samedi 31 décembre 2016

Projet Justine / Elena – texte 65

Seducción

El cuadro cuelga de la pared que está junto a la cabecera de la cama.
Dentro del cuadro se ven relámpagos, lluvia, un río embravecido, un puente roto que dos muchachos asustados intentan cruzar. Y un ángel detrás de ellos. Con sus alas desplegadas, su túnica impecable, su majestad.
La niña está sola en el cuarto. Los truenos no la dejan dormir, tapa su cabeza con la almohada. El ruido del aguacero continúa, el silbido del viento en los árboles y el rugido lejano del arroyo que cobra vigor.
Tiritando se levanta. La tormenta arrecia, un rayo ilumina la habitación, encegueciéndola. Parpadea varias veces y cuando sus ojos se habitúan a la oscuridad observa la lámina: por más que intente no logra verlos, los muchachos del cuadro no están.
Está el ángel. En la penumbra del cuarto su belleza resplandece.
La niña lo mira arrobada. Quisiera pararse a su lado, conversar, que le ofrezca algo, cualquier cosa, y tener la oportunidad de aceptar.
—Es tan hermoso, le entregaría hasta el alma.
El ángel escucha ese pensamiento, sonríe satisfecho.
La noche recién comienza.

Traduction temporaire :
Séduction

Le tableau est accroché au mur, à côté de la tête de lit.
Sur le tableau, on voit des éclairs, de la pluie, un fleuve démonté, un pont cassé que deux enfants apeurés tentent de traverser. Et derrière eux, un ange. Les ailes déployées, la tunique impeccable, majestueux.
La fillette est seule dans la chambre. Le tonnerre l'empêche de dormir. Elle enfouit sa tête sous l'oreiller. Le bruit de la pluie est toujours là, ainsi que le sifflement du vent dans les arbres et le rugissement lointain du ruisseau qui enfle.
Tremblante, elle se lève. L'orage redouble, un éclair illumine la pièce, l'aveugle. Elle bat des paupières à plusieurs reprises. Ses yeux accoutumés à l'obscurité, elle observe la peinture : elle a beau essayer, elle ne les voit pas, les enfants du tableau ne sont pas là.
L'ange est présent. Dans la pénombre de la chambre, sa beauté resplendit.
La fillette le regarde, subjuguée. Elle voudrait s'attarder à ses côtés, discuter, qu'il lui offre quelque chose, n'importe quoi, et avoir le loisir d'accepter.
— Vous êtes tellement beau ! J'irai jusqu'à vous livrer mon âme.
L'ange entend cette pensée et sourit, satisfait.
La nuit tombe à peine.

Projet Sabrina – micros série 2

*

Hasta que murió esquizofrénica, para mi madre fui yo y también mi hermanito fallecido. A veces me ponía como ejemplo ante mí. ¡Muy (la) extraño!
Jusqu'à ce qu'elle meure, schizophrène, ma mère a été persuadée que j'étais moi, mais aussi mon petit frère décédé. Parfois, elle me prenait en exemple devant moi. Si (je la) regrettable !
*

Pesadilla: Una mujer desnuda y ojos muy saltones, me apunta con una pistola en cada mano. Me siento acorralado por los seis.
Cauchemar : Une femme nue et aux yeux très globuleux me vise avec un pistolet dans chaque main. J'ai la sensation que les six me tiennent en joue.

*

Cuentan de cierta secta poseedora de un caleidoscopio que, con poquitas palabras, forma infinitos poemas de belleza sobrenatural.
On raconte l’histoire d’une secte détentrice d’un caléidoscope, qui, avec juste une poignée de mots, forme des poèmes infinis d’une beauté surnaturelle.
*

Un ejército de valientes caballos, montados sobre briosos jinetes, choca estruendosamente contra el enemigo, que se desorganiza por la sorpresa y huye.
Une armée de vaillants chevaux, juchés sur de fougueux cavaliers, entre en collision avec fracas contre l’ennemi, qui, surpris, se désorganise et prend la fuite.


*

En la mutualista me atendieron de maravilla. Cuando me dieron el alta, me borré por temor a mis deseos de volver.
À la clinique, on a été aux petits soins avec moi. Quand on a autorisé ma sortie, je suis parti en courant, de peur d’avoir envie d’y retourner.

