mardi 22 janvier 2013

Exercice d'écriture 7 – par Céline Rollero


« Description d'un tableau »

L’ascension fut périlleuse et laborieuse. Tout juste vêtu de ma redingote noire, il me fallut bien du courage pour gravir cette montagne escarpée. Mais une fois le sommet atteint, quel spectacle grandiose et bouleversant ! Précautionneusement, je me juchai sur le pic rocheux qui surplombait l’immense vallée cotonneuse, prenant appui sur ma jambe droite, elle-même secondée par ma fidèle canne, afin de mieux résister à l’attrait du vide. Sous mes pieds, s’étendait un océan infini de nuages immaculés, parsemé de-ci de-là d’îles rocheuses qui émergeaient péniblement des abîmes. Un ciel moutonneux subtilement azuré se fondait imperceptiblement dans la mer de brume, noyant l’horizon sous son fin voile d‘ivoire. Face à moi, des montagnes bleutées se détachaient délicatement de ce paysage de rêves. Saisi par la tranquillité menaçante de ce panorama, terriblement seul, je ne sais combien de temps ai-je pu demeurer ainsi plongé dans mes pensées, à contempler l’infini. Une éternité, sans doute. Toujours est-il que lorsque, au prix d’effroyables efforts, je parvins à m’extirper de mes songes, j’entendis confusément des murmures dans mon dos. Tendant l’oreille, je compris que l’on parlait d’un « voyageur contemplant une mer de nuages », et d’un certain Caspar David Friedrich. Intrigué, je tournai lentement la tête et j’aperçus, dans un halo de lumière crue, une dizaine d’yeux inquisiteurs tournés dans ma direction et tenus à bonne distance par une barrière de corde. Pris d’effroi, je m’empressai de retrouver ma position initiale pour me replonger, corps et âme, dans cette éternelle méditation brumeuse.

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