y se condenaban a muerte en el abismo de las raíces cuadradas. Su infierno era peor: no yacía debajo del cero, en los números negativos -odiosa simplificación infantil- sino en las paradojas, en las anomalías, en el penoso espectro de las probabilidades.

Jorge Volpí,  En busca de Klingsor

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Nathalie nous propose sa traduction

C’est par un après-midi de juin que sa mère résolut de lui apprendre à compter. Elle le fit s’asseoir sur son giron et avec la même voix détachée que celle qu’elle prenait pour raconter des histoires d’anges et de monstres, elle lui révéla le secret des mathématiques, susurrant chaque chiffre comme s’il s’agissait d’une station supplémentaire du chemin de croix, ou d’un psaume inséré à ses prières. Derrière les vitres, les bois frémissaient sous le premier orage de l’été, son violent martèlement leur rappelait la présence de Dieu et la grandeur de sa miséricorde. Ce jour là, Franck trouva un remède aux tempêtes et apprit, en outre, que les nombres valent plus que les gens. A la différence des êtres humains- il  pensa  à la soudaine colère de son père ou à la froide vanité de sa mère-, on peut toujours leur faire confiance : ils ne se mettent pas en colère, ni ne changent d’humeur, ils ne trompent pas ni ne trahissent, ils ne vous  frappent pas parce que vous êtes  fragile.
Plusieurs années s’écoulèrent  avant qu’il ne découvrît, lors d’un accès de fièvre, que l’arithmétique cache ses propres dérèglements et manies, et qu’elle ne constitue pas, comme il l’avait cru au début, une communauté fragile et inamovible. Entre deux délires-le médecin avait recouvert son corps n de morceaux de glace- le jeune Franck avait observé pour la première fois leurs passions secrètes.  De la même manière que les hommes qu’il avait connus jusqu’à présent, les nombres luttaient entre eux avec une férocité qui ne tolérait aucune capitulation. Il examina ensuite la diversité de leurs comportements : ils s’aimaient entre parenthèses, forniquaient quand on les multipliait, s’anéantissaient dans les soustractions, bâtissaient des palais avec les solides pythagoriciens, dansaient d’un bout à l’autre de la vaste géométrie euclidienne, inventaient des utopies avec le calcul différentiel et se condamnaient à mort dans l’abîme des racines carrées. Pire était leur enfer : il ne gisait pas sous le zéro, au niveau des nombres négatifs-odieuse simplification infantile-mais au niveau  des paradoxes, des anomalies, du douloureux spectre des probabilités.

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Justine nous propose sa traduction :

Ce fut par un après-midi de juin que sa mère décida de lui apprendre à compter. Elle l'installa confortablement dans son giron, et avec la même voix indifférente que celle qu'elle prenait pour lui raconter des histoires d'anges et de bêtes sauvages, elle lui révéla le secret des mathématiques ; en susurrant chaque chiffre comme s'il s'agissait d'une étape supplémentaire sur le chemin de croix ou d'un psaume inséré dans ses prières. Derrière les vitres, les bosquets tremblaient sous le premier orage de l'été dont les frappes violentes leur rappelaient la présence de Dieu et sa grande miséricorde. Ce jour-là, Frank obtint un remède contre les tempêtes et apprit, en outre, que les nombres étaient meilleurs que les gens. À la différence des êtres humains – il pensait à la colère soudaine de son père ou à l'orgueil qui rendait sa mère distante –, on pouvait toujours leur faire confiance : Ils ne changeaient pas et avaient toujours le même état d'esprit ; ils ne dupaient ni ne trahissaient personne, ils ne s'en prenaient pas à ta fragilité.
De nombreuses années passèrent avant qu'il ne découvrit, durant une poussée de fièvre, que l'arithmétique cachait ses propres troubles et folies, et qu'elle ne formait pas, comme il l'avait cru dans un premier temps, une communauté faible et inébranlable. Dans ses délires – le médecin avait baigné son corps nu avec  des morceaux de glace –, le petit Frank observa pour la première fois leurs passions secrètes. Comme les hommes qu'il avait connus jusqu'alors, les nombres se battaient entre eux, avec une férocité qui n'admettait aucune capitulation. Puis il constata la variété de leurs comportements : ils s'aimaient entre parenthèses, forniquaient en se multipliant, s'anéantissaient dans les soustractions, construisaient des palais avec les solides de Pythagore, dansaient d'un bout à l'autre de la vaste géométrie euclidienne, inventaient des utopies dans le calcul différentiel et se condamnaient à mort dans l'abîme des racines carrées. Son enfer était pire : Il n'était pas en-dessous du zéro, dans les nombres négatifs – odieuse simplification infantile –, mais dans les paradoxes, les anomalies, le douloureux spectre des probabilités.