*

El cura puede usar el secreto de confesión. El acusado el de presumario y el adinerado el bancario. Para el resto, solo el horario del ómnibus es un secreto.
Le curé peut faire valoir le secret de la confession, l’accusé, celui de l’instruction et le riche, celui de la banque. Pour les autres, seul l’horaire du bus est un secret.

*

En aquel lugar todos los timbres eran de oro. Algunos dicen que allí, cuando el rey Midas era un niño, jugaba al ring raje.
Dans cet endroit, toutes les sonnettes étaient en or. On raconte que là-bas, quand le roi Midas était enfant, il s'amusait à sonner et déguerpir.


*

Silencio, el cuchillo tomó por el mango a su hombre, avanzó hacia ella. Y a punto de cometer el crimen desistió. Sabía bien lo que se sentía.
Silence. Le couteau attrapa son homme par le manche, avança vers elle. Et, juste au moment de commettre le crime, il renonça. Il savait parfaitement ce que l'on ressentait.

*

En media hora le había comido un caballo y un peón. El estanciero lo denunció y le imputaron abigeato y homicidio premeditado.
En une demi-heure, il lui avait mangé un cavalier et un pion. Le fermier le dénonça et il fut inculpé pour vol de bétail et homicide prémédité.

*

En nochebuena el mago cenó un lechón que sacó de la galera. El 26 ayunó en la seccional. El 27 ya tenía seguras 3 comidas diarias en el Comcar.
Le soir de Noël, le magicien mangea un cochon de lait qu’il sortit de son chapeau. Le 26, il jeûna au commissariat. Le 27, il avait réussi à s’assurer trois repas par jour en prison.

Projet Justine / Elena – texte 64

Mi sangre llegará al río

Estás en el borde de la tierra, de cara al puente que atraviesa el abismo.
Hacés un paso, tus pies se apoyan sobre un trozo de madera vieja, angosta. Después de esa madera hay un hueco; y otra madera y otro hueco y otra madera. No podés ver porque es de noche y esta noche no tiene luna. Sujetas las manos a las cadenas que corren paralelas a tu cuerpo y comenzás a cruzar el puente; mientras, oís un murmullo, sabés que lo produce el río que corre abajo, en el fondo del abismo.
Avanzás, despacio, apoyando con cuidado los pies, de madera en madera, aferrado a las cadenas. Con cada paso la estructura se balancea, tus piernas tiemblan, se aflojan.
La temperatura es baja pero vos sudás, la ropa húmeda te provoca escalofríos. Una de tus manos resbala, la cadena te corta la palma. Querés ver la herida pero tus dedos regresan veloces a cerrarse sobre el mamotreto oxidado. Tu sangre corre por la cadena, cae, se hunde en el precipicio.
—Mi sangre llegará al río —decís.
Tu voz suena extraña, suponés que fue otro el que habló. Girás la cabaza y sólo ves pedazos de tablas perdiéndose en la oscuridad. Dudás, no sabés si ibas en la dirección que apunta tu pecho o tu cara.
—Es lo mismo —decidís, y continuás avanzando.
Cadenas, tablas, huecos, negrura, calma.
Silencio.
Ya no oís el río.
—El río se llevó toda mi sangre y ahora me sobra piel: su maza pegada al esqueleto me agobia. Quisiera ser una entidad formada sólo por músculos, no, los músculos se agarrotan con el frío, mejor ser un ojo. Mejor aún, una mirada. Las miradas atraviesan espacios vacíos sin sufrir. Una mirada. O un grito.
Hacés equilibrio. Soportás el vértigo, la nausea que provoca el vaivén del puente, los agujeros.
Llegás a la orilla.
Es la orilla de otro puente.

Traduction temporaire :

