dimanche 27 avril 2014

Exercice d'écriture 19 – par Maïté

Sujet : Fax

« Voyage »

Arrivée sur Pluton, je fus prise de stupeur. Pourquoi suis-je si loin du soleil ? Moi qui toute ma vie n’avais voulu que ça, m’en rapprocher au maximum, le toucher même si seulement c’était possible. C’est alors que Paul me dit : «  Envoie-lui un fax ». L’air raréfié devait lui avoir fait perdre la tête. Je ne relevai même pas sa remarque et me décidai à aller explorer cette nouvelle planète. Munie de ma tenue d’astronaute, je m’éloignai du vaisseau, seule. Après plusieurs heures de marche, où je n’avais croisé ni âme qui vive, ni point d’eau, ni la moindre lumière, je tombai dans un trou et glissai sur quelques mètres qui me parurent être des kilomètres.
Là, devant mes yeux ébahis, se trouvait une sorte d’oasis: des palmiers, des cocotiers, des coquillages, du sable blanc, un océan bleu turquoise avec en toile de fond un soleil écrasant, éblouissant. Prise d’un élan de folie provoqué par cette luminosité subite, je quittai ma tenue de spationaute. En deux temps trois mouvements, je me retrouvai à moitié nue, les pieds dans le sable fin, chaud, courant à travers ce décor féerique. Sur la droite, adossée au cocotier, une planche de surf, un quattro, 6.2 bleu, avec un scorpion noir peint entre les dérives. Je saisis la planche au vol, me précipitai dans l’océan où je voyais des petites ridules se former au fur et à mesure.
Je commençai alors la meilleure session de surf de ma vie. Les vagues s’enchainaient avec une régularité parfaite, l’eau était glassy. La hauteur du pic devait atteindre tout juste 2 mètres, ce qui était l’idéal pour ma condition et mon niveau. Les vagues ouvraient sur des mètres et des mètres, alternant à droite puis à gauche, un peu selon l’envie que j’avais au moment de ramer. Devant moi, il n’y avait qu’un mur en pierre, j’avais l’impression de surfer dans une grotte ensoleillée. Tout paraissait si irréel. Les heures passaient et je ne ressentais aucune fatigue.
Quand j’ouvris les yeux, Paul se trouvait au-dessus de moi, son regard d’un vert profond me souriait. Il me dit : « J’ai envoyé le fax pour toi, ça t’a plus ? » Dans un état semi-comateux, je lui répondis : « Sommes-nous au paradis ? » « Non, nous sommes là où tu veux que nous soyons. Ton imagination, c’est elle qui te guide, qui nous guide et avec elle, rien ne pourra plus jamais t’arrêter. » Paul s’arrêta un instant de me parler pour tourner la tête et s’adresser à une tierce personne que je ne voyais pas avant d’ajouter : « Alors bébé, on repart ? » Tapant un fax de sa main gauche, il m’injecta un liquide bleuâtre dans les veines, c’était reparti. 

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