vendredi 1 novembre 2013

Exercice d'écriture 2 – par Maïté

Sujet : À ma table

« Une tablée surprenante »

Le 2 novembre, … une journée hors du commun. Comme vous le savez tous, c’est le jour de la fête des morts, mais ce que vous ignorez sans doute c’est que, c’est aussi le jour de ma naissance ! Quelle idée, naitre un tel jour ! On pourrait croire à une blague mais non… mon anniversaire comme pour bien des personnes est un moment agréable, où on reçoit amis, famille, et de nombreux cadeaux ! Mais ce 2 novembre de l’hiver 2006, il fut unique, gravé à jamais dans ma mémoire. Je vais vous dire pourquoi et surtout en quoi il fut si particulier, à la limite du réel !
Au cas où, je ne vous l’aurais pas précisé, je suis française. L’information parait anodine mais elle ne l’est pas ! Août 2006, fin de l’été post bac, une jolie rentrée en prévision, pas à l’université comme on aurait pu s’y attendre, mais une rentrée en uniforme bleu, jaune, gris dans un nouveau pays. Un pays dont j’allais tomber éperdument amoureuse dont les couleurs sont vert, blanc, rouge. Un indice supplémentaire ? Un caracara perché sur un cactus avec dans son bec, un serpent. Oui, ça y est, je pense que vous avez deviné, il s’agit bien du Mexique !
Les éléments commencent à prendre forme, vous vous doutez que dans un pays situé si loin de mon pays natal, les choses allaient être différentes. En partant, j’avais dans la tête le refrain de Manu Chao « tequila, sexo y marijuana » et je m’imaginais les habitants tous vêtus d’un poncho, une guitare et un verre de tequila dans la main. Quel stéréotype stupide quand on y pense, merci aux productions nord-américaines avec leurs westerns à deux francs six sous! Quelle n’a pas été ma surprise en arrivant, des hommes et des femmes de toutes sortes, habillés comme dans notre bon pays ! Au fur et à mesure, que je m’imprégnais de cette culture à part, bien loin des clichés fournis par nos téléviseurs ou nos livres d’histoire, je me découvrais une âme presque mexicaine. Cette sensation serait confirmée par l’énorme fête que mes amis et ma famille d’accueil organisèrent le 2 novembre, à l’occasion de mes dix-huit ans.
Une fête presque indescriptible de par sa beauté et sa mysticité ! Je vais tenter de vous la faire partager. La veille, dans la maison, comme il est coutume de faire, nous avions fait un autel, avec des guirlandes orange, une jolie nappe en dentelle blanche, des photos des êtres chers qui ne sont plus de ce monde, des bougies, des fleurs, des calaveras, des citrouilles, des dessins, la croix du Christ suspendue au-dessus, des dulces, sans oublier le fameux pan de muerto et le mezcal ! Le tableau est dressé, le jour suivant, ma famille d’accueil m’annonce que certes c’est mon anniversaire, mais que pour eux, il s’agit d’un jour très spécial et que donc le lendemain, nous ne serions pas à la maison pour fêter mon anniversaire.
Au petit matin, ma famille me dit « Mayti, bon anniversaire ! Aujourd’hui est un grand jour, habilles-toi bien, maquilles-toi et rejoins-nous à la voiture dès que tu seras prête. Nous partons faire la fête toute la journée. » Une fois prête, je les rejoins, ils ont mis des gros paniers dans la voiture dont je n’ai pas vu le contenu. Et ils me disent, nous allons au cimetière ! Je ne comprends pas tout de suite, je m’attends au pire, comment ça au cimetière ? Au cimetière des « negritas » ? Je ne l’espère pas ! Après quelques kilomètres nous arrivons enfin au cimetière Panteón de Herrera.
De la musique émane du cimetière, et de la musique plutôt festive : les mariachis sont de sortie, j’adore ! Je descends toute excitée, je n’ai qu’une envie voir ce qui s’y passe. Et là, devant mes yeux ébahis, des années après j’ai toujours du mal à croire que c’était bien réel, le cimetière est plein mais pas seulement de cadavres dans leurs tombes mais de personnes en chair en os, bien vivantes, qui mangent, chantent et dansent parmi les esprits des morts. Parce que, voilà de quoi il s’agit, de communier avec les morts mais pas comme le veut notre religion catholique traditionnelle, en noir et dans le silence mais en couleurs, et le plus bruyamment possible. Nous nous dirigeons sur la tombe du grand-père où d’autres membres de la famille sont aussi.
On commence à ouvrir les paniers, et qu’y-a-t-il à l’intérieur? Des tacos de mole con arroz et du pan de muertos. On va se régaler ! Oui, vous m’avez devinée, il n’y a pas que ça dans les paniers, il y a aussi du mezcal bien sûr parce qu’on est là pour faire la fête avec les morts et il parait que el abuelo adorait le mezcal ! La journée se déroule de façon inattendue, quelques larmes coulent parfois sur les joues de Rafa et de Susana lorsqu’ils se remémorent les bons moments passés avec el abuelo Diaz. En fin d’après-midi, mes parents de substitution s’en vont et nous laissent entre « jeunes ». Pas besoin de plus de détails, le mezcal a coulé à flot toute la journée ! Dès la tombée de la nuit, les bougies tamisant l’obscurité naissante, donnent le ton, nous nous asseyons et quelques uns de mes amis présents, commencent à raconter toutes sortes d’histoires ! On se croirait dans une de ses séries américaines où les histoires d’horreur précèdent toujours la catastrophe à venir. Les mariachis partis depuis longtemps, nous ont laissé dans un silence qui se fait de plus en plus effrayant. Lorsque, tout d’un coup, des gens déguisés arrivent avec un son puissant, de grosses baffles qui crachent un mélange de techno rock à la mexicaine, c’est unique ! Le cimetière devient de nouveau très vivant. Je reconnais une de mes amies du Liceo, déguisée en diablesse, qui me prend à part, m’emmène dans sa voiture et me dit de me changer. Elle m’a préparé une tenue tout à fait assortie au sien, ou presque, c’est une robe blanche avec des ailes d’anges ! Je rêve, mon anniversaire est juste hors du commun, personne ne va me croire à mon retour en France ! Nous ressortons de la voiture et allons rejoindre les autres pour continuer la fête jusqu’au bout de la nuit.
Une journée, un repas, une expérience hors norme qui me marquera à jamais !
Merci encore à ma famille d’accueil, mes amis, et en particulier à toi, ma Fano, que je n’oublierai jamais, comment bien sûr ne pas te mentionner toi aussi qui a donné un sens tout particulier à mon année, René merci.

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