Mon sang rejoindra le fleuve

Tu es au bord de la terre, face au pont qui traverse l'abîme.
Tu fais un pas, tes pieds s'appuient sur un morceau de bois, vieux, étroit. Après ce morceau de bois, il y a un trou, suivi d'un autre morceau de bois, d'un autre trou et d'un autre morceau de bois. Tu ne peux rien voir parce qu'il fait nuit, une nuit sans lune. Tu rives tes mains aux chaînes qui courent, parallèles à ton corps, et tu commences à traverser le pont ;tu entends alors un murmure, tu sais qu'il est produit par le fleuve courant en contrebas, au fond de l'abîme.
Tu avances, en douceur, les pieds prudemment posés sur un morceau de bois après l'autre, arrimé aux chaînes.
À chacun de tes pas, la structure se balance, tes jambes tremblent, flanchent.
La température est basse, mais tu transpires. À cause de tes vêtements humides, tu frissonnes. L'une de tes mains glisse, la chaîne entaille ta paume. Tu veux voir la blessure, mais tes doigts reviennent rapidement se fermer sur le piège rouillé. Ton sang coule le long de la chaîne, tombe, sombre dans le précipice.
— Mon sang rejoindra le fleuve, affirmes-tu.
Ta voix est bizarre, tu te dis que c'est quelqu'un d'autre qui a parlé. Tu tournes la tête et tu ne vois que des morceaux de planches se perdre dans l'obscurité. Tu hésites. Tu ne sais pas si tu allais dans la direction indiquée par ton cœur ou celle indiquée par ta tête.
— C'est pareil, décides-tu, et tu continues d'avancer.
Chaînes, planches, trous, noirceur, calme.
Silence.
Tu n'entends plus le fleuve.
— Le fleuve a emporté tout mon sang, et maintenant, j'ai un excédent de peau : sa masse collée à mon squelette me gêne. Je voudrais être une entité formée uniquement de muscles, non, les muscles se raidissent sous l'effet du froid. Mieux vaut être un œil. Mieux encore, un regard. Les regards traversent des espaces déserts sans souffrir. Un regard. Ou un cri.
Tu gardes l'équilibre. Tu endures le vertige, les nausées provoquées par le va-et-vient du pont, les trous.
Tu atteins la berge.
La berge d'un autre pont.

Projet Justine / Elena – texte 63

Amantes

Estamos sobre la colina, al sol. De cara al mar.
Celebrando.
Acaricio su cuello, ciño mis muslos a su cuerpo.
La gente que está abajo, en la playa, levanta la vista, nos señala.
Me aferraría aún más a él si pudiera. Por deseo no, por rebeldía supongo.
Los veo preparar sus cámaras fotográficas, subir la sierra.
Vienen hacia nosotros.
Este grupo trae un guía. El guía habla con voz chillona y explica obviedades: que estamos hechos en mármol, que yo soy una diosa que mi compañero un cisne, que lo monto como a un caballo.
El hombre no tiene precisiones. Tal vez soy Afrodita. Quizá nos esculpieron hace 2400 años.
—Nadie sabe cuánto más podremos disfrutar esta belleza —termina diciendo—, por el problema de la lluvia ácida— aclara.
Los turistas se aburren. Toman algunas fotos, con descuido, apuradas. Y regresan a las olas.
El guía se demora un par de minutos a nuestro lado. Cuando cree que nadie lo observa, me acaricia.
Su sudor se pega a mis labios.
Me mira a los ojos. Con mirada firme. Precisa. De lobo.
—2400 años, miserable cantidad de tiempo para una diosa —estimo—, pero estoy cansada. De lobos y de cisnes. Te agradezco, lluvia ácida.

Traduction temporaire :
Amants

Nous sommes sur la colline, au soleil. Face à la mer.
Célébrant notre rencontre.
Je caresse son cou. J'enserre son corps avec mes cuisses.
Les gens qui sont en contrebas, sur la plage, lèvent les yeux, nous désignent du doigt.
Je m'agripperais davantage à lui si je pouvais. Par désir, non, par rébellion, je suppose.
Je les vois préparer leurs appareils photos, gravir la montagne.
Ils viennent vers nous.
Il y a un guide à la tête de ce groupe. Il parle avec une voix criarde et explique des évidences : que nous sommes taillés dans le marbre, que je suis une déesse, et mon compagnon, un cygne, que je monte tel un cheval.
L'homme n'a pas davantage de précisions. Peut-être suis-je Aphrodite. Peut-être nous a-t-on sculptés il y a 2400 ans.
— Personne ne sait combien de temps encore nous pourrons admirer cette beauté, finit-il par dire, à cause de la pluie acide, ajoute-t-il. Les touristes s'ennuient. Ils prennent quelques photos, sans faire attention, à la hâte. Puis, regagnent les vagues. Le guide s'attarde quelques minutes à côté de nous.
Quand il croit que personne ne l'observe, il me caresse.
Sa sueur se colle à mes lèvres.
Il me regarde dans les yeux. Avec un regard résolu, déterminé. De loup.
— 2400 ans, un misérable laps de temps pour une déesse, estimé-je, mais je suis lasse. Des loups et des cygnes. Je te remercie, pluie acide.