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Elena nous propose sa traduction :

Ce fut un après-midi de juin, lorsque sa mère décida de lui apprendre à compter. Elle le prit sur ses genoux et, avec la même voix indifférente avec laquelle elle racontait des histoires d’anges et démons, elle lui révéla le secret des mathématiques, susurrant chaque chiffre comme s’il s’agissait d’une banale station du via crucis, ou d’un psaume inséré dans ses prières. Derrière les vitres, les arbres grelottaient sous le premier orage de l’été ; son violent martèlement leur rappelait la présence de Dieu et la mesure de sa miséricorde. Ce jour-là, Franck obtint un remède contre les tempêtes et apprit, en plus, que les nombres sont meilleurs que les personnes. Contrairement aux êtres humains – il songeait à la soudaine colère de son père ou à la distante arrogance de sa mère –, on peut toujours leur faire confiance : ils ne s'altèrent ni ne modifient leur état d’âme, ils ne trompent ni ne trahissent, ils ne frappent pas quelqu’un de fragile.
Plusieurs années s’écoulèrent avant qu’il ne découvre, lors d’un accès de fièvre, que l’arithmétique cache ses propres perturbations et manies, et qu’elle ne forme pas, tel qu’il le crut au début, une communauté anodine et immobile. Au milieu des délires – le médecin avait plongé son corps nu dans de l’eau avec des glaçons –, le petit Franck contempla pour la première fois ses passions secrètes. À l’instar des hommes qu’il connaissait jusqu’alors, les nombres se battaient entre eux avec une férocité qui n’admettait pas de capitulations. Ensuite, il vérifia la diversité de leurs comportements : ils s’aimaient entre parenthèses, ils forniquaient en se multipliant, ils s’exterminaient dans les soustractions, ils construisaient des palais avec les solides pythagoriques, ils dansaient d’un bout à l’autre de la vaste géométrie euclidienne, ils inventaient des utopies dans le calcul différentiel, et ils se condamnaient à mort dans l’abîme des racines carrées. Leur enfer était pire : il ne gisait pas en dessous du zéro, dans les nombres négatifs – odieuse simplification infantile –, mais dans les paradoxes, dans les anomalies, dans le pénible spectre des probabilités.

3 commentaires:

Nathalie a dit…

Bonjour Justine et Elena,
Je viens de lire vos traductions, et j’ai quelques questions à vous poser. Tout d’abord, j’aimerais savoir si l’on doit changer les temps ou garder comme dans le texte « le va- et- vient »t passé-présent. J’ai choisi de traduire « alterarse » par se mettre en colère puisque le narrateur ( si j’ai bien compris) explique que Franck recevait des coups parce qu’il était sans défense, êtes-vous d’accord avec cette traduction ( le DRAE propose « enojar, excitar » ) .
Je n’étais pas satisfaite de « anges et monstres », Elena tu proposes « anges et démons » , ainsi l’opposition est bien rendue. Une dernière question, la phrase « el médico había bañado su cuerpo desnudo con trozos de hielo” qui me paraissait pourtant simple m’intrigue, j’ai pensé comme vous que le médecin plongeait le corps nu du garçon dans de l’eau avec des glaçons ou des morceaux de glace mais en consultant le DRAE j’ai trouvé une autre acception, « Cubrir algo con una capa de otra sustancia, mediante su inmersión en esta o untándolo con ella. », qu’en pensez-vous ?

Nathalie

Elena a dit…

Bonjour Nathalie,
Désolée du retard… Je vais essayer de répondre à tes questions :
- j’aimerais savoir si l’on doit changer les temps ou garder comme dans le texte « le va- et- vient » passé-présent.
_ Je pense qu'il faut, effectivement, garder et respecter l'alternance.

- J’ai choisi de traduire « alterarse » par se mettre en colère puisque le narrateur ( si j’ai bien compris) explique que Franck recevait des coups parce qu’il était sans défense, êtes-vous d’accord avec cette traduction ( le DRAE propose « enojar, excitar » ).

_ Oui, je l'interprète exactement comme ça.

- Je n’étais pas satisfaite de « anges et monstres », Elena tu proposes « anges et démons » , ainsi l’opposition est bien rendue.

_ Je me suis posée bien des questions, et j'ai trouvé que cette expression rendait mieux le contraste et qu'elle collait mieux au contexte.

- Une dernière question, la phrase « el médico había bañado su cuerpo desnudo con trozos de hielo” qui me paraissait pourtant simple m’intrigue, j’ai pensé comme vous que le médecin plongeait le corps nu du garçon dans de l’eau avec des glaçons ou des morceaux de glace mais en consultant le DRAE j’ai trouvé une autre acception, « Cubrir algo con una capa de otra sustancia, mediante su inmersión en esta o untándolo con ella. », qu’en pensez-vous ?

_ Non, je ne pense pas qu'il le recouvre avec des glaçons, ça n'est pas très cohérent…

Cette phrase m'a donné du fil à retordre, j'ai choisi de lever l’ambiguïté en ajoutant une périphrase.

Pour finir, je pense avoir fait un contresens à la phrase : "Luego comprobó la variedad de sus conductas:". J'ai mis "ses" ou lieu de "leurs", et je pense que c'est vous qui avez raison !

Nathalie a dit…

Bonjour Elena,
Merci pour tes réponses. Tu as raison, quand un enfant est malade on lui fait prendre un bain et on ne le recouvre pas de glace… parce que ça c’est vraiment barbare !
Nathalie