mardi 29 janvier 2013

Exercice d'écriture 8 – par Kévin Cipollini

« 7h13 »

À l’horizon, les rayons du soleil n’ont toujours pas quitté les entrailles de la terre et pourtant, ils annoncent la venue imminente de l’astre du jour en colorant le ciel d’un bleu moins endormi. Quoi de plus naturel en ce début de mois de février ? Dans la rue, les quelques piétons et conducteurs qui se rendent machinalement à leur travail ont gardé les marques de la nuit sur leurs visages somnolents et agressés par la morsure du froid. Quelques frissons par-ci, des expirations de vapeurs par-là, le portrait des environs est bien peu enviable en cette heure matinale. 7h13. Trop tôt pour abandonner les bras douillets de Morphée et affronter le retour à la réalité, trop tard pour apprécier le charme nocturne de la Belle endormie.  Celle-ci exhibe ses parures lumineuses pour justifier son titre, mais dès les premières menaces de l’aube, la ville voit s’estomper la magie flatteuse qui, toutes les nuits, lui répète combien elle est magnifique. Visiblement, la cité aussi a du mal à supporter l’atmosphère importune en ce début de journée.
Même les oiseaux, d’ordinaire si enjoués à cette heure-là, n’ont pas le cœur à gazouiller. Seuls quelques-uns osent pousser deux trois piaillements, sans plus. D’ailleurs, tous demeurent dissimulés entre les branches des arbres qui parsèment çà et là  la totalité de la capitale aquitaine,  comme si ces volatiles approuvaient la mauvaise humeur ambiante. Enveloppant le sol gelé et humide, la brume donne une vision lugubre de ces arbres nus telle une armée éparse de squelettes géants se dressant dans cet immense labyrinthe aux murs fragmentés. La nature ne donne aucun signe de vie, ou trop peu pour animer ce tableau peint avec des couleurs ternes, fades, éteintes, mortes. Comble de l’ironie, c’est le temps qui semble à la traine. Du moins, c’est le sentiment que l’on éprouve rien qu’en contemplant cette scène,  en définitive,  épuisée de fatigue.

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