Projet Justine / Elena – texte 62

Alimaña

Te caés. Te estrellás contra el suelo. Te quedás allí, tendido boca arriba. Inmóvil.
Tenés la silla al alcance de tu mano. Podrías ayudarte con esa silla, pararte. Pero estás acostado, en el piso, y toda ayuda te parece lejana.
Una araña se acerca. Podrías atacarla.
Matarla podrías.
Se detiene junto a tus ojos. Observás su redondez peluda.
Trepa por tu hombro. Te atraviesa. Una y otra vez. Va y viene. Diez veces. Mil veces. Tras su paso queda una sustancia semitransparente, opaca; un hilo frío, húmedo, pegajoso. Trabaja sin descanso.
Te está enredando; atando.
Vos, agotado en tu quietud. Quisieras saber cuándo y dónde dará por finalizada la red.
En tu cuello, sus patas viscosas. Siempre le tuviste miedo a los bichos.
Abrís la boca. Cualquiera creería que estás —por fin—, dispuesto a gritar “¡basta!”.
Entonces ella se apura y te muerde la lengua.

Traduction temporaire :
Nuisible

Tu tombes. Tu te fracasses contre le sol. Tu restes là, allongé sur le dos. Immobile.
Tu as la chaise à portée de main. Tu pourrais y prendre appui, te lever. Mais tu es couché, par terre et toute aide te paraît lointaine.
Une araignée s'approche. Tu pourrais l'attaquer.
Tu pourrais la tuer.
Elle s'arrête près de tes yeux. Tu observes sa rondeur velue.
Elle escalade ton épaule. Elle te parcourt. Encore et encore. Elle va et vient. Dix fois. Mille fois. Après son passage, il reste une substance semi-transparente, opaque ; un fil froid, humide, collant. Elle travaille sans relâche.
Elle est en train de te prendre dans sa toile ; de t'attacher.
Toi, à bout, dans ta quiétude. Tu aimerais savoir quand et où s'achèvera la toile.
Dans ton cou, ses pattes visqueuses. Tu as toujours eu peur des bestioles.
Tu ouvres la bouche. N'importe qui pourrait croire que tu t'apprêtes – enfin – à crier « assez ! ».
Alors, elle se dépêche et te mord la langue.

vendredi 30 décembre 2016

Projet Pauline M.G. – phrases 156-166

—Mi mamá se va a molestar, tengo que regresar a mi casa. ¿Quieres acompañarme? Me da miedo cruzar el río sola.
—No... no puedo. Tengo que encontrarme con alguien ahorita.
—Pero ya se está haciendo de noche. Me pueden asaltar.
—Oye,  no te hagas... ¿quieres que ahora te crea una señorita cuando ya sé que eres una callejera? Sabes caminar sola perfectamente. Así que no te voy a acompañar ni mierda. No me vengas con huevadas...

Traduction temporaire :
— Ma maman va se fâcher, il faut que je rentre. Tu veux m'accompagner ? J'ai peur de traverser le fleuve toute seule.
— Non... Je peux pas. Je dois retrouver quelqu'un maintenant.
— Mais, la nuit tombe. On pourrait m'agresser.
— Écoute, ne joue pas la... Tu veux que je te prenne pour une dame alors que je sais que tu es une fille de la rue ? Tu peux parfaitement te balader toute seule. Alors je ne vais pas venir avec toi ni rien, arrête tes conneries...

jeudi 29 décembre 2016

Projet Hélène / Audrey – phrases 107-108

El acoso verbal, las bolas de papel que caían sobre su cabeza o las frases insultantes escritas en la pizarra antes de que llegara la profesora eran el pan que Rutka se tragaba a diario en la escuela; pero aquel día, al terminar las clases, mis queridas compañeras dieron un siguiente paso contra ella. Yo presencié de lejos cómo Doris y sus secuaces le arrebataban a mi amiga su precioso libro de leyendas celtas (un ejemplar de filos dorados, con hermosas ilustraciones de duendes y dragones) que Rutka llevaba siempre en su mochila.

