mardi 30 octobre 2012

Exercice d'écriture 4 – par Élise Poullain

« Dialogue avec mon chat »

Je ferme la porte, pose mon sac et enlève mon manteau, enfin rentrée ! Pendant que j’essaye de défaire mes lacets, mon joli petit chat tigré vient se frotter contre mes mollets.
— Bonjour petit chou, tu t’es pas trop ennuyé ? Tu viens chercher des câlins de fin de journée ? Roh, mais laisse-moi quand même enlever mes chaussures !
— Trébuche ! Mais trébuche, cerbère sans pitié ! Comment peux-tu imaginer que c’est des caresses que je cherche alors que je veux t’éliminer… Encore une ruse, elle essaye d’installer la confiance pour mieux me piéger. Elle doit encore vouloir m’emmener chez le tortionnaire en blouse blanche. Il m’a marqué, comme si je n’étais qu’un numéro parmi tant d’autres. Combien sommes-nous, prisonniers et persécutés de la sorte ?
— Bon ça suffit, calme-toi boule de poil sinon je te donne pas de pâtée, et ce sera la diète aux croquettes pour minou mal élevé ! Je viens juste d’arriver et ma journée a déjà été assez fatigante, pas la peine d’en rajouter…
— Bah voyons… Farines et céréales déshydratées ou mauvaises boulettes de viande, enfin, s’il y a jamais eu de la viande quelque part pendant l’élaboration de ces horreurs en gelée…
— Allez, viens, je vais te préparer un peu de lait, et on pourra jouer un peu après, tu dois avoir besoin de te défouler un peu…
— Il faut que je trouve le moyen de partir d’ici. Elle joue encore avec mes nerfs, en me lançant cette petite boule accrochée au bout d’une ficelle, si proche et pourtant insaisissable. Quelle cruauté gratuite, quelle gardienne impitoyable. Il faut vraiment que je trouve le moyen de partir d’ici. J’avais réussi mais elle a des méthodes infaillibles, j’aurais jamais dû la laisser me prendre en photo, ces affichettes maléfiques avaient permis à la vieille femme de l’épicerie de m’identifier et elle m’avait ramené jusqu’à mon misérable donjon, après m’avoir asphyxié en me serrant contre son cou empestant la rose alcoolisée. Je ne les croyais pas si vicieuses,  ces deux-là. Je me vengerai. J’ai déjà détruit son canapé, il faut que je m’occupe des chaises en osier. Ou que j’attrape un oiseau et que je le dépose, mort et sanguinolent, dans son lit. Elle va finir par comprendre que je suis pas un de ces chatons débiles satisfaits de leur triste sort. Je n’abandonnerai jamais. 

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