Traduction temporaire :
Le harcèlement verbal, les boulettes de papier qui pleuvaient sur sa tête ou les phrases d'insultes écrites au tableau avant l'arrivée du professeur étaient devenus le pain quotidien de Rutka à l'école ; mais ce jour-là, à la fin du cours, mes chères camarades franchirent un pas de plus. J'assistai de loin à la manière dont Doris et ses acolytes arrachaient des mains de mon amie son magnifique livre de légendes celtes (un exemplaire bordé de lignes dorées, comprenant de belles illustrations de lutins et de dragons) que Rutka avait toujours dans son sac à dos.

jeudi 22 décembre 2016

Projet Pauline M.G. – phrases 148-155

Se imaginó que esa chica era su hijita. Una hija bastante grande. Luego sin darse cuenta le acarició también los brazos,  despacio, lentamente, con paciencia. Y después las piernas y luego los dedos fluyeron hacia arriba, cada vez más, palpó las nalgas lentamente, luego el pubis sin un solo vello púbico. Se puso nervioso. Quiso hacerla hacia un lado para levantarse e irse corriendo. Pero en ese momento ella despertó.
— ¿Ha pasado mucho tiempo?
—No creo— le contestó él— todavía no oscurece del todo.

Traduction temporaire :
Il imagina que cette enfant était sa petite fille. Une fille plutôt grande. Puis, sans s'en rendre compte, il lui caressa aussi les bras, lentement, calmement, patiemment. Et ensuite les jambes, et ses doigts coururent plus haut, de plus en plus haut, il lui pelota doucement les fesses, le pubis, totalement dépourvu de poils pubiens. Il se sentit nerveux. Il voulut la pousser sur le côté pour pouvoir se lever et s'enfuir. C'est à ce moment là qu'elle se réveilla.
— Ça fait longtemps que je dors ?
— Pas vraiment, répondit-il, il ne fait pas encore complètement nuit.

Projet Justine / Elena – texte 61

Abandonados

“Eres el más gracioso de la tierra”
Juan de Dios Peza

Sin nostalgias, ni despedidas. Como alguna vez dijo que lo haría.
Se va del circo.
—Lo que buscás no está en esta carpa —le había dicho su madre cuando niño.
No más zapatones, sonrisa pintada, nariz roja. No más cachetazos fingidos. Ni reales.
Se demora unos instantes observando un recién llegado. Se trata de un pibe ojeroso, flacucho, tiene un cuenco lleno de avena en las manos. El cereal no es para el chico, sino para los caballos. Y bien lo sabe él, que sesenta años antes fue ese mismo chico.
—Se ha incorporado un nuevo miembro a nuestra gran familia circense —dirá por la noche el director. Y el público estará ahí, atendiéndolo.
El público. Vivir sin risas ni aplausos será duro.
Nadie lo ve alejarse. O lo ven todos, pero nadie pregunta.
No escucha la discusión que se ha iniciado entre los trapecistas. Tampoco el rugido de las fieras, el estrépito de las jaulas, el látigo del domador. No quiere escucharlos.
Camina.
Tres kilómetros a campo traviesa.
Está oscureciendo cuando llega a la estación.
Respira entrecortadamente y las piernas apenas lo sostienen. Se sienta sobre una piedra pero permanece alerta, cada músculo en tensión, dispuesto a saltar en cuanto llegue la máquina. Dentro del puño, arrugados, sudados, los billetes para el pasaje.
La luna se eleva tras el horizonte. Su silueta encorvada se recorta como una roca.
La estación, derruida, habitada por alimañas. El techo, agujereado. Entre esas maderas, podridas y abombadas, un casal de palomas torcazas ha armado su nido.
Las vías, semiocultas bajo el pajonal.
Crecen yuyos entre los durmientes.
El payaso no recuerda su edad, más de setenta, seguro. Setenta y uno, Setenta y dos, quizá.
En sus oídos, el rechinar del tren que se acerca.

Traduction temporaire :

Abandonnés

« Tu es le plus drôle de la terre »
Juan de Dios Peza

Sans nostalgies, ni adieux. Comme il avait un jour assuré qu'il le ferait.
Il quitte le cirque.
— Ce que tu cherches n'est pas sous ce chapiteau, l'avait averti sa mère quand il était enfant.
Plus d'immenses chaussures, de sourire peint, de nez rouge. Plus de fausses gifles. Ni de vraies.
Il s'attarde quelques instants, observant un nouvel arrivant. 
Un gamin avec des cernes, maigrichon, une jatte remplie d'avoine dans les mains. Les céréales ne sont pas pour le garçon, mais pour les chevaux. Il le sait bien, lui, qui, soixante ans plus tôt, a été ce même garçon.
— Un nouveau membre a intégré notre grande famille du cirque, annoncera ce soir le directeur. Et le public sera là pour l'accueillir.
Le public. Vivre sans rires et sans applaudissements sera dur.
Personne ne le voit s'éloigner. Ou alors tout le monde le voit, mais personne ne pose la moindre question.
Il n'entend pas la dispute qui a commencé entre les trapézistes, pas plus que le rugissement des fauves, le vacarme dans les cages, le fouet du dompteur. Il ne veut pas les entendre.
Il marche.
Trois kilomètres à travers champs.
La nuit tombe quand il arrive à la gare.
Sa respiration est entrecoupée et ses jambes le soutiennent à peine. Il s'assied sur une pierre, mais reste en alerte, tous les muscles en tension, prêt à bondir dès l'arrivée de la machine. Dans son poing serré, les billets, froissés, trempés de sueur.
La lune s'élève au-delà de l'horizon. Sa silhouette courbée se détache tel un rocher.
La gare, détruite, habitée par des nuisibles. Le toit, troué. Au milieu de ces morceaux de bois pourris et bombés, un couple de pigeons ramiers a fait son nid.
Les voies, à demi cachées sous la verdure.
Des mauvaises herbes poussent entre les traverses.
Le clown ne se rappelle pas son âge, plus de soixante-dix ans, c'est sûr. Soixante et onze, soixante-douze peut-être.
Dans ses oreilles, le crissement du train.

mercredi 7 décembre 2016

Projet Justine / Elena – texte 60

Proclama

Atendiendo la advertencia del Colegio de Infectólogos, esta Asamblea Popular, voto compartido mediante, decide que sus miembros se abstendrán de alimentarse con:
—Animales que pueblan los tratados de mitología; sin importar las preguntas capciosas con las que nos engañan, la desproporción de fuerza a su favor de la que suelen servirse para sojuzgarnos, o los cantos melifluos con los que atraen nuestra ruina. Sin importar que ellos se alimenten de nosotros.
—Animales que medran como funcionarios del gobierno; sin importar las preguntas capciosas con las que nos engañan, la desproporción de fuerza a su favor de la que suelen servirse para sojuzgarnos, o los cantos melifluos con los que atraen nuestra ruina. Sin importar que ellos se alimenten de nosotros.

Traduction temporaire :

Proclamation

Compte tenu de la recommandation du Collège d'Infectiologues, cette Assemblée Populaire décide, par vote consultatif, que ses membres s'abstiendront de se nourrir de :
– animaux qui peuplent les traités de mythologie ; peu importe les questions captieuses avec lesquelles ils nous dupent, l'avantage qu'ils tirent d'une disproportion des forces, qu'ils ont l'habitude d'utiliser pour nous soumettre, ou les chants melliflus avec lesquels ils causent notre ruine. Peu importe qu'eux se nourrissent de nous.– Animaux qui en grandissant se muent en fonctionnaires du gouvernement ; peu importe les questions captieuses avec lesquelles ils nous dupent, l'avantage qu'ils tirent d'une disproportion des forces, qu'ils ont l'habitude d'utiliser pour nous soumettre, ou les chants melliflus avec lesquels ils causent notre ruine. Peu importe qu'eux se nourrissent de nous.

Projet Elena 13 – phrases 171-181

Un brain-zap. De ahí el retorcimiento a veces. Las sendas al borde del acantilado, de las que uno se resbalaba pa caer en abismos. Una vez me convertí nel bodi del mundo. Fui el mundo. Me fundí en las paredes, me entregué a los objetos, fui el insecto que nese momento cruzaba el techo de la habitación. Vi el mundo desde ojos boxelders. Ojos compuestos por miles de ventanas hexagonales. Ojos con lentes poderosos que me permitían anticipar el movimiento. La realidad se despedazaba ante mí, mas eso nostaba mal. No era más que la forma en que la percibía. Y me tiraba bajo una mesa porq’el brodi a mi lado se había convertido nun boxelder gigante que me perseguía pa atragantarse de mí.  

Traduction temporaire :
Un brain-zap. D'où, parfois, le tortillement. Les sentiers au bord de la falaise, de laquelle on glissait et on tombait dans les abîmes. Une fois, je suis devenue le body du monde. J'ai été le monde.Je me suis fondue dans les murs, livrée aux objets. À ce moment-là, j'ai été l’insecte qui traversait le plafond de la chambre. J'ai aperçu le monde à travers les yeux des boxelders. Des yeux composés de milliers de fenêtres hexagonales. Des yeux avec des lentilles puissantes qui me permettaient d'anticiper le mouvement. La réalité se délitait devant moi, mais ça n'était pas mal. Ça n'était que la manière dont je la percevais. Et je me jetais sous une table parce que le brother d'à côté était devenu un boxelder géant, qui me pourchassait pour s'étrangler en me gobant.

Projet Nathalie / Florence – phrases 122-126

La nota estaba grabada con la cámara de un celular. El audio era malo. Comenzaba con la toma de una plaza desde la ventana del departamento de Latte, donde se veían dos mastines en un subibaja. A medida en que se alejaba el zoom, aparecían en el cuadro el empapelado gris de las paredes, una lámpara de pie, y finalmente un sillón, en el cual estaba sentada, de frente a la cámara y con la cara atravesada por cicatrices, la mujer que había criado a Olaf, el líder de la rebelión.
Codesani anunciaba en off:

Traduction temporaire :
La vidéo avait été enregistrée avec la caméra d’un téléphone portable. Le son était mauvais. Au début, on découvrait ce que l’on voyait depuis la fenêtre de l’appartement de Latte : une place, avec deux mâtins sur une balançoire. À mesure que le zoom s’éloignait, apparaissaient dans le cadre le papier-peint gris des murs, un lampadaire, et pour finir un fauteuil, dans lequel était assise, face à la caméra et le visage recouvert de cicatrices, la femme qui avait élevé le leader de la rébellion, Olaf. Codesani annonçait en off :

mardi 6 décembre 2016

Projet Hélène / Audrey – phrases 105-106

Por ello nuestras charlas tenían lugar en mi casa, donde mi madre se acostumbró a recibir a «esa, tu amiguita tan rara», que tocaba el timbre todas las tardes con un libro en la mano y que, aunque fuera de noche cuando se marchaba, se negaba rotundamente a que la acompañaran de regreso. Pero una tarde, Rutka no llegó a visitarme, pues al salir de la escuela había sido objeto de una crueldad especialmente dolorosa.

Traduction temporaire :
Voilà pourquoi nos conversations avaient lieu chez moi, où ma mère prit l'habitude de recevoir « elle, là, ton amie si bizarre », qui sonnait tous les après-midi, un livre à la main, et qui refusait catégoriquement qu'on la raccompagne bien qu'il fasse nuit quand elle partait. Mais un jour, Rutka ne vint pas me rendre visite : en sortant de l'école, elle avait été l'objet d'une cruauté particulièrement douloureuse.

Projet Chloé T. – micros série 2

Días oscuros se cruzan en mi mente. La felicidad se mantiene. Es esta contrariedad que me avanza y solo un asomo a la superficie me permite sostenerme.
Des jours sombres se mêlent dans ma tête. Le bonheur demeure. C’est cette contrariété qui m’envahit et seule une apparition à la surface me permet de tenir.

*

Me dices que soy bueno, fuerte, valiente, especial, único, todo un Superman. Un día me vas a convencer de ello, con tu mirada de kryptonita verde.
Tu me dis que je suis bon, fort, courageux, spécial, unique, un vrai Superman. Un jour, tu vas m’en convaincre, avec ton regard de kryptonite verte.

*

La puñalada fue repentina, el joven mortalmente herido miró a su hermano sin entender... El asesino había heredado la tierra...
Le coup de poignard fut soudain ; mortellement blessé, le jeune homme regarda son frère sans comprendre… L’assassin avait hérité de la terre…

*

Todo el que leía ese texto moría. Los analfabetos y unos pocos ciegos caminaban al sol. Aparté mi vista de la ventana y me puse los lentes.
Tous ceux qui lisaient ce texte mourraient. Les analphabètes et une poignée d'aveugles marchaient au soleil. J’éloignai mon regard de la fenêtre et mis mes lunettes.

*

No siempre hay viento. A veces los árboles se agitan por cuestiones del momento.
Il n’y a pas toujours du vent. Parfois, les arbres s’agitent pour un oui ou pour un non.

*

En las noches camperas con buena programación estelar, los grillos fascinados, callan.

À la campagne, lors des soirées proposant une bonne programmation stellaire, les grillons se taisent, fascinés.


*

Para saber si los dioses me prefieren revolucionario o conformista, compro números de lotería. Si gano, me quieren conformista antirrevolucionario.
Pour savoir si les dieux me préfèrent révolutionnaire ou conformiste, je joue au loto. Si je gagne, c’est qu’ils veulent que je sois conformiste antirévolutionnaire. 

Projet Elsa 2 – phrases 61-63

El soporte cinético en el que iba el científico levantó un enorme brazo tubular a modo de saludo y los apéndices servomecánicos que hacían las veces de dedos se agitaron alegremente. El avatar de Nubai brillaba en el centro del cefalotórax de titanio, mostrando a un joven de tez oscura y amable que lucía una sedosa melena negra. Leila no pudo evitar imaginar el verdadero rostro del hombre, probablemente una arrugada y calva cabeza de ojos ciegos, muy similar a la suya.

Traduction temporaire :
Le support cinétique qui transportait le scientifique leva un énorme bras tubulaire pour saluer et les appendices servomécaniques qui lui servaient de doigts s’agitèrent joyeusement. L’avatar de Nubai brillait au centre de son céphalothorax de titane, montrant un aimable jeune homme au teint foncé et à la soyeuse chevelure noire. Malgré elle, Leila imagina le vrai visage de l’homme, un crâne probablement chauve et fripé, des yeux aveugles ; très semblable au sien.

vendredi 2 décembre 2016

Baisse de régime

Ne vous inquiétez pas de mon absence de ces jours-ci ; j'ai énormément de travail et très peu de temps pour Tradabordo. Mais ça ne va pas durer. Je suis bientôt de retour et nous allons pouvoir reprendre nos activités.

Projet Justine – micros série 1

Cuando el peón llega a dama, el rey no sabe que hacer para disimular su desconcierto.
Quand le pion arrive à la hauteur de la dame, le roi ne sait pas quoi faire pour dissimuler son trouble.

*

Cuentan que en realidad los enanitos en el comienzo de su carrera eran ocho. A Pulgarcito, el relegado, Blancanieves lo desafectó por falta de estatura.
On raconte qu'au début de leur carrière, les nains étaient en réalité huit. Blanche-Neige se sépara de Tom Pouce, le banni, en raison de sa trop petite taille.

*

Cuando llueve, los ángeles desparraman charquitos por todos lados, así, los adultos muy ocupados pueden mirar el cielo sin levantar la vista.
Quand il pleut, les anges versent des petites flaques partout, afin que les adultes très occupés puissent regarder le ciel sans lever les yeux.

*

Si lo aprietas demasiado es lo mismo pájaro en mano que 100 volando.
Si tu la cuis trop, une truite dans la marmite ne vaut pas plus que deux saumons dans la rivière.

*

Oscuridad. El corazón me dejaba de latir. Vi una luz blanca al final del túnel. Me sentí feliz. Había llegado a 8 de octubre.
Obscurité. Mon cœur cessait de battre. J'ai vu une lumière blanche au bout du tunnel. Je me suis senti heureux. J'étais arrivé au 8 octobre.

Traduction en cours d'élaboration dans les commentaires

Projet Justine / Elena – texte 59

Especie dominante


Engancha las zarpas delanteras en la baranda del balcón y observa la migración anual de los humanos. Antes era un espectáculo formidable verlos subir por la avenida Chacabuco trotando, la piel lustrosa, cientos de miles como un solo hombre, en dirección al parque; sin embargo, y a pesar de la prohibición de caza que decretó el gobierno, cada año el número de presas —no se acostumbra a denominarlos de otra forma— disminuye. Ninguno carga una cría en su espalda y tampoco, según parece, hay hembras preñadas. Sólo se trata de unos pocos especímenes viejos, o tempranamente avejentados, que arrastran los pies.
Aburrido, da media vuelta, entra al departamento y enciende el televisor.

Traduction temporaire :

Espèce dominante

Il plante les griffes de ses pattes de devant dans la balustrade du balcon et observe la migration annuelle des humains.
Avant, c’était un formidable spectacle de les voir monter la Avenida Chacabuco au trot, la peau brillante, des centaines de milliers avançant comme un seul homme en direction du parc ; cependant et malgré l’interdiction de chasse décrétée par le gouvernement, chaque année, le nombre de proie – il ne s'habitue pas à les désigner autrement – diminue. Aucune ne porte un gamin sur son dos et apparemment, il n’y a pas non plus de femmes enceintes. Il ne s'agit que de quelques vieux spécimens, ou prématurément vieillis, qui traînent des pieds.
Las, il fait demi-tour, entre dans son appartement et allume la télé.